Cruelles images. Un camion charnier en Hongrie, un enfant échoué en Turquie, dans corps flottant en Méditerranée, etc. Les drames des réfugiés affluent sur nos petits écrans depuis plusieurs semaines.
« Nous restons hébétés devant de telles images ne sachant quoi faire », pointe Jan Heuft,), un service social issu de l’Eglise réformée qui s’occupe des migrants à Alger.
« La situation actuelle est angoissante car nous sommes tous concernés, en tant qu’Algérien, Africain et Européen », poursuit dans une poignante allocution le président, à l’occasion du rapport d’activités de l’organisation présenté samedi 5 septembre à Alger.
Que pouvons-nous faire? Quelles réponses données à cette migration contemporaine qui nous interpelle tout en posant un défi à l’Algérie? Telles sont les questions auxquelles tentent de répondre la petite équipe de Rencontre et Développement (R&D) qui, « même si elle ne peut résoudre tous les problèmes du monde », en règle déjà un certain nombres.
Tout commence par l’accueil dans le petit local de la rue des Libérés, près de la Place du 1er mai. Tous les jours de la semaine, Rencontre et développement, reçoit ceux et celles qui viennent solliciter de l’aide.
« Plus de 1900 personnes se sont ainsi présentées au local au cours de l’année 2014, soit une moyenne de neuf personnes par jour » détaille Hamid Fadhel, un des deux salariés de R&D.
Près d’une trentaine de nationalités sont passées par R&D en 2014 dont une majorité de migrants et réfugiés originaires de l’Afrique subsaharienne.
« Après s’être fait connaître, la personne indique l’objet de sa visite et détaille ses besoins, si elle en a », explique Sihem Zagha, l’autre salariée de l’organisation. « Ça peut aller de la prise en charge médicale à une demande de scolarisation en passant par des besoins d’habits ou une aide au retour au pays ».
Une partie de l’équipe de Rencontre et développement, (de gauche à droite): Hamid Fadhel, 37ans, Jan Heuft, 75 ans et Sihem Zagha, 29 ans.
Des défis à relever
Devenu un pays d’accueil, l’Algérie se retrouve confrontée à la prise en charge de ses réfugiés et migrants qui, pour la plupart, restent plusieurs années en Algérie. En l’absence d’une politique migratoire, leur encadrement par les pouvoirs publics demeure largement insuffisant.
Mais, les conditions sont en train de changer, a souligné un membre de Médecins du monde Algérie: « L’autorisation de scolarisation des enfants migrants est un signe de prise de conscience des pouvoirs publics ».
La cohabitation entre les Subsahariens et les Algériens constitue un autre défi à relever pour l’Algérie. « Il existe un fossé entre les deux communautés qui vivent chacune de leur côté avec des préjugés », témoigne Adnane, un Algérois d’Alger-plage où vit une importante communauté de Subsahariens.
« Tout dépend des quartiers et des personnes », nuance Hamid en racontant l’anecdote d’un Algérien de son quartier qui, pendant le mois de Ramadan, a accroché une banderole à l’entrée d’une cour pour inviter les Subsahariens musulmans à venir rompre le jeûne.
« L’Algérie reste un pays d’accueil même si beaucoup reste à faire pour les migrants », conclut le Père Jan, en appelant à la mobilisation humaine et financière de chacun(e