À 10 jours du GNL16, Des dépenses faramineuses qui cachent mal la réalité d’Oran

À 10 jours du GNL16, Des dépenses faramineuses qui cachent mal la réalité d’Oran

Des aménagements pour accueillir les invités de la Conférence internationale du gaz ont coûté plus de 800 millions de dollars.

Il y a plusieurs mois, c’est en grande pompe que le ministre de l’Énergie et des Mines donnait le coup d’envoi du décompte électronique fixé sur le fronton de la direction d’Aval-Sonatrach.

Pour célébrer cette inauguration, une cérémonie festive avait été donnée : troupe folklorique, baroud, bouquets de fleurs, lait et dattes, selon la tradition. 10 jours avant l’ouverture de la 16e Conférence sur le gaz naturel liquéfié (GNL), le côté festif semble bien loin ; il aurait même tendance à se muer en une sorte de cadeau empoisonné.

Car de plus en plus, ici à Oran, le sentiment partagé est que le GNL 16, et dans la foulée Oran, semble comme entraîné vers le bas par le climat malsain des affaires de corruption.

Et si les autorités locales tentent encore de vendre leurs discours sur cette chance qu’a la capitale de l’Ouest d’accueillir ce grand rendez- vous du monde du gaz, faisant d’elle pour plus tard la métropole méditerranéenne du tourisme d’affaires, de plus en plus de voix, par contre, trouvent toutes ces dépenses extrêmement dérangeantes.

En effet, comment ne pas s’interroger sur les sommes faramineuses englouties depuis deux ans pour les préparatifs de cette conférence internationale ? Un décompte global de tous les projets et travaux d’embellissement, de réhabilitation et d’aménagement engagés à cette occasion ne nous donne pas moins de 800 millions de dollars ! Il faut là tenir compte des travaux d’embellissement engagés par l’APC, la wilaya, la Sonatrach pour le CCO, l’hôtel Méridien, le chapiteau de l’aéroport, et la liste n’étant pas exhaustive.

Rien que pour le Centre des conventions d’Oran (CCO), réalisé par la société espagnole OHL, l’on est passé de 400 millions d’euros au départ à 600 millions d’euros, somme avouée par une représentante de la même société.

Aujourd’hui, le cumul des avenants dépasserait de beaucoup cette dernière somme.

Tous les composants du CCO, les matériaux pour les gros ouvrages ou pour les intérieurs ont été importés, y compris lorsqu’il s’agissait de panneaux de décoration au style arabo-musulman : des lustres en cuivre ont été importés d’Égypte, des portes en bois sculpté importées d’Italie, des panneaux de plaques de plâtre importés d’Espagne.

À chacune de ses visites d’inspection, le ministre refusera de répondre aux questions qui fâchent c’est-à-dire celles des surcoûts, le contenu des clauses contractuelles entre Sonatrach et OHL, ou encore la question des coûts de fonctionnement du CCO et de sa rentabilité après le GNL 16. Un CCO qui s’étend sur une superficie de plus de 20 500 m2, composé d’un palais des congrès avec un auditorium de 3 000 places, d’un palais d’expositions de 10 000 m2, de salles de réunions… et d’un hôtel 5 étoiles, le Méridien.

C’est encore un représentant d’OHL, chargé du suivi des travaux du CCO, qui indiquera récemment que pour le montant, il fallait attendre la fin des travaux. Un GNL 16 qui est encore bien dérangeant et qui est même une sorte de pilule amère pour les habitants.

Car ils assistent depuis des mois à une immense fourmilière qui a creusé, retourné, planté, dans tous les sens. Des aménagements urbains ont été réalisés avec la création d’espaces verts et d’aires de détente, la plantation d’arbres, des ronds-points thématiques fleuris agrémentés de jets d’eau, le bitumage des rues, la réalisation de l’éclairage public, la pose de trottoirs… autant de choses dont sont privés depuis des décennies les habitants d’Oran, surtout la population dans la périphérie.

“Tout cela est fait pour les invités du GNL 16. Ceux qui vivent sur le parcours des délégations ont eu droit au bitumage des pistes boueuses en hiver et poussiéreuses en été qui leur servaient de rue depuis 15 ans”, tempêtent bien des citoyens.

Car beaucoup ici voudraient dire leur réalité, celle notamment des 11 000 familles vivant dans des bidonvilles.

Mais ces bidonvilles ne sont pas sur le parcours du GNL 16.

Djamila Loukil