70% de la population vivent dans les zones urbaines : La ville algérienne face aux défis du développement durable

70% de la population vivent dans les zones urbaines : La ville algérienne face aux défis du développement durable

La question fort intéressante de la ville a fait l’objet, hier à l’occasion de la Journée internationale de la Ville, d’une rencontre à la thématique ambitieuse : « la ville algérienne face aux enjeux et défis du développement durable ».

La rencontre a eu lieu au Centre international des conférences d’Alger, en présence notamment des ministres de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelwahid Temmar, et de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, ainsi que de nombreux experts nationaux et étrangers, dont Christian Portzamparc, architecte et urbaniste français renommé et récipiendaire de plusieurs prix internationaux. Les experts, spécialistes et autres urbanistes, se sont penchés sur la question de repenser l’espace urbain national et de réfléchir sur les moyens de répondre aux besoins d’une population qui vit majoritairement, dans une proportion de 70%, dans les villes. Cette rencontre, d’une journée, aura été également une occasion de mener une réflexion entre les décideurs, les chercheurs et les professionnels concernés par le développement durable de la ville, son avenir et les voies de son développement, selon les explications des organisateurs. Dans son discours d’ouverture, M. Temmar a indiqué que ce séminaire visait notamment à identifier les voies et moyens de construire des villes écologiques compatibles avec le développement durable, et que l’Etat accorde une importance capitale à cette question. En effet, a-t-il argué, «le défi actuel consiste à répondre à la fois aux besoins croissants en matière de logement et à respecter l’aspect civilisationnel et environnemental». Il soulignera que la vision prospective de la ville nécessite l’implication de l’ensemble des acteurs à commencer par l’administration locale, représentée par les walis et les élus, les intellectuels, les professionnels, les experts et les opérateurs en charge de la gestion de la ville, outre la société civile et les associations activant dans le domaine, qui doivent jouer -a-t-il dit- un rôle efficace et complémentaire dans ce sens.

Pour sa part, M. Bedoui a relevé l’importance accordée par l’Etat au développement durable et à la réalisation d’un tissu urbain reflétant l’envergure de la civilisation algérienne dans toutes ses dimensions. Le ministre de l’Intérieur annoncera à cette occasion qu’une dizaine de daïras viennent d’être promues en wilayas déléguées. Après avoir rappelé que les collectivités locales étaient les principaux partenaires dans la définition, la gestion et la mise en oeuvre de la politique de la ville, M. Bedoui a mis en avant le rôle de la commune et de la wilaya, qui constituent la base de la décentralisation à travers leurs assemblées élues. Le développement urbain intégré et durable auquel aspirent toutes les parties pour améliorer le cadre de vie nécessite une réforme du système financier et fiscal local afin de permettre aux collectivités locales de s’acquitter de leur rôle économique, notamment en matière de création de la richesse et de promotion d’une dynamique économique locale, a ajouté M. Bedoui.

De son côté, Christian Portzamparc abordera la nécessité de construire différents espaces en rapport avec la vie de l’homme, d’où «l’importance de la rue, de la place dans la construction des villes». Se disant de l’école de Le Corbusier, il insistera sur «la leçon de l’ombre et de la lumière qu’on peut apprendre dans un pays comme l’Algérie». Pour Portzampac, «il ne s’agit pas de construire des villes de camps et d’enclaves», comme c’est le cas dans certaines villes d’Europe, l’Algérie a encore la chance d’échapper à cette tendance. «Il faut revenir à une ville qui a des boulevards, qui a des rues, c’est très important, bien sûr en faisant attention à ses dimensions», dira-t-il. En terminant son intervention, il présentera le projet d’un Parlement à Alger prévu dans la zone des Abattoirs, lequel a été choisi parmi d’autres propositions. «C’est un projet exceptionnel où la notion de la dimension des espaces est, en même temps, moderne et parle avec d’autres sens, ceux de l’architecture méditerranéenne» dira-t-il. Chemseddine Chitour, professeur à l’École polytechnique d’Alger et expert en énergies renouvelables, quand à lui, notera dans son intervention qu’il ne s’agit pas d’essayer de regarder ce qui se fait ailleurs, et qu’il suffit d’observer et de «régler nos problèmes avec nos propres spécificités». «Il ne peut y avoir de villes de qualité sans énergie propre, sans régler par exemple la question primordiale de l’eau», soulignera-t-il. Notons que plusieurs ateliers intéressants ont eu lieu le long de l’après-midi sous les thématiques : «Politique de la ville: le cadre juridique face aux nouveaux enjeux et défis», «La gestion intégrée de la ville: vers une bonne gouvernance urbaine», «La ville intelligente, écologique et résiliente: concepts et faisabilité», et, enfin, «L’économie urbaine : management et mécanismes de financement pour le développement durable».