«Le nombre d’électeurs estimé officiellement à plus de 21 millions, pour une population de 35 millions d’Algériens»
Le rush sans précédent des partis et des candidatures n’emballe pas les citoyens.
Le chef de l’Etat a appelé les partis politiques à mobiliser massivement les électeurs. Mais on ignore avec quoi et comment ces formations vont procéder pour convaincre les citoyens à se présenter en masse au scrutin du 10 mai. Redoubler d’énergie pour atténuer un tant soit peu le spectre de l’abstention que d’aucuns craignent, semble être le rôle tout indiqué et auquel doivent s’astreindre les partis politiques. Cependant, cette tâche n’est pas aussi aisée qu’on voudrait le faire croire. La scène politique, qui n’arrive pas à s’emballer en cette période de précampagne, affiche plutôt les allures de foire d’empoigne. On en est encore à demander plus de garanties tandis que d’autres sont entrés indûment en campagne avant l’heure. Or, le déficit de garantie ou le soupçon de fraude sont les principaux facteurs à l’origine de l’abstention. Parmi eux, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, se contente d’appeler à «davantage de garanties» et un «assainissement de la situation sociale» pour assurer le bon déroulement des prochaines élections législatives, sans toutefois poser la moindre condition préalable à la participation au scrutin. A la veille de ces élections, certains ministres ont même poussé le bouchon un peu plus loin en produisant et répercutant des affirmations euphoriques et sans fondement, selon les observateurs de la scène politique. Les affirmations telles «la réalisation de l’usine Renault Algérie avant la fin de l’année en cours» les assurances quant à «la rentabilité et la sécurité des placements de nos réserves de change» et «la non-dépréciation du dinar» ainsi que «nos réserves de gaz schiste sont équivalentes à celle des USA», participent de cette tendance à «l’auto-glorification et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible», accentuée à l’approche du scrutin. De son côté, le secrétaire général du parti En Nahda, Fateh Rebaï, qui a concocté une alliance avec ses pairs d’El Islah et le MSP a plaidé pour la mise en place d’un organisme national dont la mission ne consisterait pas à contrôler des élections mais serait plutôt destiné à «superviser et conduire ces échéances électorales». Tout en exprimant ses craintes à l’égard du «gonflement» du fichier électoral, en voulant pour preuve «le nombre d’électeurs estimé officiellement à plus de 21 millions, pour une population de 35 millions d’Algériens», Abdallah Djaballah à la tête du Front de la justice et du développement, demande plus de garanties sur la régularité du scrutin. Alors que les ex-militants du FIS dissous sont devenus un enjeu électoral majeur et convoités par les partis islamistes de l’Alliance présidentielle et même des formations nouvellement agréées, les chefs du parti dissous tentent de se remettre sur rails à deux mois de la tenue des législatives. Ces derniers continuent d’animer leurs speechs chaque semaine dans les mosquées malgré l’interdiction qui leur a été signifiée par les autorités. Par ailleurs, force est de constater qu’à la tête des formations sanafir de la dernière minute, le même personnel politique en orbite autour du pouvoir est recyclé. De nombreux anciens ministres, des ex-candidats à la présidentielle, des responsables des organisations de masse, des transfuges ou députés dissidents du RND du FLN, des redresseurs du FLN sont crédités d’agréments pour poser les jalons de la IIe République. D’autres formations politiques attendent également le sésame. Dans ce rush de partis, on a remarqué que la grande partie est issue de luttes intestines féroces et, antagonisme au sein du FLN,RND et MSP. La controverse sur la perversion du mandat électoral suscitée par les empoignades autour des candidatures, risque de constituer une raison de plus pour ne pas se rendre aux urnes le jour «J». Cette commercialisation ou distribution de candidatures au plus offrant est corroborée par la dernière déclaration d’Ould Kablia: «Parmi les candidats, certains veulent de l’argent». Autrement dit, ils sont motivés par les privilèges et passe-droits qu’une quelconque conviction politique. Enfin, le suspense du FFS autour de sa participation n’est pas pour clarifier les choses.
