Le chômage est, à juste titre, une véritable bombe à retardement. Ce dossier épineux donne des sueurs froides au gouvernement qui, édifié par les dernières émeutes qui ont éclaté un peu partout dans le pays au début du mois de janvier dernier, tente de reprendre la main en révisant ses politiques en matière de lutte contre le chômage et, par voie de conséquence, de favoriser la promotion de l’emploi.
L’exécutif est ainsi mis en demeure de trouver au plus vite des solutions pratiques en vue de favoriser la création d’un nombre considérable de postes d’emploi au profit des jeunes qui font chaque jour qui passe preuve de patience. En atteste le maintien çà et là de quelques foyers de tension où les jeunes, avec ces actions de protestation rappellent aux responsables l’urgence de la prise en charge de leurs préoccupations.
Somme toute, le gouvernement, contraint par cette poussée, a engagé une véritable course contre la montre pour satisfaire autant se faire que peut cette forte demande qui va chaque jour crescendo. Le président de la République a, en tout cas, instruit le gouvernement lors du dernier Conseil des ministres d’élaborer un nouveau plan à même de permettre de corriger les formules déjà à l’œuvre ou d’initier carrément de nouvelles formules et de niveaux dispositifs.
Et en attendant la mise en œuvre du nouveau programme de l’emploi, qui sera connu avant la fin du mois en cours comme l’a annoncé le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, les différentes institutions de l’Etat se sont d’ores et déjà mises en branle pour parer au plus pressé.
Ainsi, dans de nombreuses wilayas du pays, des caravanes pour l’emploi ont entamé des tournées dans les différentes communes et localités, pour expliquer aux jeunes les différents dispositifs mis en place par l’Etat, mais surtout pour convaincre les jeunes de la nécessité d’adhérer à ces formules en vue de créer leur propre emploi.
Ces campagnes de sensibilisation, qui toucheront aussi les jeunes universitaires et qui seront animées par des représentants de différentes agences de soutien à l’emploi et à la création de micro entreprises, ne manqueront pas aussi de cibler les femmes aux foyers.
En filigrane de cette campagne il ressort clairement que le gouvernement admet que les multiples dispositifs existants, souvent annoncés en grande pompe par les pouvoirs publics, souffrent de limites et de carences et n’ont pu accomplir les missions pour lesquels ils ont été créés.
Le président de la République lui même a admis la nécessité d’apporter les correctifs qui s’imposent en vue d’insuffler une nouvelle dynamique à ces dispositifs dont entres autres, celui relatif au pré-emploi pour les universitaires.
Et dire que quelques jours seulement avant la tenue du Conseil des ministres, le 2 février dernier, le ministre du Travail, Tayeb Louh, annonçait du haut de la tribune de l’APN, sur un ton triomphaliste de surcroît, des chiffres éloquents sur la création de l’emploi. Ainsi selon le ministre quelques 530.917 jeunes ont été recrutés en 2010 dont 130.000 diplômés universitaires. Autant dire que c’est une grande performance.
Donnant plus de détails Tayeb Louh a précisé, après avoir noté au passage le recul du taux de chômage à hauteur de 10%, que parmi les postes d’emploi créés, 60.133 ont été créés à travers l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ), 15.804 par la Caisse nationale d’assurance chômage (CNAC) et 181.839 emplois créés dans le cadre de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM). Mais le ministre ne s’est pas empêché de dire qu’il y a une forte pression des demandeurs d’emploi puisque chaque année 120.000 diplômés des universités arrivent sur le marché de l’emploi.
La montée de la contestation a aussi poussé les pouvoirs publics à « innover » comme ce fut le cas pour la signature, il y’a quelques jours seulement, d’une convention de partenariat entre le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et des organismes publics portant sur la création d’emplois et d’opportunités de travail pour les universitaires.
Selon les modalités, cette convention porte sur la création d’un consortium de partenariat entre les universités et les centres de recherche d’un côté et des organismes sociaux et économiques des différents secteurs professionnels, d’avoir une représentation au niveau des universités et des centres de recherches qui offrira aux universitaires un soutien matériel et technique dans la réalisation de leurs projets.
Le ministère du Travail a aussi réactivé la commission nationale de promotion de l’emploi qui est également chargée de l’étude et de l’évaluation de la mise en œuvre du plan d’action pour la promotion de l’emploi et la lutte contre le chômage.
Et c’est sans doute cette commission qui va élaborer le nouveau plan d’action qui sera soumis au prochain Conseil des ministres. Mais en attendant de lever le voile sur ce programme, les pouvoirs publics ont donné des instructions tous azimuts pour alléger au maximum les dispositifs existants et de faciliter l’accès aux crédits bancaires qui constituait un obstacle majeur pour les jeunes promoteurs.
Il sera certainement question d’alléger encore plus les charges fiscales des employeurs pour les inciter à recruter davantage. Autant dire qu’il s’agit d’un train de mesures avec lequel le gouvernement, qui a mobilisé pour ce faire toutes les institutions, compte répondre aux incommensurables attentes du marché de l’emploi et d’apaiser le front social.