Le marché de l’or, à Oran, connaît une hausse vertigineuse. Tel est le constat fait au niveau des différentes bijouteries de la ville. L’envolée du prix du métal précieux sur le marché mondial semble prendre la direction d’un nouveau sommet historique.
Depuis quelques semaines, l’or se vend à près de 5.000 DA le gramme. Ainsi, son prix a connu des augmentations allant de 30 à 40% par rapport à l’année dernière (2010), où son prix n’était que d’environ 3.500 DA/gramme. Dans les bijouteries du centre-ville, le prix du gramme ouvragé importé d’Italie est proposé entre 4.500 et 5.000 DA.
Pour le bijou de fabrication locale, le gramme est cédé entre 3.800 et 4.200 DA. Le gramme d’or « cassé » oscille entre 2.800 et 3.000 dinars. Chez les artisans bijoutiers par contre, notamment à M’dina J’dida, le prix du métal jaune est nettement inférieur à celui proposé dans les boutiques «chic».
En effet, les coutumes locales veulent que la femme algérienne ait son coffret à bijoux, et les traditions nuptiales et la dot imposent aussi l’achat de bijoux.
Ce constat est observé dans le cadre de l’épargne familiale en prévision des coups durs. Toutefois, la hausse des prix de l’or a poussé de nombreux jeunes à reporter leur mariage à une date ultérieure et certains bijoutiers à baisser rideau devant le flagrant manque de clients.
Ces derniers, en effet, se contentent de s’enquérir des prix, avant de s’en aller, et les bijoutiers disent ne pas enregistrer de ventes substantielles. Les bijoutiers sont unanimes à reconnaître que depuis quelque temps, une année et plus, leur commerce stagne lamentablement devant la flambée du prix de l’or, qui s’en va crescendo, situation jamais vécue auparavant.
En plus de la bourse de l’or qui ne cesse de grimper, le marché informel pose un réel problème. Pour autant, l’informel fait paradoxalement augmenter les prix, au lieu de les casser. «C’est parce que tous les circuits du marché sont sous la mainmise de la maffia de l’or qui décide à sa guise des prix», soulignera un bijoutier activant au centre-ville.
Du côté de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), on explique cette envolée des prix de l’or ouvragé par une demande de plus en plus accrue, une hausse qui n’est point due au cours mondial de l’or. En d’autres termes, le marché de l’or algérien est bel et bien déstructuré par l’informel.
Les ateliers clandestins sont plus nombreux et leur nombre a fortement augmenté depuis le début des années 90. L’importation illégale de l’or de l’Italie, Dubaï, Libye et des pays du Sahel frontaliers est efficiente. Le taux contrôlé par le marché parallèle de l’or ne peut être comparé avec celui d’un autre pays où l’or est considéré comme une monnaie régie par les règles des autres monnaies. Les réseaux de contrebande s’intensifient et le gain récolté est énorme.
Z. Selma