80 milliards de manque à gagner par an,La contrefaçon gangrène notre économie

80 milliards de manque à gagner par an,La contrefaçon gangrène notre économie
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Dans certains endroits de la capitale, les produits contrefaits, déclassés et hors normes constituent l’essentiel des marchandises proposées à la vente, à des prix imbattables.

Le marché de la contrefaçon que l’on désigne également sous le vocable de produits «Taiwan» fonctionne en marge de l’économie nationale et lui porte un grand coup. «Cela représente plus de 80 milliards de dinars par an de manque à gagner pour l’Etat», reconnaît un économiste membre du Conseil national économique et social (Cnes).

Au niveau du ministère du Commerce et du Forum des chefs d’entreprises (FCE), l’on estime à environ 80 le nombre des zones commerciales informelles ayant un rayonnement national, voire international, et dont les principaux «barons» ont pignon sur rue «parce qu’ils font fi des procédures légales de création et de fonctionnement des entreprises : absence de registre du commerce, de déclaration fiscale et parafiscale, de facturation…», dénonce un responsable au sein du FCE.

Ce dernier ajoute qu’en 1998, le FCE avait déjà attiré l’attention sur la gravité du problème de la contrefaçon et suggéré aux pouvoirs publics un certain nombre de mesures à prendre pour y remédier. C’est dans des zones de non-droit qu’est pratiqué au grand jour le commerce de produits contrefaits.

LG Algérie

A titre d’exemple, les localités d’El-Hamiz, d’El-Harrach et de Bab-Ezzouar sont, au niveau de la capitale, les plaques tournantes du commerce des produits contrefaits, déclassés et hors normes, allant de l’électroménager à la pièce de rechange, en passant par divers produits industriels. «Ils s’approvisionnent à partir de Shanghai, Taiwan, Istanbul et Dubaï», témoigne un transitaire au niveau d’Alger-Centre. Même s’il est avare en informations, ce dernier reconnaît que pour les produits importés par certains clients, «les opérations de transit s’effectuent dans des conditions opaques, à la faveur de réseaux impliquant souvent des complicités dans certains rouages de l’administration». Un constat dramatique qui met en péril l’existence des commerçants «légalistes», de plus en plus rares, avons-nous noté auprès de plusieurs revendeurs de divers produits au niveau de la localité d’El-Harrach et celle de Bab-Ezzouar.

En ces lieux, les produits contrefaits, déclassés et hors normes constituent l’essentiel des marchandises proposées à la vente, à des prix avec lesquels ne peuvent rivaliser ni les produits fabriqués localement ni ceux importés dans le strict respect de la légalité.

Comme il est impossible de résister à une concurrence aussi déloyale, les commerçants respectueux de la légalité n’ont alors d’autre choix que de se soumettre au diktat des trafiquants, en recourant à la fraude fiscale, reconnaissent plusieurs revendeurs qui affichent sur la devanture de leurs magasins : «Pièces automobiles d’origine». «Il n’y a pas d’autre solution, sous peine de baisser rideau», conclut notre interlocuteur qui, lui aussi, a versé dans l’arnaque, puisque de «pièces d’origine», il n’y a que l’inscription sur la devanture de son local.

R. Khazini