Plus de deux mois après leur qualification historique au Mondial 2010, qualification qui intervient après vingt-quatre années de disette, l’équipe nationale algérienne retrouvera sur son chemin l’Egypte, avec comme enjeu une place en finale de la 27e édition de la CAN-2010 qui se déroule en Angola.
Après chaque match gagné par l’équipe nationale de football, joueurs, entraîneur et président de la FAF affirment que la victoire est une preuve que l’Algérie mérite sa qualification en Coupe du monde. Ces déclarations sont en fait des réponses aux Egyptiens qui, en mauvais perdants, auront utilisé tous les moyens pour ternir la qualification de l’équipe nationale arrachée un certain 18 novembre 2009 à Khartoum, lors du match-barrage ayant opposé l’Algérie et l’Egypte.
La calomnie, la diffamation, les injures et toutes les insanités lâchées par les Egyptiens (médias, institutions et officiels) ont terriblement affecté l’ensemble des Algériens sans exclusive, notamment les joueurs qui, à chaque fois, tentent de prouver qu’ils ont arraché leur qualification en Coupe du monde sur le terrain et de haute lutte. Cette Coupe d’Afrique des nations sera ainsi une occasion pour les Ziani, Halliche et autre Antar Yahia de confirmer leur supériorité sur ces Egyptiens qui les ont dénigrés et taxés de tous les noms d’oiseaux.
Après que leur sang eut coulé au Caire le 14 novembre dernier, les héros d’Oum Dermane sont ainsi appelés à mettre un terme aux invectives des Egyptiens qui ne les lâchent pas : en témoignent les commentaires jubilatoires, voire moqueurs des médias égyptiens après la défaite de l’Algérie devant le Malawi, au premier match du premier tour de la CAN.
Les joueurs sont ainsi investis d’une mission pour honorer toute une patrie, tout un peuple, quand on se rappelle des déclarations des artistes égyptiens, pourtant accueillis avec faste en Algérie, ou de ces avocats et autres juristes égyptiens ayant brûlé le drapeau algérien, sans oublier les atteintes portées aux martyrs de la glorieuse Révolution algérienne. Les joueurs ont certainement en mémoire la joie ayant envahi tout le pays après la victoire d’Oum Dermane. Ce fut une deuxième fête de l’Indépendance.
Les héros d’Oum Dermane et les vaillants guerriers de Cabinda ont ainsi cette lourde mission de préserver l’honneur et la dignité de tout un peuple, toute une nation !
Il ne faut pas se le cacher : quel quesera le résultat final du match Algérie-Egypte de jeudi, il laissera des traces durables dans les deux camps, chez les deux peuples. Deux alternatives se poseront aux deux pays : un divorce douloureux ou une réconciliation définitive qui résistera aux épreuves du temps.
A bien y réfléchir, pourquoi la rencontre de jeudi ne serait-elle pas l’occasion de jouer au football, et rien que le football ? Pourquoi ne serait-elle une rencontre sportive qui, comme le dicte l’esprit sportif, sert à magnifier les retrouvailles, à raviver la fraternité et la solidarité ?
La compétition sportive n’est pas la guerre. C’est tout le contraire. Depuis l’origine, depuis Athènes et les jeux d’Olympie, la compétition sportive a été inventée pour contenir l’affrontement et la violence.
Qui empêche les ambassadeurs algérien et égyptien accrédités à Luanda (Angola) d’assister à la demi-finale de Dame Coupe d’Afrique, côte à côte dans la tribune officielle, et de féliciter les deux équipes à la fin du match, quel que soit le résultat ?
Le politique, qui envahit le monde du football sans retenue aucune, est-elle capable de se réhabiliter, un minimum, par… le foot ? Parce que les joueurs des deux équipes, eux, se salueront au départ du match et à la fin. Qu’ils perdent ou qu’ils gagnent, les grands sportifs se congratulent parce qu’ils savent que si le résultat compte, le spectacle qu’ils offrent aux supporters et au reste du monde est tout aussi important.
Les Algériens ont plébiscité leur équipe nationale de football comme le premier parti politique algérien. Ils n’ont pas tort, tant les partis politiques déçoivent par leur étroitesse de vue et leur manque de conviction dans les capacités du peuple à bâtir un grand pays. L’équipe nationale de football leur démontre que c’est possible, dès lors que l’engagement et la foi en une mission sont assimilés et intronisés au plus profond de soi.
Pour tout dire, ce n’est pas la victoire du team algérien sur celui égyptien au Soudan qui a créé le climat malsain et dangereux pour les deux pays. C’est, comme il a été clairement démontré, le pouvoir politique égyptien, relayé par ses serviteurs dans les médias.
A leur corps défendant, les joueurs des deux équipes n’ont fait que jouer au football dans un match décisif. Bien sûr, on sait tout cela, mais la crainte est grande que la rencontre de jeudi ne soit une nouvelle fois utilisée d’abord par le pouvoir égyptien, notamment la famille des Moubarak, pour en finir avec ce qui reste de la relation cordiale avec l’Algérie. C’est tout le piège que doivent éviter les Algériens, gouvernant, peuple et… médias.
Nous sommes en devoir de garder toute notre lucidité en ces moments d’exceptionnelle ferveur populaire autour du sort de l’équipe nationale de football. Et de grâce, n’allons pas chercher les raisons de la victoire ou de la défaite 1.000 ans en arrière sur qui a fondé Le Caire, ou plus grave encore, qui a fait perdre les guerres de 1967 et 1973 contre Israël !Comment alors expliquer à nos enfants toutes nos autres défaites, à commencer par celles contre le sous-développement, le régionalisme et notre incapacité à bâtir la moindre des solidarités ? Que la cause de tout cela est un match de football !?
Et puis les 22 acteurs de terrain, doit-on leur imposer en plus de l’angoisse de l’enjeu du match, celle de l’histoire de nos peuples, histoire qui, elle aussi, est otage des pouvoirs politiques successifs en Egypte comme en Algérie. La plus grande victoire de jeudi ne peut être que celle d’un retour à la raison des politiques égyptiens et qu’ils reconnaissent que dans une compétition sportive, il y a forcément un gagnant et un perdant. Et qu’il y aura bien d’autres occasions de rencontres sportives de tous genres, et que ce sera toujours ainsi. Que le meilleur gagne !