De nouveaux combats armés, qui auraient fait une trentaine de morts, ont éclaté durant le week-end dans le Nord-Mali, en proie à une rébellion touareg, à moins d’une semaine de la reprise des pourparlers de paix à Alger, prévue pour le 16 juillet. Pis, des informations relayées par les médias maliens font état d’une avancée vers le sud des groupes armés, ce qui risque de saper tous les efforts de paix menés par l’Algérie et les Etats membres de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) qui ont abouti à la proclamation, à plusieurs fois, d’accords de cessez-le-feu, dont le dernier avait été signé le 24 mai entre Bamako et les rebelles touareg.
«Des informations concordantes font état de concentrations militaires et même d’avancées de troupes des groupes armés dans certaines localités du nord du Mali», a indiqué un communiqué du gouvernement malien publié dans la nuit de vendredi par l’Agence malienne de presse (Amap, publique). Selon les médias étrangers, présents sur place, les combats ont opposé le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla) à une coalition de groupes armés, menée par les djihadistes du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest, né de la scission d’Al-Qaïda au Maghreb islamique).
Ce mouvement détient toujours les sept diplomates algériens qu’il a pris en otages lors d’une attaque contre le consulat d’Algérie à Kidal en avril 2012. «De tels actes sont inadmissibles car constituant des violations de l’accord de cessez-le-feu du 24 mai 2014», sous la médiation du président mauritanien, aussi président de l’Union africaine a dénoncé le gouvernement malien qui a demandé l’intervention de la communauté internationale. «Face à la gravité de la situation, le gouvernement appelle la communauté internationale, notamment la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma, présente sur le terrain), à constater ces faits et à assumer toutes ses responsabilités, conformément aux dispositions de l’accord de cessez-le-feu et la Résolution 2 164 du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment la protection», a indiqué le communiqué de Bamako.
Les autorités maliennes n’ont fourni aucune information précise sur la composante des groupes armés qui avancent en direction du sud. Mais du côté du Mnla, le coupable de ces nouvelles violences qui violent de fait le cessez-le-feu, est vite désigné. Sur leur site Internet, pour les responsables du Mouvement indépendantiste touareg, les affrontements qui ont eu lieu la semaine dernière et vendredi autour d’Anéfis (100 km au sud de Kidal), de Tabankort et du côté de Djebock, sont l’œuvre de «l’armée malienne, appuyée par des milices dont celles affiliées au Mujao et à Alhaj Gamou (général des forces armées maliennes)».
Moussa ag Assarid, un des représentants du Mnla, a déclaré à RFI : «Vers 5h du matin, un de nos postes avancés a été attaqué par une coalition déjà identifiée et formée du Mujao, de milices pro-gouvernementales maliennes et d’éléments de l’armée malienne.»
L’armée malienne qui a confirmé les informations rapportées par les médias sur la reprise des violences dans le Nord-Mali, a rejeté en bloc les accusations du Mnla. «Il y a bien eu des affrontements entre groupes, mais nous n’y sommes en aucune manière mêlés», a expliqué l’état-major de l’armée malienne qui a précisé que ses troupes n’ont pas quitté leurs positions dans le village d’Almoustarat, depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu, le 23 mai dernier, a ajouté RFI. Le secrétaire général adjoint de l’ONU, en charge des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, s’est rangé du côté de l’armée malienne en déclarant que «l’armée malienne est absente de la région depuis deux ou trois mois.
Je pense qu’il y a d’autres acteurs». Une source militaire africaine au sein de la mission de l’ONU dans le nord du Mali a déclaré, sous couvert d’anonymat, que «les affrontements se déroulent principalement entre des groupes armés qui doivent bientôt prendre part aux discussions d’Alger», a rapporté l’AFP.
L. M.