Elles ne sont, en Algérie, que 7% à pratiquer l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois, contre un taux variant entre 30 et 47% dans les pays voisins.
Plus qu’une obligation, l’allaitement maternel est un choix. Ces dernières années à l’étranger, l’on assiste à un véritable retour en grâce de l’allaitement maternel. Certains y voient même un effet de mode. Tout le monde s’y met pour vanter les mérites du lait maternel, comme étant le meilleur aliment qui soit pour bébé. Pourtant, allaiter son enfant est loin d’être une décision facile pour bon nombre de femmes. Le choix est nettement plus difficile à faire pour ces mamans qui, indécises, redoutent d’être une mauvaise mère si elles ne donnent pas le sein.
De ce fait, pour celles qui, par instinct, ont déjà choisi d’allaiter leur enfant naturellement, et pour qui la question ne se pose pas, et là il faut dire qu’elles sont rares, tout baigne dans le meilleur des mondes de la maternité. C’est d’ailleurs ce que nous dira Malika, 35 ans, cadre d’une entreprise privée : «Dès que j’ai accouché, on a déposé ma fille sur moi, et tout de suite après, je lui ai donné le sein. C’était la chose la plus naturelle pour moi. C’est un sentiment fort que de savoir que ma relation avec bébé ne se rompait pas avec la rupture du cordon ombilical. C’est vrai que les premiers jours de l’allaitement, c’était un peu douloureux, mais une fois cette phase passée, tout s’est déroulé à merveille». Dalila, 28 ans abondera dans le même sens pour affirmer qu’allaiter son fils est «à chaque fois un moment magique». Zakia, 47 ans, enseignante dont les trois enfants ont grandi, nous fera part de son expérience : «Pour moi, c’était un travail mental que j’ai fait sur moi-même durant ma première grossesse. J’ai décidé de faire comme je le sentais le moment voulu sans pour autant culpabiliser si je ne donnais pas le sein. Une fois bébé dans mes bras, j’ai allaité mon fils pendant neuf mois, et c’était génial, je ne me souciais pas si cela devait déformer ou non ma poitrine. Je l’ai refait avec mes deux enfants parce que j’en avais envie et non pas pour suivre la tendance ou sous l’effet de la pression. Je l’ai fait parce que ce sont des moments de bonheur et de fusion avec ce petit être». Car pour elle «l’allaitement maternel demande une disponibilité permanente 24H/24 vu que bébé tète en fonction de ses besoins, et que les horaires et la durée des tétées sont totalement imprévisibles, notamment les premières semaines». Zohra, 30 ans, coiffeuse, dira ne pas «supporter la douleur causée par les crevasses, les gerçures, les mycoses au sein». Quant à Sabrina, 25 ans «donner le sein, cela déforme la poitrine». «Un risque» qu’elle ne veut «absolument pas courir» car ses «seins ont une autre fonction que celle de nourricière» !
Néanmoins, ce qu’il faut savoir entre les premières et les secondes, il y a celles qui optent pour l’allaitement mixte sein/biberon.
En conséquence, elles ne sont, en Algérie, que 7% à pratiquer l’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois contre un taux variant entre 30 et 47% dans les pays voisins. C’est ce qu’a indiqué le Dr Zakia Fodhil Chérif, chargée du programme national alimentaire au ministère de la Santé à l’occasion de la semaine nationale de sensibilisation aux bienfaits de l’allaitement maternel et l’initiative
«Hôpitaux amis des bébés» (HAB) organisée du 13 au 19 novembre en cours. Et pour cause, elle affirmera que «l’allaitement maternel est un vaccin naturel pour l’enfant qui demeure mal exploité en Algérie». Le ministère de la Santé met l’accent, cette année, sur la formation des sages-femmes et des médecins généralistes qui sont les premiers à recevoir les femmes enceintes en vue de promouvoir l’allaitement maternel dans la société. Aussi, le Dr Zakia Fodhil Chérif appellera l’ensemble des acteurs concernés par cette question à conjuguer leurs efforts pour la réhabilitation de l’allaitement maternel. Dans ce sens, elle ne manquera pas de souligner les bienfaits de l’allaitement maternel aussi bien pour la croissance et la santé du nourrisson grâce aux calories et aux nutriments nécessaires qu’il fournit au bébé, primordiaux durant les premiers mois de sa vie. Mais aussi, des bienfaits pour la maman en lui permettant la réduction notable du risque hémorragique lors de la délivrance et lui assurant une meilleure protection contre les cancers du col de l’utérus.
Il faut savoir à ce sujet que cette question d’allaitement maternel, pourtant boudée par certaines femmes dont des Algériennes, est fortement pratiquée particulièrement dans les pays scandinaves, où le taux d’introduction de l’allaitement maternel a atteint 90 à 95%. Lequel taux a été atteint grâce aux campagnes de sensibilisation et à la communication autour de ses bienfaits. Alors qu’en Algérie l’introduction du lait maternel dès la première heure qui suit la naissance du bébé enregistre un recul bien que 95% des naissances surviennent en milieu hospitalier. Pour sa part, le professeur Djamil Lebane, chef du service de néonatologie du CHU Mustapha-Pacha mettra en exergue l’importance de l’initiative
«Hôpitaux amis des bébés» estimant qu’elle «constitue le centre des programmes de prévention visant la promotion et l’encouragement de l’allaitement maternel». Ce dernier préconisera pour la réussite de cette initiative «la nécessité de mettre en place les moyens idoines à même de faciliter son action dans les services maternité à travers le territoire national».
L’initiative «Hôpitaux amis des bébés», c’est quoi ?
Lancée en 1991, l’initiative «Hôpitaux amis des bébés» (IHAB) est un projet de l’Unicef et de l’Organisation mondiale de la santé dont l’objectif est de faire en sorte que toutes les maternités, qu’elles soient indépendantes ou situées dans un hôpital, deviennent des centres de soutien à l’allaitement maternel. Cette appellation est actuellement contrôlée par des instances nationales chargées de l’allaitement, conformément à des critères mondiaux pouvant s’appliquer aux soins en maternité dans chaque pays. Les consignes de mise en œuvre de l’initiative ont été élaborées par l’Unicef et l’OMS.
Depuis le lancement de cette initiative, plus de 15 000 établissements de 134 pays ont obtenu l’appellation «amis des bébés». Défini à l’échelle internationale, le terme «amis des bébés» fait actuellement l’objet d’un dépôt de marque et ne peut être utilisé que par les services de maternité qui ont satisfait à l’évaluation externe d’après les critères mondiaux de l’initiative.
Par Lynda Naili Bourebrab