80 000 tonnes de ciment volées à l’usine de Raïs Hamidou

80 000 tonnes de ciment volées à l’usine de Raïs Hamidou

De faux dossiers techniques achetés à un million de centimes chacun ont été utilisés pour permettre à certains entrepreneurs de s’alimenter en quantités importantes de ciment.

80 000 tonnes de ciment ont été dérobées en l’espace de quelques mois seulement par plusieurs entrepreneurs, c’est ce qu’à révélé une enquête de la section de recherche et d’investigation du Groupement de la Gendarmerie nationale de Bab J’did. Cette enquête nationale est toujours en cours, selon une source proche de cette section. Ce qui signifie que d’autres détournements de ciment seront découverts par les enquêteurs dans les jours qui suivent.

D’autre part, plusieurs entrepreneurs sont arrêtés par la Gendarmerie nationale dans le cadre de cette affaire. Ces derniers sont accusés de détournements de grosses quantités de ciment, et surtout de trafic de faux documents techniques pour l’achat de tonnes de sacs de ciment. En effet, les enquêteurs de cette brigade ont découvert que de faux dossiers techniques achetés à un million de centimes chacun ont été utilisés pour permettre à certains entrepreneurs de s’alimenter en quantités importantes en ciment auprès de cimenteries, apprenons-nous de source proche de l’enquête.

Le procédé est simple, utiliser ces faux documents pour «attester» de l’octroi d’importants projets, présenter ces faux dossiers et, ainsi, s’alimenter auprès de ces cimenteries. Le pot-aux- roses a été découvert, en premier lieu, à la cimenterie de Raïs Hamidou et celle de Sour El Ghozlane, ajoute cette source.

Des entrepreneurs ont présenté, à travers ces faux dossiers, des projets fictifs de réalisation de logements sociaux et participatifs. Dans la plupart des cas, ces entrepreneurs ont présenté de faux contrats avec l’Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI).

Ce que les enquêteurs ont noté, c’est l’absence de contrôle de la part des services commerciaux des cimenteries concernées par cette affaire. Des déplacements ont été effectués par les enquêteurs de la brigade de recherche du groupement de la wilaya d’Alger de la Gendarmerie nationale sur les lieux censés, selon ces faux dossiers, abriter ces projets et ont découvert qu’aucun chantier n’était installé.

Il s’agit de projets fictifs. Un dossier technique est exigé par les cimenteries aux entrepreneurs engagés dans la réalisation de projets pour les alimenter en quantités de ciment suffisantes pour la concrétisation de ces projets. Ces dossiers doivent contenir des contrats signés avec le maître de l’ouvrage, ainsi que d’autres documents dont celui prouvant l’octroi du marché.

Ces faux dossiers techniques contiennent de faux documents de façon à obtenir ces quantités de ciment. L’enquête de la Gendarmerie nationale a découvert que ces entrepreneurs écoulent ensuite ces quantités de ciment achetées auprès de ces cimenteries au prix de 280 DA ou 320 DA le sac, à des acheteurs au prix de 400 DA le sac, qui, à leur tour, les revendent à un prix pouvant atteindre 700 DA le sac.

Suite à la découverte de cette affaire, la Gendarmerie nationale mène une enquête qui touche les cimenteries de Mascara, Meftah, Tébessa, Chlef et Saïda, apprenons-nous de cette source. Il est à noter, par ailleurs, que le trafic de ciment cause un préjudice certain au programme de réalisation de un million de logements inscrit dans le nouveau plan quinquennal, puisque des entrepreneurs engagés dans ce projet n’arrivent pas à obtenir les quantités suffisantes de ciment.

Par Sofiane Abi