700.000 souscripteurs ébranlés par le départ de Benidir, « Epargnez nos logements Aadl »

700.000 souscripteurs ébranlés par le départ de Benidir, « Epargnez nos logements Aadl »

L’ancien directeur général de l’Aadl, Lyes Benidir

Du côté du ministère de l’Habitat on rassure: «Les programmes Aadl avancent bien et tous les souscripteurs recevront effectivement leurs logements.»

Appréhension, angoisse et inquiétude. L’annonce du départ hier, de l’ancien directeur général de l’Aadl, Lyes Benidir a eu l’effet d’un séisme qui a ébranlé des centaines de milliers de souscripteurs. «Vont-ils honorer leurs engagements?», «nos logements seront-ils livrés», «les programmes annoncés par le ministre seront-ils réellement réalisés», s’interrogent, très inquiets, des dizaines de citoyens qui ont joint hier la rédaction. Ces derniers, qui caressaient le rêve d’avoir un logement, craignent de voir leur espoir s’évaporer après des décennies d’attente. C’est le spectre Lazhar Bounafaâ qui revient en surface.

M. Bounafaâ qui a lancé le projet Aadl en impulsant une vraie dynamique dans l’avancement des chantiers et suscité un réel espoir au sein des populations. Les programmes du logement patinent. S’achemine-t-on vers une nouvelle crise «Aadl 2001-2002»? C’était au début des années 2000, alors que la société algérienne qui était en convalescence de dix années de guerre civile retrouvait le goût de vivre et le droit d’espérer. Pour des raison strictement politiciennes, Lazhar Bounafaâ a été limogé, le projet Aadl gelé et les espoirs envolés. On est certes loin de ce scénario, car les projets sont lancés et si pour des raisons d’Etat, il va falloir rappeler Benidir à son poste, le gouvernement doit s’y appliquer.

Du côté du ministère de l’Habitat, on rassure: «Les programmes Aadl avancent bien et tous les souscripteurs recevront leurs logements.» Seulement, cette assurance n’aura absolument aucun effet sur le moral des souscripteurs si elle n’est pas suivie d’actes concrets sur le terrain et les actes concrets sont une distribution de ces logements Aadl qui sont prêts ou tout au moins, indiquer des sites aux bénéficiaires, pour qu’ils aient ne serait-ce qu’une vague idée sur leurs futurs lieux d’habitation. Car la démission, le départ, du désormais ex-directeur général de l’Addl n’est pas faite pour arranger les choses en ces moments de fragilité sociale. Ce sont 700.000 Algériens à qui on a promis, chez qui on a entretenu de l’espoir et à qui on a mis de l’eau à la bouche. Le gouvernement a-t-il le droit de décevoir autant d’Algériens?

L’impact social risque d’être grave et il y va surtout de la crédibilité de l’Etat. Sommes-nous alors devant un conte de fées quand le ministre de l’Habitat Abdelmadjid Tebboune annonce la fin de la crise du logement d’ici 2017 et l’éradication des bidonvilles en 2016? Selon des chiffres rapportés par la presse, jusqu’à fin décembre 2014, seuls 96.000 logements sur les 230.000 prévus par le programme Aadl d’ici 2018 ont été réalisés, soit 41%. Face à la pression d’une demande croissante, le ministère de l’Habitat a décidé, récemment, il y a une semaine, d’instituer un «certificat négatif» attestant que les souscripteurs aux programmes Aadl ne disposent pas d’autres habitations. Lyes Benidir a fait savoir à certains confrères qu’il n’a pas été limogé mais qu’il a démissionné de son poste à la tête de l’agence pour des «raisons personnelles». Mais l’information de son départ date d’il y a exactement un mois.

Dans son édition du 10 mars dernier, le journal Ennahar rapportait que le directeur général de l’Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement a été démis de ses fonctions. Une information officiellement démentie par le ministre de l’Habitat, M.Tebboune et le DG de l’Aadl lui-même déclarant qu’il est toujours à son poste. Mais depuis, la crise entre les deux hommes s’est apparemment exacerbée et la rupture a été de ce fait inévitable. Aussi, la démission de M.Benidir coïncide avec la mise en place, par le ministre de l’Habitat, d’un nouveau plan de restructuration de l’Aadl. Six directions régionales ont été créées dans le cadre de ce plan: Alger Est, Alger Ouest, Oran, Constantine, Annaba et Ouargla. A ces directions, s’ajoutent des directeurs adjoints.

On se retrouve avec une direction centrale de l’Aadl éclatée. Elle se compose de la direction générale adjointe de la maîtrise d’ouvrage, la direction générale adjointe de la souscription et de la commercialisation, la direction générale adjointe de la gestion immobilière et la direction générale adjointe des finances et de l’administration générale. Dans le même sillage, Mohamed Belhadi a été nommé au poste de directeur général de l’Entreprise nationale de promotion immobilière (Enpi).Une restructuration qui n’a pas été du goût de M.Benidir qui a claqué la porte.