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Près de 222 000 infractions pour défaut de facturation ont été mises à jour par les contrôleurs du ministère du Commerce durant l’année dernière.
La traque continue. Les barons de l’informel se sont moins sucrés qu’en 2017. Les sommes qu’ils sont parvenus à soustraire du circuit légal, demeurent cependant astronomiques. Elles sont injectées et englouties dans les méandres du circuit informel. Même si les statistiques les annoncent en baisse, il n’en demeure pas moins qu’elles restent conséquentes. Le constat est implacable! Les chiffres livrés par le ministère du Commerce attestent que la lutte contre l’informel est loin d’être gagnée malgré toutes les mesures qui ont été prises pour que les fraudeurs rentrent dans le rang et activent à visage découvert.
A commencer par l’opération de bancarisation des fonds de l’informel lancée en août 2015 qui s’est avérée un véritable flop. Les «parrains» sont les maîtres des lieux. Statistiques à l’appui. «Le montant des transactions commerciales non facturées mises au jour par le ministère du Commerce s’est chiffré à 85,2 milliards de dinars durant l’année 2018, contre 116,45 milliards de dinars en 2017, soit une baisse de 36,71%,» indique un rapport publié lundi dernier par les services du département de Saïd Djellab. 221 694 infractions pour défaut de facturation ont permis à cette opération d’aboutir à un tel constat, rendu possible grâce à une offensive d’envergure.
Ces délits ont été mis à jour suite à 1 824 711 interventions effectuées par les services de contrôle. Elles se sont soldées par l’élaboration de 211 116 procès-verbaux de poursuites judiciaires pour diverses infractions à la législation en matière de contrôle économique et de répression des fraudes. Outre les poursuites judiciaires engagées, les services de contrôle ont pris des mesures de fermeture administrative à l’encontre de 16 179 locaux commerciaux, contre 13 782 locaux en 2017, ainsi que la saisie de marchandises pour une valeur de 5,37 milliards de dinars, contre 7,25 milliards en 2017, précise le document du ministère du Commerce répercuté par une dépêche de l’APS datée d’hier.
Un fléau élevé au rang de pratique commerciale qui n’épargne pas nos frontières. Le ministère fait ainsi état de blocage aux frontières de 1 006 cargaisons en 2018 contre 1 327 cargaisons en 2017. La prise est conséquente. «La quantité de marchandises bloquées aux frontières avait atteint 39 410 tonnes en 2018 contre 69 835 tonnes en 2017», indiquent les services du département de Saïd Djellab. «La valeur de ces marchandises bloquées est passée de 23,3 milliards de dinars en 2017 à 15,01 milliards de dinars en 2018» soit un recul de 55,2% fait remarquer la même source. Les barons de l’informel ne se sont jamais autant bien portés même si leurs sommes récoltées ont reculé en 2018. Leur chiffre d’affaires se compte toujours en dizaines de milliards de dinars.
Une manne financière qui provient d’opérations financières illégales. Une saignée pour l’économie nationale. Une place boursière de change parallèle de devises (Port-Saïd en plein coeur d’Alger), incontournable et tolérée, d’énormes transactions financières en cash, l’absence de régulation des marchés des fruits et légumes, foisonnement de petites entreprises, de commerces opérant au noir…constituent le terreau qui garantit la prospérité du secteur de l’informel. Il représenterait quelque 40% de la masse monétaire en circulation. L’économie parallèle a encore de beaux jours devant elle.