À la découverte d’une des nombreuses associations de motards qui sillonnent nos routes: Live To Ride, ou vivre pour rouler en sécurité

À la découverte d’une des nombreuses associations de motards qui sillonnent nos routes: Live To Ride, ou vivre pour rouler en sécurité

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Les deux-roues ont le vent en poupe. On en voit de plus en plus sur nos routes, et il faut avouer qu’ils sont pratiques à bien des égards. Mais les motards traînent depuis longtemps une mauvaise réputation, que certains groupes tentent de combattre tant bien que mal. Live To Ride est une association de motards que nous avons décidé de suivre lors d’une de ses sorties du vendredi. Nous vous emmenons avec nous dans le monde de la moto, le temps d’une journée et de 200 kilomètres de balade.

Vendredi, 9h du matin, les routes sont vides. La grande majorité des Algériens est à la maison, bien au chaud. Sur la route, la température est bien différente. Particulièrement lorsque vous êtes sur une moto, à l’épreuve des éléments.

Le lieu de rendez-vous est, comme souvent, une station-service au bord de l’autoroute. Cette fois-ci, direction l’est, d’où le choix de la station de Hammadi comme lieu de ralliement. Il y a déjà une bonne douzaine de motos, et une bonne douzaine de motards, dont la plupart arborent fièrement un gilet en cuir noir marqué «Live To Ride». Vivre pour rouler. On comprend un peu mieux ce qui les pousse à braver ces températures peu amicales à bord de leurs montures. Certains font le plein en prévision de la balade du jour.

De loin, avec leur équipement et dans les discussions, on croirait que tous se connaissent depuis belle lurette. Faux! Certains se connaissent depuis 10 ans ou plus, d’autres n’ont rejoint le groupe que depuis quelques jours. Briefing, la destination du jour s’appelle Tizi Oujaboub, à la limite entre les wilayas de Bouira et de Tizi Ouzou. Après quelques courtes conversations et chaleureuses accolades, chacun rejoint sa belle. Il est 9h30, l’heure du départ a sonné. Nous sortons l’un derrière l’autre, et roulons au pas jusqu’à ce que tous aient rejoint l’autoroute. Bien que le soleil soit de plus en plus haut, il n’y a que les coeurs qui se soient réchauffés après les retrouvailles. Sur une moto, à la vitesse maximum autorisée, le froid est glacial. Sur l’autoroute, nous roulons deux par deux dans une discipline impeccable. Un sentiment de fraternité se dégage. Les collines de Larbaâtache accueillent les usagers de la route dans un vert éclatant. On croirait presque regarder une prairie suisse. Arrivés aux tunnels, le bruit des motos, pas loin d’atteindre la vingtaine, est insupportable. Premier arrêt à la station de Lakhdaria, le temps que d’autres motards nous rejoignent. Les accolades sont franches et les discussions autour d’un café vont bon train. Le nombre de motos atteint 23 à l’heure du départ de la station. Le mercure refuse de monter. Il se met même à baisser en guise d’altimètre quand l’ascension vers Tizi Oujaboub commence.

Une chaleur fraternelle

Au détour d’un énième virage, une forêt de pins se profite en bord de route. Nous sommes arrivés à destination. Les motos garées, il est grand temps de s’accorder une pause bien méritée. Piloter une moto n’est pas de tout repos! Tous s’allongent et s’émerveillent devant le panorama.

Le seul hic, et tous l’ont remarqué, personne n’a pensé au déjeuner! De plus, il est bientôt midi. C’est la voiture qui accompagne le groupe qui redescend pour s’en occuper. Le groupe se divise en sous-groupes selon les affinités. Quand on leur demande de parler du groupe, tous le font avec affection. «Live To Ride, c’est l’esprit d’équipe», lance Lotfi, un membre du groupe. «Si quelqu’un s’arrête au bord de la route, tout le groupe s’inquiète, même si c’est seulement pour parler au téléphone», ajoute-t-il. Toufik est d’accord avec lui, «Ce qui importe le plus dans le groupe, c’est la fraternité et l’organisation», dit-il avant d’être interrompu par Hakim qui lance «on ne se sent pas étranger en arrivant dans le groupe, même le premier jour!».

Hakim est un des membres les plus anciens et les plus assidus, bien qu’il n’ait pas de moto actuellement. Kamel nous confirme que pour faire partie du groupe, il ne faut pas forcément posséder une moto. «Certains viennent en voiture. Ils viennent car ils aiment l’ambiance et l’esprit. Pourquoi les empêcherait-on de venir avec nous?», explique-t-il en ajoutant, non sans un grain d’humour, «c’est d’ailleurs grâce à eux que nous avons à manger». Il conclut en nous expliquant que «chacun a quelque chose à apporter au groupe». Quant au choix du groupe, Lotfi nous explique que malgré tout, «il y a plusieurs groupes de motards, mais aucun n’est organisé et discipliné comme les Live To Ride». «Je me sens comme un vrai motard quand je roule avec eux», ajoute-t-il. Abdelkader, jeune retraité, a, lui, «trouvé l’esprit motard authentique au sein de ce groupe».

Une association aux multiples facettes

Toufik nous explique le but de l’association, qui consiste en «la sensibilisation à la sécurité routière, au port des équipements de sécurité», ainsi que de «découvrir et faire découvrir l’Algérie». Abdou, membre fondateur du CSA, Club sportif amateur, dont Live To Ride est une branche, nous explique. «Tout a commencé en 2008. Nous étions une bande d’amis passionnés de moto.» Jusqu’au jour où tout a basculé en juillet 2015. «Un des quatre membres est mort dans un accident de la route. C’était Semmar Yazid, Allah yerahmou.» Lors de l’enquête, il avait été automatiquement considéré comme fautif, car il était à moto. «C’est à partir de là que nous avons décidé de sensibiliser les gens à la sécurité routière, tout en faisant changer l’image que la société a des motards», dit-il non sans émotion. «Les motards ont une réputation de voyous, de marginaux, à cause de certains d’entre qui roulent dangereusement et sans l’équipement adéquat», regrette-t-il. Mais il s’offusque que «certains roulent en claquettes!». La bande de copains passionnés qui s’est agrandie avec le temps, a décidé alors, d’entreprendre des démarches afin de devenir une association agréée. «Nous avons reçu l’agrément en avril 2018 après 2 ans de démarches», nous apprend Abdou.

La bande de copains

Comme expliqué par Toufik, parmi les buts de l’association se trouve la découverte de l’Algérie. «Nous allons partout en Algérie, que ce soit à la mer, à la montagne ou dans le désert», dit Abdou en se félicitant du retour de la sécurité dans les quatre coins du pays. «Nous sommes allés à des endroits dont seule l’évocation du nom fait trembler certains, à cause du terrorisme et de la décennie noire», ajoute-t-il. Ces endroits incluent Zberber, le barrage de Ghrib ou encore là où nous sommes aujourd’hui à Tizi Oujaboub. «Nous avons un beau pays, en plus il est sécurisé aujourd’hui. J’appelle la population à aller à sa découverte!», conclut Abdou.

Voilà une journée passée aux côtés des membres de Live To Ride. Parfois, ces derniers sortent accompagnés de leurs femmes et enfants et poussent plus loin le concept de famille et de fraternité entre ces passionnés de moto.

Parfois aussi, les sorties ne se limitent pas à la journée du vendredi, et s’allongent en week-end et durent parfois même jusqu’à une semaine. Ce qui se dégage du groupe est un sentiment de confiance et une envie de revenir avaler quelques kilomètres en découvrant le pays en leur compagnie.