La crise en Syrie entame sa 8e année avec un bilan humanitaire colossal, et d’énormes difficultés à établir une paix durable mais l’armée syrienne a pu surmonter, jour après jour, la situation et changer la donne sur le terrain suite à des victoires face aux groupes terroristes, alors que les populations reprennent l’espoir d’une vie normale.
Sept ans durant le pays était en proie à une crise multi-dimentionnelle, avant que l’armée syrienne n’impose sa suprématie à Palmyre, Deir Ezzor et Raqa, ainsi qu’à Alep (nord), alors que son avancée se poursuit dans la Ghouta orientale pour déloger les groupes armés et ouvrir le chemin pour une sortie sécurisée des civils qui y sont assiégés, alors que la guerre d’influence voulue par les puissances étrangères complique l’aboutissement d’une solution politique définitive.
La situation en Syrie est marquée actuellement par notamment la déchéance de l’organisation terroriste autoproclamée (EI/Daech). A la faveur de l’intervention de l’aviation russe, à la demande du président syrien, Bachar al-Assad, l’armée syrienne parvient à reprendre à Daech, des villes stratégiques, dont Palmyre, Deir Ezzor et Raqa, soit plus de la moitié du pays.
La reprise d’Alep (nord), deuxième ville de Syrie et ancien poumon économique du pays, était, en effet, la bataille décisive. Et actuellement, un tournant stratégique est en train de se produire dans la Ghouta orientale, dernier bastion terroriste près de Damas, reprise à 60% par les forces gouvernementales. Aujourd’hui, »il est clair que le gouvernement syrien a gagné », déclare, catégorique, un spécialiste du dossier syrien, Fabrice Balanche.
Déclenché en mars 2011, le conflit en Syrie s’est compliqué au fil des ans avec l’implication de puissances étrangères, qui cherchaient à enfoncer le gouvernement syrien en l’accusant d’avoir fait usage d’armes chimiques, ce que Damas et Moscou avaient réfuté et rejeté en bloc, sans toutefois, pourvoir mettre fin immédiatement à une machine de propagande occidentale nuisible au peuple syrien.
Les pays occidentaux, Etats-Unis et la France en tête, ont brandi, maintes fois, la menace de frappes. Avril 2017, la base aérienne syrienne d’Al chaayrate avait été visée par 79 missiles américains, causant la mort de dix soldats et neufs civils syriens.
Pour l’ambassadeur permanent de la Syrie auprès de l’ONU, Bachar Jaafari, à chaque fois que l’armée arabe syrienne progressait dans sa guerre contre les groupes armés, « les pays soutenant le terrorisme en Syrie lancent des propagandes de tromperie, visant à semer la division au sein du Conseil de sécurité… »
Plusieurs fronts déchirent le pays
Se disant motivés par des préoccupations humanitaires, les Etats-Unis, ont déposé une nouvelle résolution pour un cessez-le-feu immédiat en Syrie, accusant Moscou et Damas de « n’avoir jamais eu l’intention d’appliquer » une trêve, des accusations auxquelles les deux pays ont vivement réagi.
Ce nouveau texte est « simple, contraignant » et « ne permet aucun contournement », a déclaré lundi l’ambassadrice américaine Nikki Haley devant le Conseil de sécurité, en soulignant que « l’heure est venue pour agir ».
Mais pour l’ambassadeur permanent de la Syrie auprès de l’ONU, Bachar Jaafari, les déclarations de l’ambassadrice américaine sont « irresponsables, provocatrices, se contredisent avec la Charte de l’ONU et constituent un soutien aux terroristes en Syrie ».
La Russie a dénoncé pour sa part, lors de cette réunion, sa mise en cause par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni dans l’absence de cessez-le-feu en Syrie, estimant que ces pays « ne sont pas motivés par des considérations humanitaires ».
« L’influence turque et américaine, sur le terrain en Syrie, va continuer à s’étendre », a confirmé l’expert Nicholas Heras, du Center for a New American Security de Washington.
Un bilan humanitaire colossal
Le conflit en Syrie qui s’est mué en une guerre dévastatrice et complexe, a causé la mort de plus de 350.000 morts et le déplacement de la moitié de la population, alors que des régions du sont visiblement en ruines. « Ces sept années de guerre laissent derrière elles une tragédie humaine aux dimensions colossales », a déploré récemment le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi.
Quelques « 353.935 personnes ont été tuées depuis le 15 mars 2011 », dont 106.390 civils. Parmi les victimes figurent « 19.811 enfants et 12.513 femmes », selon un bilan rendu public lundi.
Dans ce pays qui comptait quelque 23 millions d’habitants avant le conflit, environ la moitié de la population a été contrainte de fuir son foyer en raison des combats et l’insécurité régnante.
Depuis le début du conflit, plus de 5,4 millions de Syriens ont, également, fui à l’étranger, trouvant refuge pour la plupart dans les pays voisins (Turquie, Jordanie et le Liban), selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (décembre 2017). Alors que des centaines de milliers de Syriens ont aussi afflué en Europe, notamment en Allemagne.
Selon des experts, le conflit a fait revenir trois décennies en arrière l’économie syrienne dont la majorité des infrastructures est détruite.
Selon le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), « plus de 13 millions de personnes ont besoin d’aide et de protection, (…) tandis que 69% de la population vit dans une pauvreté extrême » (janvier 2018).