660 000 Véhicules tunisiens et marocains roulent à l’essence et au gasoil algériens : Trafic des carburants : saignée aux frontières

660 000 Véhicules tunisiens et marocains roulent  à l’essence et au gasoil algériens :  Trafic des carburants : saignée aux frontières

Le trafic transfrontalier de carburants a pris de l’ampleur.

Selon les conclusions d’une nouvelle étude d’Atlantic Council sur la contrebande du pétrole, citée par le journal britannique The Guardian, près de 660 000 véhicules marocains et tunisiens consomment du carburant algérien, soit près de 13% de l’ensemble du parc roulant dans ces deux pays.

L’étude confirme en fait le chiffre déjà avancé en 2013 et qui faisait état de 600 000 véhicules roulant à l’essence et au gasoil algériens de contrebande.

Le trafic de carburant a pris une telle ampleur que le pays s’en préoccupe. En termes chiffrés, il représente un manque à gagner de deux milliards de dollars pour le Trésor public, c’est énorme. Et cela risque de se creuser encore de manière substantielle, parce qu’il y a manque d’autorité face au phénomène. L’État n’aura pas tout essayé pour le résorber.

Pourtant, le mode opératoire des trafiquants n’a rien de sophistiqué. Les trabendistes achètent à volonté (ou presque) du carburant à bas prix dans les stations-service de Tlemcen, de Relizane, de Chlef, de Tébessa… , et ils le revendent dans les pays voisins avec des marges bénéficiaires brutes considérablement plus élevées que celles pratiquées en Algérie où un litre de gasoil, par exemple, vaut, après les dernières hausses décidées dans le cadre de la loi de finances 2017, 20,63 DA, contre un euro environ au Maroc et 0,7 euro en Tunisie.

Aux dires de beaucoup, le relèvement des prix effectif depuis janvier dernier est minime, car ils restent, toutefois, les deuxièmes plus bas tarifs des 13 pays membres de l’Opep. Le pays en est certainement conscient. Mais il est peu réactif, n’arrivant pas à mettre de l’ordre dans les structures des prix et à lutter efficacement contre le trafic de carburant. Il continue à dépenser sans compter comme au temps de l’opulence. La preuve, il importe annuellement pour un peu moins de 5 milliards de dollars de carburant aux cours en vigueur sur les marchés internationaux pour le revendre 10 fois moins cher sur le marché local. Il achète en réalité de grosses quantités de carburant au prix fort dont une partie s’évapore aux frontières au prix que l’on sait, profitant ainsi aux pays voisins.

Selon certaines statistiques, 60% du commerce illicite de carburant alimentent le Maroc, 30% la Tunisie et les 10% restants les pays des frontières sud de l’Algérie, notamment le Mali. Outre le carburant, les trafiquants tissent leurs mailles et accaparent d’autres produits, notamment agroalimentaires, dans un pays qui est un gros importateur. Les produits alimentaires sont importés à des prix qui fluctuent sur les grands marchés internationaux. Et ils sont cédés, pour certains d’entre eux, à des prix concurrentiels sur le marché local. Une partie de ces produits, à commencer par ceux issus de la transformation des céréales et de la poudre de lait, continue d’alimenter les réseaux de la contrebande faisant perdre au pays des milliards de dinars.