Une grève de six heures observée par le personnel navigant commercial (PNC) d’Air Algérie a provoqué une paralysie totale du trafic aérien durant toute la matinée d’hier mercredi. Ainsi, sur 154 vols programmés pour cette journée, près d’une cinquantaine de vols prévus tant sur le réseau domestique qu’international ont été annulés.
La décision d’engager un bras de fer avec l’employeur a été prise la veille, soit le mardi 24 avril, à l’issue de l’assemblée générale ordinaire des syndicalistes affiliés au SNPNC. Lors de cette rencontre, les syndicalistes protestaient «contre le non-respect de l’accord sur les salaires conclu l’année écoulée avec la direction de la compagnie et contre les sanctions prises pour licenciements abusifs ayant touché des grévistes». Ainsi, la menace de grève a été mise en exécution dès ce mercredi à 4 heures du matin, engendrant une paralysie de l’ensemble du trafic aérien. Tous les aéroports du pays ont vu leurs activités suspendues. Pour Mme Sadat, du bureau du Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC), «cette situation est la conséquence directe du non-respect de l’employeur de ses engagements, ajoutez à cela les dépassements de la direction des opérations à l’égard des travailleurs». Pour cette syndicaliste, «l’employeur est le premier responsable de cette situation», tout en ajoutant que «les accords conclus en juillet dernier ne sont pas totalement respectés». Selon un autre responsable du PNC, «cette grève est devenue nécessaire du fait de la non-application des accords entre la direction générale d’Air Algérie et notre syndicat et du mépris affiché quant à nos revendications ». «La direction générale d’Air Algérie, malgré nos différentes sollicitations, ne répond pas à nos doléances», ajoute notre interlocuteur. Pour rappel, en juillet 2011, stewards et hôtesses de l’air de la compagnie nationale s’étaient mis en grève durant quatre jours, bloquant tous les vols et provoquant la pagaille dans les aéroports algériens et étrangers. La grève de juillet dernier, la première d’une telle ampleur, visait à obtenir une revalorisation du salaire et du statut. Les grévistes réclamaient, notamment, une hausse de 106% du salaire. Des négociations ont été engagées entre la direction de la compagnie et le syndicat navigant, qui compte quelque 900 hôtesses de l’air et stewards, mais selon le syndicat, les accords qui en ont découlé n’ont pas été respectés. Or, en juillet dernier, M. Boultif, le président-directeur général d’Air Algérie, avait précisé qu’en vertu de cet accord, qui constitue l’aboutissement de plusieurs mois de discussions entre la direction générale et les représentants syndicaux du PNC, «des corrections seront apportées à certaines indemnités» spécifiques à ce personnel. «Le protocole d’accord vient concrétiser le contenu du procès-verbal signé en juillet dernier (2011) entre la direction générale et les responsables syndicaux du PNC», a-t-il ajouté. Le P-dg d’Air Algérie a indiqué, par ailleurs, que certaines revendications du PNC seront soumises aux autorités compétentes pour être prises en charge, citant, à titre d’exemple, l’abattement sur l’IRG (impôt sur le revenu global), lorsqu’il s’agit de survol des zones «inhospitalières» comme les déserts, les mers et les océans, ainsi que l’augmentation des allocations de devises.
A. B.
Pagaille à l’aéroport Soummam Abane-Ramdane
Il régnait une très lourde tension dans la matinée d’hier, à l’aéroport international de Béjaïa où quelque 143 passagers de la compagnie nationale Air Algérie devaient rejoindre par le vol 1018 celui de la capitale française Orly Sud à 10h00. Des hommes, des femmes, âgés pour la plupart, et des enfants ont été contraints de patienter pendant de longues heures pour cause du mouvement de grève, enclenché par le syndicat du personnel navigant (PNC) de la flotte nationale. L’information faisant état du débrayage des stewards et des hôtesses de l’air n’a été annoncée qu’en dernière minute aux passagers par le personnel au sol de l’aéroport de Béjaïa, ce qui a provoqué une véritable colère dans l’enceinte de l’aérogare. «Nous n’étions informés de ce mouvement de grève du PNC qu’en dernière minute, aucun avion n’a décollé d’Alger. Des négociations entre le syndicat et la direction seraient en cours afin de reprendre les vols et libérer les passagers de cette situation», nous dira un responsable de la compagnie Air Algérie de l’aéroport Soummam Abane Ramdane que nous avions interrogé sur ce sujet. Les vols n’ont repris que dans l’après-midi vers la capitale parisienne, après de longues heures de tractations entre les deux protagonistes pour des revendications socioprofessionnelles, au grand bonheur des passagers.
Kamel Gaci