A Alger, la police bloque la marche de l’opposition

A Alger, la police bloque la marche de l’opposition
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Des heurts entre forces de l’ordre et manifestants ont éclaté samedi place du 1er Mai à Alger, lieu de rendez-vous de la marche initiée par l’opposition mais interdite par les autorités.

14 personnes ont été brièvement interpellées puis relâchées, affirment les autorités.

30.000 policiers ont été déployés pour leur faire face. Des échauffourées entre forces de l’ordre et manifestants, qui ont bravé l’interdiction de défiler, ont eu lieu samedi matin à Alger. La capitale algérienne est le lieu de rendez-vous d’une marche interdite à l’appel de l’opposition pour un «changement du système». Les heurts ont éclaté peu avant le début de la manifestation qui réclamait davantage de liberté et la levée de l’état d’urgence. Les affrontements se sont calmés progressivement, affirment des reporters sur place mais les sites algériens font encore état de tensions.

Malgré l’important dispositif policier, 2000 manifestants selon les journalistes, 250 selon les autorités, qui voulaient rejoindre le point d’arrivée, place des Martyrs, ont réussi brièvement à forcer le cordon, situé place du 1er Mai, avant de se retrouver à nouveau bloqués. Dans la foule, on a pu entendre «Bouteflika dehors!», «Algérie libre et démocratique», «non à l’Etat policier». Ali Belhadj, un des chefs du Front islamiste du salut (FIS), dissous par les autorités algériennes, est dans le cortège.

En tout début d’après-midi, la circulation avait timidement repris dans ce secteur auparavant entièrement bouclé par d’importantes forces de l’ordre entourées de dizaines de véhicules blindés. Les autorités ont pris des mesures draconiennes sur le parcours de quatre kilomètres. Les policiers auraient tabassé de nombreux manifestants sans distinction, selon le site du quotidien el Watan. Des dizaines d’interpellations ont eu lieu, affirme encore le journal mais le chiffre est contesté. Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur a annoncé que 14 personnes ont été brièvement interpellées puis relâchées.

Plusieurs députés arrêtés

Plusieurs députés du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie) ont été arrêtés, dont Mohsen Belabes,Arezki Aider, Tahar Besbes et Athmane Maazouz, indique le journaliste de France 24 Tahar Hani. Certains ont déjà été libérés. Le député du RCD, Arezki Aider, évoque plus de 1000 arrestations effectuées à Alger en marge de la manifestation. « J’ai été arrêté 5 fois aujourd’hui», explique-t-il au site des Dernières nouvelles d’Algérie. «A chaque arrestation, je subis un passage à tabac. Même dans les commissariats, les manifestants sont roués de coup. Les commissariats sont pleins et ils ne savent pas où mettre les personnes interpellées».

Le siège du parti d’opposition a été encerclé par les forces de l’ordre,. Le président du RCD Said Sadi s’est indigné que «le doyen de la Ligue de défense des droits de l’homme, Ali Yahia Abdelnour, âgé de 90 ans, ait été malmené» par les forces de l’ordre. Fodil Boumala, l’un des fondateurs de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a aussi été arrêté. Face aux manifestants, une vingtaine de jeunes pro-Bouteflika se sont rassemblés place du 1er mai, scandant «Bouteflika n’est pas Moubarak», le président égyptien déchu.

La marche de samedi avait été annoncée par la CNCD dès sa création le 21 janvier dans la foulée des émeutes meurtrières contre la cherté de la vie du début de l’année, qui ont fait cinq morts. Le président Bouteflika a annoncé le 3 février la levée «dans un très proche avenir» de l’état d’urgence en vigueur depuis 1992. Le gouvernement est également récemment intervenu pour faire baisser le prix de certaines denrées de base et il a accru les importations de blé.

A Oran, où une manifestation avait aussi été interdite par les autorités selon l’opposition -ce que dément le ministère de l’Intérieur samedi-, un rassemblement de 400 personnes a été de courte durée et s’est achevé par une trentaine d’arrestations. Le chef local de la CNCD, le professeur d’université Kadour Chouicha et son fils, et deux journalistes, ont été brièvement interpellés, selon des témoins. De même que deux artistes mimes, entièrement peints en blanc, une croix rouge sur les lèvres. Devant la gare centrale de Tizi Ouzou, la principale ville de Kabylie, une poignée de jeunes gens ont aussi brûlé des pneus.