A défaut d’avancer, l’EN recule : Un Mondial aux répercussions néfastes !

A défaut d’avancer, l’EN recule : Un Mondial aux  répercussions néfastes !
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Trois mois après le Mondial sud-africain, l’on cherche toujours à savoir si réellement la participation de la sélection nationale à ce rendez-vous sportif planétaire fut bonne, ou tout simplement mauvaise. Même des semaines après, les avis diffèrent encore. Certains pensent que l’équipe a plutôt bien évolué durant cette Coupe du monde et qu’il lui manquait juste ce brin de réussite qui aurait certainement tout changé et lui aurait assurément permis de créer l’exploit d’accéder au second tour pour la première fois de son histoire.
D’autres, en revanche, diront que l’EN n’a certes pas été ridicule, durant ce tournoi, mais attestent que sa participation reste très moyenne pour ne pas dire ratée, s’appuyant essentiellement sur les résultats qui demeurent, d’un point de vue comptable, très insuffisants. Néanmoins, tout le monde, ou presque, s’accordait à dire que le plus important dans tout cela est que le football algérien ait pu retrouver enfin le devant de la scène internationale et pris part à cette compétition mondiale après plus de 24 ans d’absence. Le plus importantsera de maintenir la stabilité et de garantir la continuité des bons résultats des dernières éliminatoires pour revenir encore plus fort lors de la prochaine édition.
Si on se réfère à la logique, une équipe ayant pris part à une Coupe du monde ne peut que progresser par la suite et asseoir sa domination sur son continent. Que nenni et les faits sont bien là pour le démontrer. A défaut d’avancer et de s’améliorer, l’EN a reculé d’une manière ahurissante, laissant place à des interrogations quant aux bons enseignements tirés de cette participation au Mondial, qui ne se présente pourtant qu’une fois tous les quatre ans (quand on peut s’y qualifier, bien évidemment).  La descente sur terre fut incontestablement très dure pour nos joueurs, qui n’ont à aucun moment su maintenir leur cadence des bons résultats et surtout montrer au peuple algérien leurs vrais mérites.
Les prémices d’un retour en arrière se confirmaient dès lors d’une semaine à une autre, et l’état d’alerte n’aura finalement pas vraiment trop tardé à être déclenché. Le 11 août dernier, et pour son premier match depuis le Mondial, l’EN se fait littéralement balayer à domicile devant des milliers de spectateurs par une modeste, mais performante, formation du Gabon (1-2). Il y a eu du grabuge dans les vestiaires après cette défaite, mais cela n’a, semble-t-il, pas inquiété pour autant le désormais ex-sélectionneur national, Rabah Saâdane. Ce dernier, qui avait fui la presse ce soir-là, était revenu par la suite sur les raisons de cette défaite pour dire que le retour tardif de ses joueurs à l’entraînement avait négativement pesé sur le rendement de l’équipe. Pas trop grave, puisqu’il s’agit uniquement d’une partie amicale. Il ne faudra, par contre, surtout pas rater l’entrée en lice dans ces éliminatoires à la CAN 2012 face à la Tanzanie, toujours à domicile. Paroles et que des paroles, puisque quelques jours après, l’EN essuyait déjà son premier faux pas dans cette course à la qualification pour la prochaine CAN.
Une contre-performance qui coûtera cher à Saâdane, qui démissionnera malgré lui de son poste au profit de Abdelhak Benchikha. Viendra ensuite cette terrible catastrophe en Centrafrique, où les plus pessimistes d’entre nous ne la voyaient pas venir ainsi. Une défaite de trop, qui relance à nouveau le débat sur la réelle valeur de notre sélection nationale.  Tout comme son prédécesseur, Benchikha évoquera ce problème de manque de compétition dont souffre la majorité de ses joueurs pour expliquer cette énième déconvenue. Pour lui, la participation de l’équipe à la Coupe du monde a retardé sa marche en avant. De quoi nous laisser sans voix !

Ces changements à la va-vite qui ont tout faussé

Après la déroute face à la Serbie au 5-Juillet, Rabah Saâdane, pour apaiser la pression des Algériens à quelques semaines du coup d’envoi de cette Coupe du monde, avait procédé à plusieurs changements dans son effectif. Pas moins de 7 éléments se sont vu alors écarter au profit d’autres nouveaux joueurs, évoluant tous à l’étranger. Si pour certains, leur apport fut indéniable, pour d’autres, en revanche, leur arrivée fut complètement ratée. Des changements effectués à la va-vite, qui ont créé un climat de tension au sein d’un groupe qui commençait à perdre l’équilibre et surtout la joie de jouer ensemble.

Le résultat face à l’Angleterre, l’arbre qui cachait la forêt

La seule bonne note lors de ce Mondial fut incontestablement le fameux point du nul pris devant la redoutable équipe d’Angleterre. Ce soir-là, les coéquipiers de Rafik Halliche ont fourni une prestation héroïque qui leur a, pour ainsi dire, bien servi. A ce propos, l’ancien meneur de jeu de l’EN des années 1980, Lakhdar Belloumi, nous dira : «Je pense que le résultat de ce match face à l’Angleterre a été trompeur. Si nous avions perdu cette rencontre, on n’aurait certainement pas dit que l’EN a réussi sa Coupe du monde, comme ont pu le prétendre certains.»

Cela pour dire que le résultat de cette rencontre a été l’arbre qui cachait la forêt. N’était le score de ce match, tout le monde serait tombé sur l’EN, mais il n’en fut rien. Le joueur du Racing Santander, Medhi Lacen, qui s’est livré dans Le Buteur quelques semaines après ce Mondial, nous avait dit : «Oui, notre participation à la Coupe du monde ne fut pas ridicule, mais on n’a pas été si exceptionnels que cela, néanmoins. N’oublions pas qu’on n’a récolté qu’un seul petit point en trois rencontres, alors pas la peine de s’enflammer et pensons à l’avenir.»  A voir la régression que connaît l’équipe actuellement, une mise en cause après cette aventure sud-africaine aurait été certainement salvatrice, à l’image de ce qui s’est fait en France, après la débâcle des Bleus.

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Benchikha : «C’était difficile de composer avec 8 titulaires en moins»

Invité du plateau de l’émission de télévision égyptienne «Modern Sport», le sélectionneur de l’équipe d’Algérie, Abdelhak Benchikha, a répondu avec beaucoup de sang-froid aux questions un petit peu osées de notre confrère égyptien, Ahmed Shoubeir : «Sans vouloir chercher des excuses, je dirai que l’absence de pas moins de 8 joueurs essentiels de la sélection a rendu notre mission très délicate. C’était pratiquement impossible de remplacer des titulaires à part entière.»

«On s’est rendus à Bangui pour gagner, mais… »

Répondant avec beaucoup d’aisance, Benchikha a cité d’autres facteurs défavorables qui ont fait que la sélection algérienne a sombré à Bangui : «On a dû faire face à plusieurs facteurs climatiques difficiles. On a dû jouer sous une chaleur torride. Le taux d’humidité était très élevé aussi, d’où les difficultés rencontrées par nos joueurs. Il faut dire aussi qu’on a eu en face un adversaire accrocheur déterminé à se battre. Ils ont été plus adroits dans les duels, et c’est là un autre facteur de ce revers.»

«Les joueurs ont montré une discipline exemplaire»

En réponse à une question concernant ses prétendus rapports tendus avec certains cadres de l’équipe, Benchikha, en professionnel, rétorque : «Il ne s’est rien passé du tout. Les joueurs ont été d’une discipline exemplaire. Je ne me suis accroché avec aucun joueur. Bien au contraire, ils étaient tous résolus à revenir avec une victoire de Bangui. Il y a des personnes qui veulent nuire à l’Equipe nationale.»

«Le soutien de la presse algérienne est logique»

Interrogé à propos de ce soutien indéfectible dont il a eu droit de la part de la presse algérienne, Benchikha répond : «Je trouve que le soutien des journalistes algériens à mon égard est tout à fait normal. Je suis un entraîneur algérien qui travaille dans son pays, et, Dieu merci, même le public est derrière moi. Ceci dit, comme chaque entraîneur, mes choix font l’objet de critiques et je trouve cela aussi logique.»