Telle est la conclusion d’une étude que vient de réaliser une cellule de réflexion du Syndicat national du personnel de l’administration publique (Snapap) sur la vie socioprofessionnelle des travailleurs de la Fonction publique et publiée hier. Ainsi, sur un échantillon de 22 482 fonctionnaires interrogés dans le cadre de cette enquête, 17 248 d’entre eux, soit 76,71%, déclarent être obligés de recourir à chaque fin du mois à l’endettement pour satisfaire les besoins de leur progéniture.
La plupart des travailleurs de la Fonction publique dépensent plus qu’ils ne gagnent. Cette situation, qui dure pour eux depuis des années, leur a causé, selon les réponses recueillies par les syndicalistes du Snapap, des pressions sociales, psychologiques et des maladies chroniques. « L’étude nous a permis de diagnostiquer la situation déplorable des fonctionnaires algériens », a déclaré hier Khemis Ali, vice-président de l’Union nationale de la santé au Snapap.
Ce syndicaliste regrette le fait que les prix des produits alimentaires aient augmenté de près de 200%, alors que les salaires des fonctionnaires n’ont été augmentés que de 20%. Conséquence, « le pouvoir d’achat des travailleurs s’est beaucoup dégradé ces dernières années », estime-t-il. Les salaires ne couvrent pas les besoins nécessaires des travailleurs. Appliquée à toutes les catégories sociales, cette étude montre que la grande partie du salaire (67,72%) est réservée à la satisfaction des besoins familiaux, tels que les produits alimentaires et les produits d’entretien. Une situation qui a amené 98,96% des fonctionnaires interrogés à affirmer qu’ils ne sont pas satisfaits de leur salaire, « cela au moment où des ministres et des députés perçoivent des salaires faramineux ». La même étude a relevé que « les dépenses pour couvrir les besoins des enfants et des conjoints sont de l’ordre de 21,5% du salaire moyen des fonctionnaires, alors que les dépenses personnelles représentent 22,09% ». Résultat : la dépense mensuelle globale d’un fonctionnaire s’élève à 126,42%, en incluant les autres catégories de dépenses et les charges. Ce qui nécessiterait aux fonctionnaires, selon l’étude réalisée par le Snapap, un surplus de 11 100 DA par mois pour pouvoir subvenir aux besoins de leur famille. Par ailleurs, près de 40% des travailleurs déclarent ne pas avoir de logement social, 11% disposent de logements sociaux locatifs, alors que 28,94% d’entre eux sont sans logis.
Le salaire ne permet plus de bénéficier d’un logement social participatif vu que le salaire imposé est supérieur ou est égal à 24 000 DA par mois. Pour les initiateurs de cette étude, « cette situation interpelle les responsable du pays ». La politique salariale adoptée ne prend pas en compte le pouvoir d’achat et l’économie du marché et les moyens financiers dont dispose le Trésor public. Aussi proposent-ils de revoir la grille des salaires et le reclassement des catégories des fonctionnaires et l’adaptation des primes et des indemnités. Les syndicalistes du Snapap demandent également de revoir à la baisse l’IRG et stimuler les travailleurs du Sud avec des primes zonales. Pour eux, l’augmentation du SNMG est insuffisante, il est nécessaire d’augmenter le point indiciaire à 60 DA.