Il ne se conjugue pas au passé. Le phénomène de l’émigration clandestine continue à drainer de nombreux candidats. Il continue à faire rêver une jeunesse qui cherche un monde meilleur en dépit des risques et de toutes les mesures de contrôle.
Face à une canicule qui s’installe dans la durée, le temps automnal tarde à s’installer. Si le chamboulement des saisons constitue un désagrément pour une bonne partie des gens, le prolongement de ce beau temps constitue, néanmoins, une aubaine pour ceux qui ont des voyages risqués à faire. C’est en fait, le cas des haragga qui ont accentué le ton des tentatives depuis quelques mois. La particularité cette année, c’est que les bilans font état de la tendance haussière de l’immigration chez les mineurs. Dans une conjoncture sociopolitique algérienne qui promet le changement et des lendemains meilleurs pour une jeunesse qui peine, toujours, à trouver sa place et où la politique de l’apaisement a effectivement eu l’effet d’épargner l’Algérie du vent des révoltes arabes, les espoirs d’une bonne partie des Algériens restent les mêmes. Chômeurs ou travailleurs, hommes ou femmes, ils sont nombreux ceux qui dénoncent, même silencieusement, ce mal-être algérien. La côte d’Annaba demeure, par ailleurs, la destination préférée des harraga. Les dernières tentatives d’immigration échouée remontent à la nuit de samedi à dimanche. Selon le groupement territorial des gardes-côtes qui activent au large de cette ville, un autre groupe composé de 18 candidats à l’immigration clandestine, dont un ressortissant syrien, a été intercepté. Durant la nuit de jeudi à vendredi dernier, deux autres groupes ont connu le même sort et ont été appelés à rebrousser chemin. Ils étaient en tous 50 émigrants clandestins qui comptaient rejoindre l’autre rive à bord d’embarcations de fortune et qui ont été interceptés dans cette région. Quelques semaines avant, par ailleurs, à la mi-septembre, 13 harraga dont 3 mineurs ont été arrêtés au large de Cartagena par les gardes- côtes espagnoles. Les clandestins ont été trouvés à bord d’un canot pneumatique de petite dimension. Cette côte espagnoles, tellement privilégiée par les candidats à l’immigration clandestine, a vu durant la même période l’arrestation de 13 autres personnes qui ont pris l’aventure à bord d’embarcations de fortune à quelque 75 km au large de Santa Pola (Alicante), au moment où ils tentaient de gagner clandestinement la côte. D’autres bilans de gardes-cotes algériens relève, en outre, l’ampleur qu’ont pris les tentatives d’immigration clandestine. Dans une nouvelle tentative contre ce phénomène, les autorités algériennes ont mis en place une cellule de sécurité et de crise, composée des représentants de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie nationale et des gardes-côtes. Cette cellule a été mise en place pour servir de coordination entre les différentes parties. Elle a pour mission, aussi, de dissuader les jeunes de recourir à l’immigration clandestine. Mais il est bien clair que ce ne sont pas les agents de sécurité ou ceux de la gendarmerie qui font défaut ou qui sont capables d’amadouer ces jeunes à changer de vision. Car c’est bien le changement du paysage intérieur, celui de la vie socio-économique qui est seul capable de stopper ces aventuriers…
Yasmine Ayadi