« Avec un parc de plus de 7 millions de logements pour une population de plus de 38 millions d’habitants, l’Algérie reste nettement en deçà des normes internationales admises en termes de taux d’occupation de logement », estime le président de la Fédération nationale es agences immobilières (FNAI) dans une déclaration à l’APS.
En effet, le taux d’occupation par logement, même s’il a évolué à la faveur des énormes programmes de construction de logements, il n’en demeure pas moins qu’il ne répond pas aux besoins incessants, ce d’autant que la demande dépasse de très loin l’offre. D’où justement la spéculation et l’émergence depuis quelques années d’intermédiaires illégaux qui activent dans ce secteur, courcircuitant ainsi les agences immobilières. Le procédé est simple, le client se présente à l’agence et engage la procédure, une fois en contact avec le vendeur, un intermédiaire surgit de nulle part et prend le relais moyennant commission un peu plus faible que celle de l’agence.
C’est ce qui fait dire au président de la FNAI que « près de 80 % des transactions immobilières sont effectuées par des intermédiaires anonymes. Le marché de l’immobilier n’étant pas visible, tout le monde y intervient». Abdelhakim Aouidat précise que deux ou trois intermédiaires peuvent se relayer sur un même produit et « provoquer artificiellement une surenchère des prix dans le seul souci d’un gain plus important. » Ainsi, sur une période de dix ans, l’inflation dans l’immobilier a connu une ascension fulgurante oscillant entre 400 et 600%.
Tout en déplorant l’inexistence dans le secteur du métier d’évaluateur de biens, M. Aouidat a indiqué que le m2 est évalué aujourd’hui à 140.000 DA pour les villes du Nord du pays. Il n’hésitera pas à tomber à bras raccourcis sur les organes et sites électroniques faisant dans les annonces immobilières. Il estime que leur rôle est néfaste en ce sens que les « prix fantaisistes qu’ils affichent contribuent à alimenter la flambée actuelle des prix. Dès lors, il plaide pour que ces sites ne publient que les annonces émanant des agences immobilières agréées ou du propriétaire du bien.
Le président de la FNAI n’a pas défoncé les portes ouvertes en confirmant l’hypothèse que l’origine des fonds qui alimentent la tendance à la flambée des prix provient d’un blanchiment massif de liquidités financières. « L’explication la plus probable est que l’argent investi dans l’immobilier est issu de l’économie informelle et de l’évasion fiscale », en plus de l’argent de la drogue et de la contrebande qui n’est nullement à exclure.
Le président de la FNAI a par ailleurs, dénoncé la sous déclaration du montant des transactions (vente ou location) lors de l’établissement de l’acte notarié. « Cette sous déclaration évaluée à près de 50 % du prix réel est une pratique généralisée, que nous avons souhaité éliminer en faisant une série de propositions à l’intention des pouvoirs publics. » Parmi ces suggestions, M. Aouidat avance la baisse des impôts, la réévaluation du parc immobilier.
Faouzia Ababsa