Le dossier des 8000 Algériens disparus durant ce qu’on appelle «La bataille d’Alger», menée par le général Massu, a été confié à une commission installée au niveau du ministère des Moudjahidine pour lever le voile sur les crimes commis contre le peuple algérien en 1957, a affirmé, hier à Alger, maître Fatima-Zohra Benbraham.
L’avocate s’est réjouie qu’il existe une «volonté politique» claire concernant l’examen du dossier des 8 000 Algériens disparus durant cette période et celui des essais nucléaires de Reggane, confié à une commission installée au niveau du ministère des Moudjahidine.
Soixante ans après la bataille d’Alger, il convient de lancer une réflexion sur «de nouveaux critères de contrôle pour identifier les disparus et attester des crimes du colonialisme français» contre des civils.
Les détails de cette stratégie, qui s’inscrivent dans le cadre des démarches visant à amener la France à reconnaître ses crimes, seront communiqués à l’occasion du 72ème anniversaire des massacres du 8 Mai 1945, selon elle.

Le nombre de disparus à la casbah d’Alger est estimé à quelque 8000 civils victimes de la répression militaire du général Massu, a indiqué la conférencière qui estime qu’une lecture juridique de ces événements est nécessaire. «Il ne faut plus se contenter de relater des faits historiques», a-t-elle indiqué expliquant dans sa conférence sur l’aspect juridique de la bataille d’Alger, que la France avait fait face au soulèvement des Algériens par la promulgation d’une batterie de lois et la généralisation de la torture contre eux.
La loi du 16 mars 1956 a généralisé la torture contre les Algériens évoquant des «mesures exceptionnelles pour le rétablissement de l’ordre, la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire».
Une loi, promulguée le lendemain, conférait à la police d’occupation des pouvoirs militaires sous l’autorité du général Massu en vue de mettre un terme à la bataille d’Alger, a-t-elle ajouté. Pour maître Benbraham, la bataille de l’Algérie est aujourd’hui une «bataille de lois».
Il existe de nombreuses preuves et témoignages de généraux français qui reconnaissent les crimes de guerre commis sous l’ordre du général de Gaulle.
Le but est de défendre «l’idée d’un crime d’Etat», une lutte qui a commencé avec maître Vergès, a-t-elle dit. La ratification par la France du traité de Rome de 1998 est un «moyen de pression» sur la France qui a reconnu que les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles, a-t-elle soutenu, avant d’ajouter que l’Algérie peut aujourd’hui utiliser cette carte universelle.