Soixante-cinq ans après le génocide du 8 mai 1945, 55 ans après le déclenchement de la guerre de libération et 48 ans après l’indépendance, des voix s’élèvent encore pour exiger de l’Etat français qu’il se repente et qu’ils reconnaisse les crimes dont il s’est rendu coupable à l’encontre du peuple algérien.
Même si récemment Nicolas Sarkozy a avoué, à partir de l’université Mohamed Mentouri de Constantine (lors de sa visite en Algérie en 2007) que les crimes de guerre «sont impardonnables», il n’a pas pour autant fait amende honorable en s’excusant publiquement devant les 35 millions d’Algériens.
La France continue à croire que les anciens moudjahidine, leurs héritiers et les enfants de chouhada, voire toute la population, a tourné cette horrible page de l’histoire. Mal lui en prend.
Puisque de l’ONM aux ONG françaises, en passant par les historiens d’ici et d’outre mer persistent et signent en exigeant le repentir.
Le FLN, dont les députés ont déposé une proposition de loi criminalisation le colonialisme, n’en démord pas.
Déjà, en 2006, son secrétaire général avait affirmé que l’Hexagone ne devrait plus songer à la signature du Traité d’amitié qu’il souhaite ardemment avec l’Algérie, pas plus que le partenariat d’exception, s’il ne venait pas à présenter des excuses pour les crimes, tortures, voire même une tentative d’épuration de toute un peuple, commis par les soldats français.
Dont certains d’entre eux, à l’image de Le Pen, qualifié de criminel par Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, poursuivent leur acharnement contre l’Algérie. Faisant ainsi dans l’«algérophobie» et appelant à la chasse à l’Arabe. C’est dire qu’il a beaucoup de choses à se reprocher. Mieux. Il a des morts sur la conscience.
Des morts dont le seul crime était de se battre pour libérer leur pays du joug colonial et ses corollaires, l’analphabétisme, le statut d’indigénat et d’esclaves exploitables et corvéables à merci. Et pour atteindre la totale, certains cercles politiques en France s’en prennent présentement au film de Rachid Bouchareb, sélectionné pour le festival de Cannes.
Hors la loi est un film qui empêche de nager en eaux troubles. C’est la raison pour laquelle, Nicolas Sarkozy lui-même a demandé à le regarder. Tant il suscite passion et polémique. Il a d’ailleurs essuyé une fin de non recevoir de Bouchareb.
En fait, contrairement à l’Allemagne, la France refuse d’assumer son passé. Elle le rejette même puisqu’elle fait voter par son Parlement une loi (23 février) pour glorifier les bienfaits du colonialisme. La chambre basse du Parlement algérien a décidé de lui rendre la pareille en introduisant une proposition de loi criminalisant le colonialisme avec en prime la création de tribunaux spéciaux.
Par Faouzia Ababsa