70 ans après les massacres du 8 mai 1945, Alger et Paris loin du traité d’amitié mais des relations au « beau fixe »

70 ans après les massacres du 8 mai 1945, Alger et Paris loin du traité d’amitié mais des relations au « beau fixe »
70-ans-apres-les-massacres-du-8-mai-1945-alger-et-paris-loin-du-traite-damitie-mais-des-relations-au-beau-fixe.jpg

Officiellement, les relations algéro-françaises sont au « beau fixe ». La question du Sahara Occidental fait partie des divergences entre Paris et Alger mais, observe un journaliste qui a assisté récemment à une rencontre avec Jean-Pierre Raffarin, président de la commission des affaires étrangères et de la défense au sénat français, les officiels algériens « n’évoquent pas ou très peu le sujet dans leur discussion avec les officiels français ».

Jean-Pierre Raffarin a confirmé d’ailleurs au cours cette rencontre avec les journalistes que le sujet n’a pas été évoqué lors de ses rencontres avec les officiels algériens.

L’autre grand sujet de discorde, la qualification et l’établissement des faits, durant la période de l’occupation coloniale n’est devenu réellement une affaire d’Etat en Algérie qu’après la promulgation de la loi du 23 février 2005 qui disposait, en son article 4, que les « programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit ».

Le gouvernement algérien avait réagi des semaines après les historiens et enseignants d’histoires français qui avaient soulevé le lièvre d’une disposition passée en catimini. Les historiens s’insurgeaient contre une tentative d’imposer une lecture officielle de l’histoire qui « vient couronner un intense travail du lobby se posant en représentant des rapatriés d’Algérie » comme le notaient dans un texte paru dans le journal Le Monde les historiens Raphaëlle Branche, Claude Liauzu, Gilbert Meynier, Sylvie Thénault.

Dans les mois qui suivirent, la « famille révolutionnaire » à la suite du président Abdelaziz Bouteflika, est montée au créneau. Certains députés ont même proposé une loi incriminant le colonialisme que le gouvernement algérien n’a pas endossé. Mais la loi du 23 février 2005 – dont les aspects litigieux seront abrogés par la suite – aura eu raison du « grand projet » caressé par Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac, la signature d’un « traité d’amitié entre l’Algérie et la France qui était « techniquement prêt » mais à qui il restait un « habillage politique » à faire.

Le traité d’amitié aux oubliettes

Feu Bachir Boumaaza, ancien ministre et président du sénat et auteur du livre e La Gangrène expliquait en juin 2005 dans un entretien à Florence Beaugé pourquoi cette loi du 23 février rendait l’habillage politique en question impossible.

« Les responsables français ont souvent dressé, ces derniers temps, un parallèle entre le traité franco-allemand et le traité en préparation entre l’Algérie et la France. Est-ce que le traité de l’Elysée-qui scella la réconciliation franco-allemande- aurait vu le jour avec une Allemagne continuant à faire l’apologie du nazisme ? La loi du 23 février 2005 s’apparente moralement à la démarche révisionniste concernant le nazisme ».

Le ton de Bouteflika – qui avait également un référendum à faire passer – s’est durci au fil des mois. Il a dénoncé un « outrage », une preuve de « cécité mentale ». En juillet 2006, lors d’un colloque organisé à Alger, sur le thème était « Le colonialisme : entre vérité historique et polémique politique », dans un texte lu par conseiller Mohamed Ali Boughazi , il affirmait que faire l’impasse sur la vérité historique « ne fera qu’élargir le fossé et compromettre l’avenir des relations entre deux pays ».

L’occupation de l’Algérie a été « l’une des formes de colonisation les plus barbares de l’Histoire », « une barbarie caractérisée par la destruction et les violations flagrantes des droits naturels et civiques les plus élémentaires du peuple algérien ».

Mais si le traité d’amitié est passé aux oubliettes, la question de la repentance est devenue secondaire dans le discours des officiels même si les membres de la « famille révolutionnaire » tentent d’entretenir la thématique.