80 % des Algériennes portent le hidjab : Une  » mode  » dé… voilée !

80 % des Algériennes portent le hidjab : Une  » mode  » dé… voilée !

Et les femmes aussi. Sur les trottoirs mille fois repris des artères approximatives et des rues achalandées par le rebus de l’économie mondiale et qui font le bonheur du marché de l’informel, devant les lycées ou les facultés du pays, dans les bureaux ou les superettes, s’affairent des femmes, adultes ou ados, faisant et défaisant les jours.

Ces Algériennes qui tournent invariablement en rond dans leurs vies souvent carrées ont, cependant, un important point en commun : Depuis deux décennies, elles ont troqué haik local et tailleurs européens contre le hidjab. Partout où vous posez les yeux et dans huit cas sur dix, vous êtes sûrs de rencontrer le visage d’une femme ou d’une jeune fille entouré d’un foulard strict et le bas du corps couvert ou carrément emmitouflé dans une jupe ample. C’est désormais, et particulièrement, depuis l’avènement du Fis dissout, l’habit de ville et de travail des femmes algériennes. Jeunes ou vieilles, elles se sont toutes réglées sur la  » nécessité  » de porter le voile, de moins en moins la Djellaba, même si, il y a quinze ans de cela, il y en eut qui portaient jean’s et autres jupes courtes ou plissées. Selon une étude sur la  » connaissance des droits des femmes et des enfants : opinions, attitudes des Algériens, adultes et ados  » effectuée par le Centre d’information sur les droits de la femme et de l’enfant (CIDDEF),  » 80% des algériennes portent le hidjab « . *

Se voulant très précise, cette étude affirme que  » 8 femmes ( et 6 ados) sur 10 portent le hidjab ». L’étude ne dit pas combien portent le djelbab, cet habit bizarre importé de l’Afghanistan et de l’Iran et dont sont fières les Salafistes. Sur les raisons qui sont à la base de la généralisation de cet habit qui n’a rien à voir avec nos traditions maghrébine, il y aurait le dogme religieux ou les poids de la tradition. Selon les  » motivations générales  » dégagées par l’étude, et parmi les raisons qui poussent les Algériennes, jadis dans le vent ou dans leurs haiks, à porter le hidjab, il y a, bien entendu, le mimétisme : parce que tout le monde le fait, il n’y aurait pas de raison que telle femme lamda ne fasse pas pareil.

Le voile, pour ne pas se donner…en spectacle 

Nous avons fouiné dans notre entourage immédiat et abouti à ces perles, d’autant hallucinantes qu’elles sont proférées par de jolies bouches des jeunes femmes dites intellectuelles puisqu’elle travaillent dans les médias. Pour Amel, « Il est difficile, sachant les regards scrutateurs et tous les on-dit de la société de ne pas faire comme tout le monde. Il y a une forte lutte à mener si on veut se singulariser. Et je n’en ai ni l’envie ni le courage. Je préfère employer mon temps à me construire matériellement plutôt qu’à couper les cheveux en quatre, d’autant que porter un foulard sur un jeans ne me gène pas vraiment « . Pour Anissa, c’est comme ça et on ne peut pas faire autrement : « D’ailleurs, je ne vois pas ce que tu trouves de bizarre à cela, monte-t-elle rapidement sur ses grands chevaux. Où est le mal à ce qu’une jeune femme de bonne famille se couvre le corps et les cheveux pour ne pas se donner…en spectacle ?  » Ah, bon ! Parce que celles qui ne se couvrent pas la tête ne seraient pas de bonne famille? Pour beaucoup de femmes qui portent ce « voile » moyen oriental, le souci est surtout d’ordre privé.

Personne, à les écouter, n’a le droit de porter un jugement sévère sur l’habit des autres. Pour certaines, c’est un signe protecteur et en même temps libérateur. Protecteur, dira Anissa, « parce qu’il nous met à l’abri des regards malveillants et vicieux. Quand une femme est voilée, elle n’attire pas outre mesure les embêtements masculins et les remarques des importuns… ».Le hidjab est aussi libérateur,  » parce que, selon la même interlocutrice, il nous permet de nous mouvoir à l’aise, en société, sans avoir recours à ces tics éreintants à la longue, de tirer sur sa jupe pour la ramener sur ses cuisses ou d’ajuster son pantalon. »

Pour d’autres, le port de cet habit ou même du simple foulard, s’il relève souvent des simples  » obligations familiales », est aussi d’essence religieuse pour le quart des femmes interrogées : « Nous sommes des musulmanes, nous dira une consœur, par parenthèse très pieuse et pratiquante, et nous devons suivre les préceptes de notre religion qui veut que toute femme croyante se doit de couvrir son corps et ses cheveux pour ne pas tenter le diable et….les hommes », précise-t-elle en riant . L’enquête relève également que l’influence de la télévision satellitaire arabe est pour 20% dans le port du hidjab pour les femmes algériennes, surtout les adolescentes.

Les médias, les prêches et les cabarets

Les invitations des médias à le faire sont en effet nombreuses et variées. Cela peut aller des prêches doucereux de Amr Khaled à ceux incendiaires de Om Aïcha en passant par toute la panoplie religieuse qui s’incruste entre les deux extrémités.

L’appel de la télé se fait également par le biais de l’accoutrement de certaines starlettes du cinéma, de la chanson ou même de la télé, voir l’algérienne Bengana d’eL Djazira. « Ces femmes sont belles dans leurs hidjabs, on peut donc en faire autant pour être aussi belle ». Voire sexy ? Reste donc que dans le port de cet habit qu’on met différemment -du simple foulard sur le jeans moulant jusqu’à cette horrible bâche de couleur terne en passant par les jupes amples et les jellabs foulard- l’identité nationale et la culture algérienne en sont à prendre un sacré coup. Exit le haik local, la djellaba maghrébine et autre seroual algérois qui faisaient la fierté de nos bonnes vieilles algériennes. Reste aussi que suivant les résultats de l’étude du Ciddef , si 80% des Algériennes portent le hidjab, il y a donc 20% qui en font fi.

Où se recrutent ces résistantes de la société actuelle ? Le point de vue de Meriem, une « commerciale » qui a le vent en poupe et les cheveux dans ce même vent, résume presque tous les autres points de vue de ses semblables, indécrottables porteuses de jeans taille basse au moment où le foulard est de rigueur :  » je m’en fou de la façon dont se « carapassent » les autres. Moi, je ne porterais jamais cet habit hideux. Je me sens bien en jeans-basket et tout comme je ne voudrais pas imposer la façon de m’habiller aux autres, je n’aimerais pas que les autres m’imposent la leur. Chacun son périmètre et les vaches, si on peut dire ça comme ça, seront bien gardées ».

A relever que dans beaucoup de discothèques mal famées de la Corniche oranaise, les filles racoleuses portent, en dehors de leurs heures de travail, le hidjab. Depuis, Hassan II et ses fourberies, le royaume marocain l’impose aussi à ces prostituées. Si bien que …D’ailleurs, ne dit-on pas que l’habit ne fait pas le moine. Mais, comme on est en démocratie, c’est vous qui voyez, comme dit le comique.

A.E.H.