S’il est vrai que cette 5e élection locale a battu le record en termes de candidatures (52 partis politiques), ce n’est pas le cas pour les citoyens qui, démotivés, n’ont pas affiché d’engouement à ce scrutin.
Au lendemain de la clôture de la campagne électorale pour le double scrutin local qui se déroulera ce jeudi (J-2), une rétrospective s’impose sur rendez-vous électoral avec tout son lot d’enseignements.
Si la campagne s’est déroulée sans aucun incident ou affrontement à relever, il n’en demeure pas moins que les candidats ont échoué à convaincre les électeurs. S’il est vrai que cette 5e élection locale a battu le record en termes de candidature (52 partis politiques), ce n’est pas le cas pour les citoyens qui, démotivés, n’ont pas affiché leur engouement à ce scrutin. La fin de cette campagne qui, pas comme les autres, a pris fin avant-hier à minuit.
Loin d’être une sinécure et repos pour les candidats qui sont engagés dans cette course électorale, certains partis continuent à s’affairer à parachever les derniers préparatifs en vue de «récolter» le maximum de voix, et ce, en mobilisant leurs bases militantes à veiller à la dernière heure avant la tenue de cette épreuve électorale qui s’annonce très serrée. Autre fait marquant cette campagne, c’est la démobilisation des citoyens qui ont tourné le dos aux politiques et à leurs discours qui peinent à convaincre un électorat réticent et surtout méfiant. Pour autant, les partis politiques en lice ne sont pas parvenus à mobiliser les foules et de ce fait à convaincre l’électorat d’aller voter en masse. Malgré les discours instamment orientés sur les préoccupations des citoyens, ces derniers sont curieusement restés insensibles aux incessants appels au vote lancés à leur adresse par les candidats, de surcroît figures de proue de partis politiques très ancrés dans la scène politique.
Installation tardive de la Cnisel et affichage anarchique
La campagne électorale a été émaillée de dépassements et surtout d’anarchie dans l’affichage. D’abord, le coup d’envoi de la campagne pour les élections locales a été donné le 4 novembre.
Le départ a été marqué par un retard dans l’affichage des listes électorales qui s’explique par l’installation tardive de la Commission nationale indépendante de surveillance des élections locales (Cnisel). Par conséquent, ce retard s’est répercuté négativement sur le bon déroulement de la campagne électorale qui a pris du retard dans son décollage. Il aura fallu une semaine pour que les candidats puissent entrer dans l’arène électorale. S’agissant de l’affichage, force est de constater que la manière est à la limite de l’acceptable. Affichage anarchique, dépassements, anomalies administratives, retard dans l’attribution des numéros d’identification et remous au sein de la Commission nationale de surveillance des élections locales.
Celle-ci, qualifiée par certains d’alibi, a été installée tardivement, à la veille du lancement de la campagne électorale. La commission Seddiki est secouée par une crise interne en raison de conflits entre les mem-bres la composant. Le président de cette instance, Mohamed Seddiki, a menacé à maintes reprises de geler les activités de cette commission pour mettre la pression sur le gouvernement et le ministère de l’Intérieur. Seddiki est allé jusqu’à menacer de dissoudre cette instance qui, selon lui est marginalisée, voire méprisée par le ministre de l’Intérieur. Ce dernier avait d’ailleurs croisé le fer avec le président de la Cnisel auquel il reproche de travailler dans l’anarchie.
Porte-à-porte et internet à la rescousse
Faute de pouvoir attirer les foules et remplir les salles, les candidats ont eu recours à d’autres techniques de campagne pour cibler les électeurs. Ainsi, pour la première fois dans les annales des élections, certains candidats aux élections locales ont exploré de nouvelles techniques, autres celles couramment utilisées, à savoir les meetings et les affiches.
C’est le cas pour les partis MPA et RND qui ont mené une campagne «porte-à-porte» en ciblant en priorité les femmes au foyer. Concurrence oblige, les candidats ont exploré également la Toile pour mobiliser l’électorat. Certes, ce n’est pas tâche facile pour les candidats qui se sont engagés dans une course électorale des plus difficiles, compte tenu du peu d’engouement des citoyens et la difficulté d’accès à internet. Pour ce qui du porte-à-porte, cette méthode n’est pas souvent un moyen approprié pour atteindre les électeurs, compte tenu de la nature des rapports sociaux et les habitudes des Algériens qui deviennent «méfiants» quand on frappe à la porte.
La télé et la radio, autres supports de campagne
Outre la presse écrite, les médias lourds étaient également au secours. En effet, les taux d’utilisation des espaces consacrés aux candidats au titre de la campagne électorale pour les élections locales du 29 novembre étaient de 55,61% pour la radio et 75% pour la télévision, a indiqué hier la Commission nationale de surveillance des élections locales. Les candidats des partis politiques et les indépendants n’ont utilisé que 807 espaces parmi les 1 451 qui leur sont consacrés par les Chaînes 1, 2 et 3 de la Radio nationale, a déclaré sur les ondes de la Chaîne 1, le vice-président de la Cnisel. Concernant la télévision nationale, le taux d’utilisation a atteint les 75%, a précisé le même responsable qui a estimé que cette occupation dans ces médias était «inférieure à celle de la campagne électorale des législatives du 10 mai dernier. Il a estimé que cela est dû aux retards accusés dans la mise au point des listes électorales et dans le tirage au sort définissant les plages horaires d’enregistrement à la radio et à la télévision nationales.
Par Yazid Mad