8 morts et 229 blessés dans des heurts au Caire,Les égyptiens balancent entre “révolution” et “contre-révolution”

8 morts et 229 blessés dans des heurts au Caire,Les égyptiens balancent entre “révolution” et “contre-révolution”

Au lendemain de la deuxième phase des élections législatives, Le Caire a replongé dans la violence avec de sanglants affrontements entre les manifestants de la place Tahrir et les forces de sécurité, soulevant des interrogations sur l’issue de ces événements.

De violents affrontements ont repris hier entre manifestants hostiles au pouvoir militaire et forces de l’ordre au Caire au lendemain de heurts sanglants, qui ont fait 8 morts et 229 blessés.

Réagissant à ces événements sanglants, le Premier ministre Kamal el-Ganzouri évoquant un risque de “contre-révolution”. Ces violences sont les plus graves depuis celles qui avaient fait 42 morts, principalement au Caire, entre manifestants anti-armée et forces de l’ordre, fin novembre avant le début le 28 novembre des premières législatives depuis la chute de Hosni Moubarak en février, chassé par une contestation populaire. Les forces de l’ordre ont repris le contrôle hier, tôt le matin, des abords du siège du gouvernement. D’importants effectifs de soldats et de policiers ont barré les accès à ce secteur, en déployant notamment des barbelés, à quelques centaines de mètres de la place Tahrir, épicentre de la contestation. Après quelques heures de calme, Les heurts ont repris, avec des groupes de manifestants jetant des pierres et des cocktails Molotov, selon un journaliste de l’AFP sur place. Des hommes en civil leur jetaient des pierres et des bouteilles enflammées depuis des toits d’immeubles. Pis encore, les affrontements se sont étendus en fin de matinée aux alentours de la place Tahrir, où des centaines de manifestants jetaient des pierres aux forces de sécurité. Un épais nuage de fumée noire s’élevait de la place, où des incendies se sont déclarés dans deux bâtiments ministériels. Des militaires poursuivaient des manifestants dans les rues avoisinantes et en ont interpellé plusieurs, selon les agences de presse. Le Premier ministre a fait état de 18 blessés par balle, mais a assuré que “ni l’armée ni la police n’ont ouvert le feu” sur les manifestants. “Ceux qui sont à Tahrir ne sont pas les jeunes de la révolution”, a affirmé Kamal Ganzouri, en allusion à la révolte qui a débouché sur la chute du régime Moubarak. “Ce n’est pas une révolution, mais une contre-révolution”, a-t-il ajouté en mettant les violences sur le compte d’“éléments infiltrés qui ne veulent pas du bien à l’Égypte”. Pour rappel, les affrontements avaient débuté vendredi matin entre les forces de l’ordre et des manifestants qui campaient depuis fin novembre devant le siège du gouvernement pour protester contre la nomination par l’armée de Kamal El-Ganzouri, qui fut déjà Chef du gouvernement sous Hosni Moubarak. Les manifestants réclament également la fin du pouvoir militaire qui s’est mis en place au départ de Moubarak, et s’en prennent en particulier au chef de l’armée et chef de l’État de fait, le maréchal Hussein Tantaoui. Le pouvoir militaire a rendu les manifestants responsables de la violence, dans un communiqué publié la veille, les accusant d’avoir lancé des cocktails Molotov et tiré à la chevrotine. “Même si le sit-in était illégal, doit-il être dispersé d’une manière aussi sauvage et brutale, qui constitue une plus grande violation de la loi et de l’humanité ?” s’est indigné Mohamed El-Baradeï, candidat potentiel à la présidentielle, sur Twitter. Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), issu des Frères musulmans, en tête des élections législatives en cours, a condamné “l’agression contre les manifestants et la tentative de les disperser”, appelant l’armée à assurer leur protection. L’élection de la chambre des députés (Assemblée du peuple), qui s’est ouverte le 28 novembre et doit encore se poursuivre jusqu’en janvier, s’est traduite par une large domination des formations islamistes au détriment des partis libéraux et des mouvements issus de la révolution. Une première phase du scrutin, dans un tiers du pays, avait donné 65% des voix aux partis islamistes dans leur ensemble, dont 36% pour les Frères musulmans et 24% pour les fondamentalistes salafistes.

Merzak T. /Agences