Certes, la carte d’identité biométrique est une grande avancée pour le pays, sa délivrance à tous les candidats au bac serait même un exploit, surtout en si peu de temps, mais qui au final servira à quoi?
Doter tous les candidats au baccalauréat 2016 de cartes d’identité biométrique. Voilà l’inutile défi que s’est lancé l’administration publique en cette année 2016. En effet, que ce soit le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui ou la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, ils ne cessent de répéter fièrement que 700.000 cartes d’identité biométriques seront délivrées pour les candidats au bac.
Certes, la carte d’identité biométrique est une grande avancée pour le pays, sa délivrance à tous les candidats du bac serait même un exploit, surtout en si peu de temps, mais qui au final servira à quoi? Mis à part à faire de beaux et grands titres dans la presse nationale, la carte d’identité biométrique n’apportera rien de concret aux élèves et encore moins à leurs surveillants. Elle sera peut-être plus pratique a transporter que notre bonne vieille «khadra», mais au final ce ne sera que de la poudre aux yeux des élèves qui auraient préféré voir cette modernisation toucher leurs classes, avoir véritablement accès aux nouvelles technologies, des cours numériques qui les aideront à mieux assimiler, que leurs cours d’informatique ne se limitent pas à ouvrir une page Word où à allumer et à éteindre un ordinateur vieux de 100 ans. Ils auraient préféré des mesures qui leur faciliteraient leurs quatre jours d’examen.
Ce qui n’est sûrement pas dans les cordes d’une carte en silicone, sauf si la «made in bladi» est magique.
Alors, à quoi cela sert de mettre autant de pression sur notre administration? Elle devrait délivrer 70% de son quota annuel avant le mois de mai (le ministère de l’Intérieur table sur près d’un million de cartes nationales d’identité biométrique confectionnées cette année, Ndlr).
Encore plus compliqué: elle devra faire le tri entre tous les demandeurs de cette carte pour en tirer les candidats au bac et leur donner la priorité. Bref, c’est ce qu’on appelle l’art de se compliquer la vie pour rien. Cela ne fera au final que retarder le bon déroulement de l’opération pour un résultat quasiment nul.
On aurait espéré que ce soit sur le paiement électronique qu’autant de bruit soit fait. Mais au final, ce n’est qu’une carte d’identité biométrique qui ne changera pas grand-chose à beaucoup de ces 700.000 candidats. Cette carte dont la durée de vie sera limitée à cinq ans pour les citoyens âgés de moins de 19 ans et à 10 ans pour les plus de 19 ans, aura beaucoup d’avantages mais qui ne sont pas vitaux pour nos futurs bacheliers.
Elle permettra au citoyen de se passer des documents physiques et facilitera les inscriptions universitaires et scolaires, de même que l’accès à la sécurité sociale et allégera la pression sur les services de l’état civil, en se substituant au livret de famille.
Ledit document permettra aussi de sécuriser les informations personnelles du citoyen, de pallier la falsification des documents et de remplacer le passeport, en vertu d’un accord qui sera signé entre l’Algérie et le pays d’accueil. Certes, elle oeuvre à faciliter la vie quotidienne, mais on aura bien vécu 54 ans sans elle…