Hier, 6 octobre, c’était le sixième anniversaire de la disparition de l’ancien Président de la République, Chadli Benjedid. Troisième chef de l’Etat à diriger l’Algérie depuis 1962, après les présidents Ben Bella et Boumediène, il décède le 6 octobre 2012 à l’hôpital militaire d’Aïn Naâdja. Le souvenir de sa mort, hier, devait prendre cette année une caractéristique particulière.
Car, il y a trente ans, lorsque les évènements d’Octobre 1988 éclatent, le président Chadli, parvenu au pouvoir en 1979, était à la tête du pays. Il assumait son deuxième mandat entamé en 1984 lorsqu’il fut confronté à la première grande crise politique et sécuritaire de l’Algérie postindépendance. Ces évènements ne l’empêcheront pas de gagner un troisième mandat présidentiel, en décembre 1988, et d’entamer, ainsi que l’équipe dirigeante qui l’accompagnait à l’époque, des réformes qui mèneront vers la Constitution de mars 1989 et à l’ouverture du pays au multipartisme. Pour ces éléments d’histoire, ces raisons et d’autres, la cérémonie de recueillement, hier au cimetière national d’El Alia, à Alger, devait être fortement symbolique et susciter l’intérêt. Au final, elle a été d’une déception surprenante hormis l’émotion partagée par le petit nombre de personnes qui se sont déplacées pour se souvenir de lui et de son parcours devant sa tombe. L’initiative de l’association Machaâl Echahid et de la famille Bendjdid, pour rendre hommage à celui qu’on appelait par son prénom, « Chadli », n’a pas suscité l’engouement attendu, provoquant un étonnant contraste entre sa très faible audience et la place qu’occupe le souvenir d’Octobre dans les colonnes des journaux et dans les émissions des télévisions privées. A la cérémonie de recueillement, ni représentant de l’Etat ni du gouvernement. Chadli, un oublié de l’histoire déjà ? Pas sûr, mais le rendez-vous d’hier, de l’aveu même de ceux qui l’ont honoré, a été raté. «Cette organisation a échoué, nous sommes déçus», a déploré Mohamed Abdelmoullah Mohamed, un ancien combattant qui a connu l’ancien président. Pour cet ancien moudjahid, «Chadli était un homme de paix qui détestait la violence», même s’il a fait une partie de sa carrière en tant que chef militaire. «L’Etat n’a rien fait» pour commémorer la date de sa disparition alors que l’anniversaire de sa mort, cette année, a pris une tonalité historique particulière avec les 30 ans d’Octobre 88. Il ne mérite pas ça », a ajouté ce témoin la gorge nouée, avant de dire : « C’était un homme d’Etat qui mérite qu’on lui rende un grand hommage. » Pour son frère Khalifa Bendjedid, présent à la cérémonie, le défunt «était un président qui aimait son peuple et cherchait la prospérité pour le pays, il a fait son devoir pour l’Algérie ». « L’histoire finira par reconnaître son œuvre dans un contexte politique des plus périlleux », a-t-il ajouté. « Chaque année nous célébrons cet anniversaire pour rendre hommage à notre père, qui était aussi le père de tous les Algériens et nous ne prêtons pas beaucoup d’intérêt à la présence massive des gens », interviendra le fils du président défunt. Ajoutant qu’il retient de son père le souvenir d’un homme qui avait de l’amour et de l’affection pour ses enfants et qu’il « se comportait de la même façon avec les autres ». Aux yeux de l’ex-ministre et ambassadeur Kamel Bouchama, « Chadli était un homme généreux et fidèle à ses principes. Il portait un grand amour pour l’Algérie et avait un grand respect pour les gens qui travaillaient avec lui. C’était un homme qui croyait à la démocratisation du pays. Il m’a beaucoup appris. Chadli reste un symbole de sacrifice et de fidélité pour le peuple algérien».
Selon le président de l’association Machaâl Echahid, Mohamed Abad, « le président Chadli a contribué à la libération du pays et à la construction de l’Etat algérien moderne ». « C’est notre devoir de rendre hommage à un moudjahid, un ancien de l’ALN, un grand officier de l’ANP durant les années soixante et soixante-dix, et à un président de la République qui a marqué son époque et une période importante de l’histoire de l’Algérie», a-t-il ajouté.