88 Députés refusent d’adopter le plan d’action du gouvernement,L’APN s’offre une opposition

88 Députés refusent d’adopter le plan d’action du gouvernement,L’APN s’offre une opposition
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«L’Algérien n’est pas seulement un tube digestif et qu’il faut le laisser respirer»

C’est la première fois que l’APN s’offre une opposition constituée de dizaines de députés qui, s’il parviennent à une entente, peuvent bouleverser bien des situations.

Sans grande surprise, le plan d’action du gouvernement, présenté le 25 septembre dernier par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a été adopté, hier à l’APN, par la majorité des députés. Ce plan d’action, critiqué par les islamistes de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV) et du Front de la justice et du développement (FJD) a été approuvé grâce aux parlementaires du FLN et du RND. Les députés de l’AAV et du FJD (41 députés) ont carrément rejeté le plan d’action de l’Exécutif alors que le FFS et le PT (47 députés) se sont abstenus. Et c’est là la particularité de cet exercice qui a vu 88 députés refuser de donner leur quitus à un texte émanant du gouvernement. La sortie des islamistes de l’Exécutif est certes pour beaucoup dans cette situation inédite, car par le passé, notamment durant la sixième législature, rares étaient les voix discordantes qui disaient non aux projets de l’équipe gouvernementale.

L’APN s’est donc, à la faveur de la défection des islamistes, offerte une opposition formée par les islamistes et le FFS, qui peut bien bouleverser des situations si elle arrive à s’entendre sur certains principes.

C’est dire que cette septième législature s’annonce chaude entre les islamistes et le FLN accusé d’être majoritaire au sein de l’Assemblée grâce à la fraude électorale le 10 mai dernier.

Poursuite de la réconciliation nationale

Dans son intervention avant l’adoption de son plan, le Premier ministre a tenté de répondre aux questions des députés. Il soulignera d’abord que son gouvernement est soudé avant d’affirmer que ce plans n’est pas venu du néant et qu’il constitue une poursuite du programme du chef de l’Etat. M.Sellal a affirmé, dans ce contexte, que le processus de réconciliation nationale se poursuivra jusqu’à la régularisation de toutes les affaires relatives à cette question. Le Premier ministre a insisté, en outre, sur le développement économique et social, défendant l’option de la consolidation de la production nationale qui couvre, en matière de produits agricoles, 70% des besoins nationaux. M. Sellal a affirmé que l’Algérien n’est pas seulement un tube digestif et qu’il faut le laisser respirer. Abordant le thème de la lutte contre la corruption, l’orateur a indiqué que l’Etat soutient l’Office de lutte contre ce phénomène. Il a noté que 78 affaires liées à la corruption ont été traitées en 2011 par la justice, précisant que 2 209 personnes impliquées dans ces affaires ont été condamnées. Durant le premier semestre 2012, a-t-il ajouté, 712 affaires ont été traitées et 712 personnes condamnées.

Concernant la réalisation des logements, le Premier ministre a indiqué que le gouvernement compte en finir avec ce dossier, soulignant que le problème réside dans la distribution.

Le dossier des otages maliens suivi de près

Dans ses réponses aux députés, le Premier ministre n’a pas éludé l’affaire des otages algériens au nord du Mali mais n’a pas, non plus, donné des réponses convaincantes. Pour des raisons sécuritaires, le gouvernement ne veut pas, a-t-il expliqué, communiquer sur ce dossier. Toutefois, M.Sellal a affirmé que les autorités algériennes suivent de près et quotidiennement le dossier de ces diplomates dans la discrétion totale. M.Sellal a indiqué que le travail se fait sur le terrain concernant cette affaire, précisant qu’il ne pouvait donner des détails sur cette question qui, a-t-il dit, «touche la vie de personnes et un domaine sécuritaire d’une extrême importance». «Il n’existe aucun pays au monde qui divulgue des données concernant des débats secrets qui touchent la vie de personnes», a-t-il encore expliqué.

Les reporters photographes protestent

Les photographes de la presse nationale ont été empêchés, hier, par les agents de l’APN d’accéder à l’hémicycle pour accomplir leur mission, sans qu’aucune explication sérieuse ne leur soit fournie.

Ils ont improvisé un rassemblement à la sortie du Premier ministre pour dénoncer ce comportement qui est, faut-il le souligner, inédit.