Ce futur gazoduc devrait partir du delta du Niger, la zone de production de pétrole et de gaz au sud du Nigeria, et parcourir plus de 4000 kim à travers le Niger et l’Algérie pour alimenter l’Europe en gaz à partir de 2015.
Un accord intergouvernemental portant sur sa définition a été, à cet effet, signé à Abuja entre les trois pays concernés.
Mais au lendemain de cet accord, le Mend profère des menaces et promet de détruire cette nouvelle installation en lui faisant subir « un sort identique à celui que subissent aujourd’hui les autres gazoducs », allusion faite aux sabotages des installations pétrolières et gazières du sud du pays.
« Tout argent placé dans ce projet sera de l’argent jeté par les fenêtres car nous ferons en sorte de le détruire », a averti le Mend. Ces menaces ne sont toutefois pas prises au sérieux par les services chargés de protéger les installations pétrolières au Nigeria. « La force mixte police-armée (JTF) protégera et sécurisera toutes les installations de gaz et pétrole et tout les employés de la région. Le Mend ne fait que vociférer, il ne peut pas réussir », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la JTF.
Dans sa guerre contre l’armée et le pouvoir, le Mend accuse également les forces armées d’avoir enlevé un chef tribal, Isaac Thikan, un opposant au régime, et de le retenir prisonnier depuis le 24 juin dans le sud du pays.
Fait que récuse la JTF : « L’armée n’a jamais enlevé personne, et encore moins un chef tribal. Nous respectons les institutions traditionnelles et ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les protéger et les préserver ».
Par ailleurs, ce mouvement, qui revendique une redistribution plus équitable des revenus de la manne pétrolière, a fait son apparition début 2006 et a bouleversé complètement la donne en multipliant attaques et enlèvements d’expatriés et sabotages.
Ce groupe, fortement armé dit-on, a déclaré la guerre aux autorités nigérianes et aux pétroliers opérant dans le delta du Niger.
Il a également fait perdre au pays environ un quart de sa production quotidienne d’or noir en 2007 et 2008 ainsi que sa place de premier producteur africain, au profit de l’Angola.
Actuellement, la production oscille autour de 1,8 million de barils par jour alors qu’il y a deux ans, elle tournait autour de 2,6 millions de barils par jour et que les autorités ambitionnaient d’atteindre 4 millions de barils par jour en 2010, un objectif jugé « totalement irréaliste » par la majorité des spécialistes.
Le Mend entretient la pression grâce à un « plan communication » efficace avec les médias locaux et étrangers et aussi via internet.
Le Mend, qui opère dans une zone extrêmement difficile à sécuriser, essentiellement des marécages et des criques, présente ses hommes comme des « combattants de la liberté » ayant pour ennemis le gouvernement fédéral et les compagnies pétrolières étrangères (notamment Chevron, Shell et Agip).
Pour rappel, ce mouvement a proféré des menaces contre les intérêts italiens dans le pays, notamment le pétrolier Agip.
Il a aussi fait sauter un oléoduc de Shell au moment où le président russe Dmitri Medvedev effectuait une visite au Nigeria pour renforcer la coopération gazière bilatérale et investir des milliards de dollars.
Ce climat d’insécurité a poussé la plupart des multinationales à évacuer du delta du Niger l’essentiel des personnels expatriés et leurs familles.