9e FNTP : « Lel’Bayae » lève le voile sur une société en perte de valeurs

9e FNTP : « Lel’Bayae » lève le voile sur une société en perte de valeurs

ALGER – « Lil’Bayae » (A vendre), dernier spectacle en compétition du 9e Festival national du théâtre professionnel (FNTP),  a été présenté dimanche dans la soirée à Alger, levant le voile sur les bas-fonds d’une société en perte de valeurs, rangée par le mal de vie au détriment de la dignité humaine.

A la veille de la clôture du 9e Fntp, le Théâtre national algérien (TNA) a choisi de porter sur ses planches une des dernières volontés artistiques du regretté M’Hamed Benguettaf, un drame social, adapté du texte « Aboun Lil’ Bayae Aw Lil’ kirae » (un père à vendre ou à louer) du dramaturge irakien Mohamed Kacem.

Mis en scène par Abbas Mohamed Islem, le spectacle, d’une durée de 70mn, traite d’un fléau qui se répand dans la discrétion, s’attaquant à la dignité humaine et aux valeurs sociales dans l’impunité et l’indifférence.

Un jeune garçon et sa soeur (Ahmed Meddah et Hafida Benrazi), assistant leur père atteint de cécité et ayant perdu sa motricité ainsi que l’usage de la parole suite à un accident vasculaire cérébral (AVC) sévère, sont sans nouvelles de lui après avoir été kidnappé.

D’un autre côté, un père musicien (Abderrahmane Ikarouene) se lance dans une recherche désespérée pour retrouver son fils de quatre ans, lui aussi disparu, sans doute pris par des trafiquants d’organes.

D’une source à une autre, le père est retrouvé dans un marché après avoir été vendu plusieurs fois. Utilisé pour susciter la compassion et la générosité des passants par sa nouvelle propriétaire, une mendiante à la voix qui porte (Wahiba Baâli), le malheureux père ne pourra retrouver ses enfants que si ces derniers rachètent sa liberté.

Dans un décor qui s’est contenté de six longs pantalons illustrant des billets de banques qui sont apparus au fur et à mesure du déroulement des évènements, la scène est restée vide ouvrant ses espaces à la chorégraphie et au jeu des comédiens, soutenus par un éclairage de situation, souvent vertical et latéral.

Après avoir brillé dans « Satw Khass » avec Faouzi Ben Braham, Hassen Lamamra récidive avec une musique qui s’est substituée au narrateur, rappelant le patrimoine dans ses atmosphères lourdes qui ont aidé à densifier davantage le contenu de la trame.

Utilisant la fosse d’orchestre (espace sous la scène), les comédiens au fait de leurs rôles respectifs ont bien porté le texte, occupant l’ensemble de la scène et se donnant la réplique dans un jeu dynamique au rythme ascendant et régulier.

Adapté en scénario-spectacle et servi par 11 comédiens dont Abbas Mohamed Islem et l’époustouflant Djaffar Benhalilou, « Lel’ Bayae » a unifié la narration et l’action, invitant le public nombreux et recueilli à la réflexion sur des sujets aussi graves que l’abandon des parents et le trafic d’organes.

Ouvert du 28 août au 8 septembre, le 9e Festival national du théâtre professionnel a accueilli au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (Tna), dix sept troupes en compétition, et une représentation égyptienne dans le volet « Invité du festival », alors qu’à la salle El Mouggar, neuf spectacles ont été programmés en « off ».