Le rééchelonnement des dettes des PME destructurées, décidé lors de la tripartite économique de mai dernier, a été entamé par le traitement d’un premier groupe d’entreprises.
Sur la base du soutien apporté par l’État en qualité de différés de paiement, de bonifications et de prises en charge des intérêts intercalaires, les banques ont engagé leurs opérations de traitement des dettes des entreprises tel que cela a été décidé lors des précédents Conseils des ministres et de la tripartite (gouvernement- UGTA-patronat) de mai dernier, a affirmé hier le ministre des Finances.
«Nous avons constaté entre août et septembre l’engagement des premières opérations de rééchelonnement des dettes des entreprises déstructurées, estimées, selon les premiers chiffres, à 200 milliards de dinars, outre 80 milliards de dinars d’agios réservés.
Cela signifie «une annulation de dettes», a déclaré Karim Djoudi hier dans l’émission l’Invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale. Selon lui, « un premier lot d’entreprises a été déjà traité », a-t-il ajouté sans préciser le nombre ou la nature des entreprises concernées. «Il s’agit d’intérêts qui sont dus et qui ne sont pas remboursés. Ils sont abandonnés par les banques.

Pour chaque dossier, la banque discute avec son partenaire pour comprendre qu’il s’agit de donner à l’entreprise une nouvelle chance avec le soutien de l’État et de la banque pour qu’elle puisse redémarrer, générer de la richesse, apporter les remboursements nécessaires à la banque et créer des emplois», a-t-il encore précisé, relevant dans la foulée que les dettes rééchelonnées concernent les entreprises déstructurées.
« Les entreprises en situation financière convenable vont bénéficier d’un soutien en matière d’investissement avec une bonification et un différé de paiement. Des mesures traduites dans les dispositions de la loi de finances complémentaire 2011 », a encore ajouté Karim Djoudi, qui, tourne le dos ainsi aux récentes mises en garde des experts économistes qui ont été pourtant clairs à ce sujet.
« L’État algérien ne doit pas soutenir l’économie en introduisant des sommes colossales, issues des recettes pétrolières. Les pouvoirs publics injectent 30 % du PIB pour avoir seulement 6 % de croissance a averti Abdelhak Lamiri, lundi lors d’un point de presse. Selon lui, l’économie algérienne se caractérise par la présence d’un multiplicateur qui détruit de la richesse au lieu de la créer.
En revanche, il préconise à ce que les pouvoirs publics puissent investir dans les écoles, la formation et le développement humain en général. « Le gouvernement s’attend, en contrepartie de cette opération de sauvetage financier, à ce que les entreprises concernées fassent plus d’effort en matière de création de richesse et d’emplois », a dit Karim Djoudi.
Interrogé sur les raisons ayant poussé le gouvernement à refuser la baisse de l’IRG (impôt sur le revenu global), lors de la dernière tripartite, le ministre des Finances, a souligné que cet impôt, qui représente 20 à 25% de la fiscalité ordinaire, ne touchait pas, d’abord, l’ensemble des salariés, et ne constituait pas, ensuite, un facteur déterminant dans le niveau du pouvoir d’achat des citoyens.
Après avoir rappelé que toutes les mesures prises au profit des entreprises, étaient aussi des mesures de consolidation sociale. Karim Djoudi a souligné que la réponse structurelle aux besoins sociaux des travailleurs se trouvait plutôt et surtout dans la création d’emplois et la permanence de ceux existants.
C’est pour cette raison que l’État se penche sur le développement des emplois et leur maintien, sur le soutien des prix qui touchent la consommation des couches moyennes et défavorisées et sur l’augmentation du SNMG, a-t-il ajouté. La préservation du pouvoir d’achat n’est pas uniquement tributaire du SNMG, mais d’abord d’un poste de travail permanent, a-t-il encore soutenu en expliquant que trois facteurs (prix, revenus et emplois), déterminaient ensemble ce pouvoir d’achat du citoyen.
Par ailleurs, sur un autre registre, le ministre des Finances a affirmé concernant les retraites qu’ « il y a déjà un abattement de l’IRG de l’ordre de 40 % que nous complétons avec une exemption jusqu’à 20.000 dinars et que des choses vont être faites dans le cadre du groupe de travail installé à cet effet », at- il dit.
Evoquant par ailleurs le projet de loi de finances pour 2012, qui sera bientôt débattu au Parlement, Karim Djoudi a rappelé que ce texte prévoyait une hausse de 7% des dépenses de fonctionnement et une stagnation des dépenses d’équipement.
« Il n’y aura pas d’augmentation du budget d’équipement car les projets avancent bien, il y aura seulement une augmentation des dépenses en capital dans certains secteurs comme l’Habitat, la Construction et l’Agriculture », a-t-il avancé. Enfin, selon l’invité de la Radio nationale, le retour à la consommation n’est pas pour demain. Un retour, conditionné, selon le ministre « à la promotion de la production nationale » même si l’option reste envisageable.
Farid Houali