La « harga » continue de tenter de nombreux jeunes algériens malgré les informations sur les drames terribles enregistrés en mer méditerranée et le calvaire des réfugiés, syriens notamment, en Europe.
Selon des chiffres donnés aujourd’hui par le journal El Khabar, les gardes-cotes algériens ont arrêté 982 harragas en six mois. La plupart des ces harragas arrêtés dans des barques ou des bateaux de pèche partaient des côtes de Annaba, Ben Saf et Tipaza en direction de l’Italie ou de l’Espagne.
La belle ville de Annaba est celle où il y a eu le plus de candidats à la « harga » arrêtés par les garde-côtes. Ils sont 564 à avoir été arrêtés au large des côtes de Annaba, bien avant ceux de Beni-Saf et de Ténes, dans la wilaya de Chlef.
El Khabar cite une étude de la Gendarmerie nationale algérienne qui souligne que les réseaux de migration clandestine en Algérie ont commencé « à s’étendre et à prendre une dimension internationale ». Des Algériens s’organisent en « bande avec des maghrébins, notamment des Tunisiens et des Libyens et des Européens ».
Le démantèlement de deux réseaux, en Italie et en Espagne, a ainsi révélé que des Algériens faisaient parties des gangs de passeurs, précise le journal.
De 2300 à 2700 euros le prix du voyage
Les investigations menées par la gendarmerie nationale ont également montré que des dizaines de Harraga syriens et subsahariens ont tenté d’utiliser les embarcations de la harga propriétés d’Algériens. Le prix du voyage dans ces embarcations est de 2.300 euros par personne. Quand il s’agit de familles composées d’au moins trois personnes, le prix est plus cher: 2700 euros par personnes.
Des citoyens syriens sont souvent victimes de passeurs algériens qui encaissent mais n’assurent pas le voyage. Certains de ces syriens – ils ne seraient pas les plus nombreux – n’ont pas hésité pas à porter plainte auprès des services de sécurité. La gendarmerie a enregistré plusieurs plaintes dans différentes wilayas.
Des vols de bateaux ou de moteurs sont enregistrés dans des ports de plaisance et de pêche et seraient le fait de ces bandes de passeurs. Des moteurs volés en Algérie sont « transférés » en Tunisie où l’activité des passeurs seraient en hausse. El Khabar relève d’ailleurs une nouvelle tendance chez les Algériens au départ: partir en Tunisie pour faire la « harga ».
Farouk Ksentini, les syriens et les gangs
Dans une déclaration à El Khabar, Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH) a appelé les jeunes Algériens candidats à l’immigration clandestine de tirer les « leçons » de ce qui arrive aux réfugiés syriens.
Le président de la CNCPPDH qui relève de la présidence de la République a estimé par ailleurs qu’il faut revoir les dispositions introduites par le gouvernement dans le code de procédure pénale qui punit le « harraga » de six mois de prison ferme.
Selon lui, ces jeunes sont surtout des « victimes » de la marginalisation et du chômage mais il a appelé, par contre, à durcir les sanctions contre les gangs de passeurs activant en Algérie qu’ils soient algériens ou étrangers.