A deux mois des législatives,Les opportunistes s’invitent dans les listes électorales

A deux mois des législatives,Les opportunistes s’invitent dans les listes électorales

Les sièges de l’APN font rêver. Ils font courir. Leurs privilèges donnent faim

La tentative d’empêcher les analphabètes de se porter candidats ayant échoué, celle visant les opportunistes va-t-elle aboutir?

Le maire d’une commune perdue dans le sud de la wilaya de Tizi Ouzou veut postuler à la députation à l’occasion des élections législatives du 10 mai prochain. Il a présenté son dossier à la mouhafadha FLN qui n’a pas encore arrêté la liste définitive des candidatures. La nouvelle a circulé comme une traînée de poudre dans cette commune. Les habitants sont sidérés: comment un maire qui n’a pas géré convenablement sa commune veut-il devenir député? Cette commune a été bloquée à cinq reprises en l’espace d’une année par les habitants d’un village, qui n’ont pas arraché grand-chose. Il s’agit d’un exemple qui n’est certainement pas l’unique à travers le pays où d’anciens élus ayant montré leurs limites dans la gestion, veulent siéger encore à l’APN.

C’est là une image de ce que sera la composante des listes électorales en lice pour ces législatives. Alors que des partis politiques, des organisations de la société civile et des intellectuels appellent au boycott de ces élections, une race de candidats ressurgit.

C’est que les sièges de l’APN font rêver. Ils font courir. Leurs privilèges donnent faim. Ils provoquent la soif. Un salaire de base de 27 millions de centimes, des indemnités, une prime de fin de mandat et tous les privilèges aussi bien moraux que matériaux, ça ne pourrait faire autre effet que celui de rêver.

Dans son tumulte, ce rêve emporte toutes les autres considérations. La course n’est plus loyale. L’engagement politique n’a plus de place. Ça devient une affaire électoraliste et non électorale.

Et les opportunistes et les analphabètes polluent davantage le jeu politique déjà parasité, biaisé et dégradé. Mais là où les citoyens sentent que le bât blesse, c’est de voir des élus locaux qui ont démontré toute leur incompétences vouloir postuler à la députation. «C’est tout de même inique et irresponsable que de vouloir devenir député après avoir échoué à diriger une commune de quelques milliers d’habitants», s’offusque Farid D., militant associatif. Ce dernier plaide pour ramener le salaire du député au niveau du Smig et le priver de tous les privilèges pour que, dorénavant, seul ceux ayant un sens des responsabilités et du sacrifice se présentent aux élections législatives.

Dans un tel cas de figure, un candidat n’aura en tête que servir le peuple et le pays et non se servir d’un siège qui offre tout, sauf l’honneur dans un contexte où le pouvoir législatif est laminé par l’exécutif.

La question des analphabètes et des opportunistes qui se portent candidats préoccupe les citoyens au moment où le spectre de l’abstention plane et menace ces joutes électorales.

Une tentative de prise en charge du problème de l’analphabétisme des députés dans une disposition juridique fixant un certain niveau d’instruction pour tout candidat s’est heurtée au refus des partis politiques, notamment ceux dont la base militante est recrutée dans les rangs de ces analphabètes qui écument certains partis, notamment le FLN.

A présent, ce sont les signes avant-coureurs d’une tentative d’éloigner les opportunistes des élections qui apparaissent.

Il s’agit de la révision du régime indemnitaire des locataires de la chambre basse du Parlement. D’ailleurs, il est à se demander pourquoi l’APN est une chambre basse.

C’est le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia qui en a fait l’annonce, le 28 février dernier en marge de l’installation de la commission de supervision des élections.

M.Ould Kablia a fait le constat que tout le monde avait déjà fait, avant de donner son «scoop».

Il a distingué trois catégories de candidats. Des candidats engagés au service du peuple et du pays, des candidats qui cherchent la réputation et la célébrité et les candidats qui cherchent les privilèges matériels. Ces derniers discréditent même le sens de l’exercice politique.