« Il est plus que temps de songer, non seulement, à un encadrement juridique de l’activité publicitaire, mais également à des règles d’éthique et de déontologie », annonce Nacer Mehal, ministre de la Communication.
La communication publicitaire a été à l’ordre du jour des travaux des 6es journées euro-maghrébines qui se sont ouvertes hier matin à l’hôtel Sofitel sous la présidence de M. Nacer Mehal, ministre de la Communication.
Organisée par RH international communication, cette nouvelle édition, dont les travaux s’étaleront sur deux jours, est une occasion pour traiter des sujets d’actualité et des questions essentielles du marché publicitaire. Une pléiade de professionnels, nationaux et étrangers, y prennent part.
Dans son allocution d’ouverture, le ministre de la Communication, a tout en évoquant l’ouverture économique et la libéralisation de l’activité dans le domaine de la publicité, mis en exergue la nécessité de mettre en place un encadrement juridique de l’activité publicitaire « pour sortir de l’anarchie » qui règne dans le secteur.
M. Mehal a souligné, à cet égard, la nécessité de « sortir du statu quo des constats », analyser les problèmes qui se posent au secteur de la publicité et « proposer des solutions au bénéfice de l’ensemble de la corporation et non plus au bénéfice de quelques-uns. »
A ce titre, il a indiqué qu’il est plus que temps de songer, non seulement, à un encadrement juridique de l’activité publicitaire, « mais également à des règles d’éthique et de déontologie. »
Il a, à cet effet, appelé les professionnels du secteur à constituer une organisation appropriée, à proposer des solutions au bénéfice de l’ensemble de la corporation, à apprendre à jouer collectif et à mettre en œuvre ces solutions avec l’aide et le soutien des pouvoirs publics.
Le ministre a fait remarquer qu’après la promulgation de la loi organique relative à l’information, « il y a encore un chantier en cours qui est celui de la loi sur l’audiovisuel, avec la loi sur la publicité et la loi sur le sondage d’opinion. »
Tout en rappelant que le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, avait inscrit parmi les réformes politiques et dans son discours du 15 avril 2011 la nécessité d’une loi sur la publicité, le ministre a précisé que ces deux projets sont en cours d’élaboration et seront soumis à la future Assemblée populaire nationale (APN). Il a expliqué que celle-ci « sera élaborée avec la participation des professionnels du secteur », qu’il souhaiterait « pleine et entière ». « C’est la complémentarité et la synergie de l’ensemble des éléments qui peuvent conduire à l’équilibre recherché et à produire une loi consensuelle qui jetterait les bases d’une ère nouvelle pour la profession », a-t-il souligné.
Le ministre a assuré, à ce propos, que la loi sur la publicité « sera élaborée dans un esprit d’innovation et d’ouverture pour aider à l’éclosion de jeunes talents et qui placera la publicité au cœur de la dynamique du développement national dans tous les domaines. »
« J’attends beaucoup de la compétence des cadres algériens experts et professionnels de tous les horizons pour apporter leur contribution à l’élaboration de ce projet de loi », a-t-il ajouté, appelant les professionnels du secteur à s’organiser.
Il a fait part de sa disponibilité « totale » à discuter avec les acteurs du secteur du contenu et des contours de cette future loi dans « un esprit d’ouverture et de professionnalisme pour obtenir un consensus aussi solide que possible ». Il s’agit, selon le ministre, de « professionnaliser la publicité, lui donner les atouts de la saine et loyale concurrence et surtout d’installer dans le marché algérien de la publicité des règles novatrices de transparence et d’efficacité ».
Auparavant le représentant de RH Communication, M. Rachid Hassas, a indiqué que l’organisation et la régulation de la publicité permet une identification des acteurs qui évoluent en son sein afin de favoriser une concertation continue au service du développement de l’activité dans le sens des intérêts des opérateurs, des annonceurs et des consommateurs. « Nous n’avons pas le droit de rester à la traîne, alors que paradoxalement nous avons la prétention de façonner les images et d’orienter les choix de consommation », a-t-il notamment déclaré.
Selon le responsable, la publicité est un gisement d’emplois d’élite. Elle offre des débouchés importants aux étudiants formés.
Il y a lieu de rappeler que plusieurs thèmes ayant trait au contexte qualitatif du marché de la publicité en Algérie, aux perspectives de ce marché, à la protection des marques, aux marques et médias sociaux ont été développés aux cours de ces assises.
Les éditeurs ont pris la parole pour donner leur avis sur « les quotidiens, les annonceurs et la publicité. »
Sarah SOFI
M. Nacer Mehal :
«Ce qui est valable pour la presse écrite l’est aussi pour l’audiovisuel et la publicité»
«L’organisation juridique de la profession nous aide à gérer le volet publicitaire à travers le respect des règles d’éthique et de déontologie. Ce qui est valable pour la presse écrite est valable aussi pour l’audiovisuel et la publicité.
C’est le moment de démarrer une autre ère afin que tout le monde s’organise pour constituer des équipes qui peuvent représenter légalement, légitimement les gens de la publicité.
Toutes les professions s’organisent. Les magistrats ont leur syndicat national de magistrature, les avocats ont leur barreau, pourquoi par les journalistes et les gens de la publicité ? »
S. S.
La part de la pub de l’ENTV limitée à 0,6 euro
Le marché national de communication publicitaire est prospère et en pleine expansion, ce qui n’empêche pas les spécialistes de prévoir une croissance appréciable pour ce secteur au moins pour les dix prochaines années, ce qui classerait l’Algérie à la tête du marché maghrébin en la matière. Selon le directeur de RH International Communication, Rachid Hessas, « l’Algérie parvient à maintenir, durant les dix années à venir, le rythme de croissance qu’elle enregistre actuellement, le volume du marché algérien grimpera de 100 millions de dollars par an, dont 25 % seront consacrés au secteur de l’audiovisuel, pour atteindre 1 milliard de dollars. » Une comparaison avec le voisin marocain fait ressortir que, dans ce pays, la croissance est due, notamment, à l’apparition de nouvelles chaînes de télévisons privées avec l’ouverture du champ de l’audiovisuel. D’où le fait que les plus gros budgets du marché publicitaire se trouvent concentrés au niveau de ce secteur au Maroc. « La part de la pub TV par citoyen est de l’ordre de 5 euros au Maroc, tandis qu’elle se chiffre à moins en Tunisie avec 1,8 euro, et encore bien moins en Algérie, puisqu’elle se situe autour des 0,6 euro. Je vous laisse faire le constat », a enfin indiqué M. Hessas.
S. S.