C’est un véritable précédent dans la gestion des affaires locale. Le wali (préfet) de la wilaya de Bejaia a stigmatisé, lors d’une réunion publique, puis révoqué, séance tenante, le secrétaire général de l’Assemblée populaire communale de Bejaia et le directeur communale de l’habitat et de l’urbanisme. Mercredi 2 mars, ce qui devait être une simple réunion de travail avec les élus APC et les représentants du mouvement Associatif se sera transformé en séance de flagellation et de mise en accusation publiques.
L’éclat des admonestations de M. Ahmed Hamou Touhami s’entend jusque en dehors de la salle de conférence de la mairie ou se massent la foule des retardataires alléchés par cette réunion digne du folklore politique en vogue à la…Jamahiriya libyenne.
Le wali dénonce un ensemble de tares de la gestion municipale et estime que l’inaction des élus n’a d’égale que l’importance des crédits disponibles.
Il avait déjà, à la faveur d’une réunion tenue au lendemain des émeutes du mois de janvier, déclaré son étonnement devant la permanence de certains responsables à certaines fonctions alors que les directeurs exécutifs sont « dépaysés » tous les quatre ou cinq ans. Et, mercredi, il a enfin l’occasion de glisser des réalités sous les mots.
Exit le secrétaire général de l’APC, un septuagénaire en poste depuis… quarante ans !
Exit aussi le responsable de l’habitat et de l’urbanisme qu’il accuse de concussion dans l’exercice de ses fonction relativement à la délivrance des permis de bâtir, aux agréments des coopératives immobilières, etc.
Le wali cite des manquements à tout-va. Une coopérative immobilière s’érige en empiètement sur la voie publique et des dépendances du Stade de l’Unité maghrébine.
Elle est bien entendu promue par des gens qui ont pignon sur rue, des responsables de divers secteurs locaux dont le wali n’a pas hésité à déclamer les noms et prénoms.
Géni-Sider, un opérateur public construit une nouvelle tour mitoyenne à l’immeuble Nabila Djahnine. Problème : le chantier croque un pan entier du parking de la …mairie et le maire et son adjoint y ont déjà réservé un logement chacun.
« Déposez plainte si vous êtes vraiment innocent ! », rétorque le wali aux protestations d’élus indignés par la mise au ban de l’APC et par le caractère attentatoire à la dignité des responsables incriminés de cette mise en accusation publique.
Loucif Benzayed, maire adjoint, semble être bien prêt de relever le défi. Il indique n’avoir pas attendu les « imputations » du wali pour déposer plainte contre Géni-Sider qu’il accuse d’être derrière une conspiration visant à attenter à l’honorabilité des élus qui s’étaient opposés à son nouveau chantier.
Mais cela n’explique pas comment Géni-Sider est parvenu à se faire délivrer un permis de construire, signé des mains du maire, pour un immeuble qui érafle une partie du patrimoine municipal.