L’économie souterraine brasse 50% de la masse monétaire en circulation, soit près de 50 milliards de dollars. Tout se traite en cash. Environs sept sur 10 Algériens ne possèdent pas de compte bancaire, selon la Banque mondiale. L’informel est sans doute un secteur qui gangrène depuis des lustres l’économie nationale. Il existe en Algérie des milliers de sociétés «écrans», représentant un volume de transactions de l’ordre de plus de 20 à 25% du PIB.
L’économie informelle brasse 50% de la masse monétaire en circulation soit près de 50 milliards de dollars, disent les économistes. L’inexistence de crédits et de contrats, expliquent en partie la corruption. Mais, de plus en plus de liquidités se trouvent hors secteur bancaire et plus de 40 milliards de dollars circulent en cash dans le pays. Une sous-bancarisation de la population et un grave déficit de projets bancables en dehors des investissements étatiques dopent également ce phénomène.
Cette situation engendre de fortes liquidités et enfonce davantage une économie dominée par le commerce «extérieur» ou l’import -import. En outre, selon les opérateurs économiques, «il y a très peu de demandes de crédits hors fonds de roulement et commerce extérieur et l’investissement non étatique est devenu aujourd’hui chose rare, sinon inexistant dans le pays». Toutefois, ce phénomène ne cesse de gagner du terrain devant le laxisme du pouvoir qui craint, par-dessus tout, les révoltes populaires.
D’autre part, devant l’absence de volonté politique et le faible engagement des pouvoirs publics à lutter contre ce phénomène, l’informel fais florès. Il est clair que la volonté politique prévalant actuellement favorise la paix sociale au détriment de tout ce qui est légal. Le recul du gouvernement devant les barons sur l’obligation d’utilisation du chèque pour les montants dépassant 500.000 DA qui devait entrer en vigueur le 31 mars 2011, la non-facturation des transactions commerciales ont permis à l’informel de prospérer.
En définitive, l’image des sachets noirs bourrés de billets de banque de 2000 DA voire de 5000 ou 10.000 DA à l’avenir, ne sera pas bannie en Algérie de sitôt. Tout le monde s’accorde à dire que l’économie souterraine est dominante car l’importation qui est privilégiée à la production nationale, est responsable du marché informel. La non-facturation des fournitures et services, la non-application de la réglementation de change par la création de bureaux officiels de change tels que prévus par la loi, et l’élimination du marché parallèle de la devise, sont autant de facteurs illustrant l’absence de toute stratégie économique propre au gouvernement.
Incapables de s’attaquer au puissant lobby de l’import, les pouvoirs publics peinent à réhabiliter l’autorité de l’Etat. Par son fonctionnement, le marché interbancaire des changes et le marché «noir» des devises s’influencent mutuellement. L’Algérie accuse un énorme retard concernant le paiement électronique. Ce moyen de paiement moderne reste marginal avec seulement 3000 à 4000 TPE. Par ailleurs, selon les chiffres révélés par Global Financial Development Report 2014: Financial Inclusion, 33,3% des adultes algériens possèdent des comptes bancaires dont 1,5% seulement contractent des crédits bancaires.
Ces taux ne sont pas loin de ceux enregistrés chez nos voisins tunisiens. Le réseau bancaire algérien reste le moins développé dans
la région et celui qui couvre le moins la demande de services bancaires. L’Algérie est pénalisée par son système bancaire qui, en dépit de sa surliquidité, est incapable de répondre aux besoins de financement du développement du pays.
Le rapport révèle, par ailleurs, que l’Algérie accuse un énorme retard en ce qui concerne le paiement électronique. Ces faiblesses en termes d’inclusion financière s’expliquent essentiellement par des facteurs religieux et par la pauvreté qui touche une plus grande tranche des populations. Face à ce constat, la Banque mondiale plaide pour le lancement des services en conformité avec les principes de la charia. Enfin, le pays a ouvert ses ports et ses aéroports à toutes sortes de marchandises, et même au transfert illicite d’argent.