A l’approche de l’échéance fixée pour le début de l’opération concernant la confection des documents biométriques, passeports et cartes d’identité nationale, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales (MICL), Noureddine Yazid Zerhouni, est en train de sillonner le pays pour achever de mettre en place les moyens humains et matériels et expliquer aux différents responsables intervenant dans l’opération les détails de cette nouvelle approche de l’administration en matière d’identification et de confection des documents de voyage.
La question du voile et de la barbe a été tranchée.
Ainsi, après une campagne d’explications sur le pourquoi de cette numérisation, les Algériens ont compris que c’est sur recommandation de l’Organisation de l’aviation internationale civile qu’entrera en application, dès le 1er avril 2010, le passeport biométrique, l’opération s’achevant au plus tard le 25 novembre 2015. L’opération s’inscrit dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le crime sous toutes ses formes et dans le but de moderniser l’administration.
Il est vrai que cette exigence est le fait des puissances occidentales qui ont décidé d’introduire une base biométrique dans leurs aéroports pour filtrer les arrivées sur leurs territoires nationaux respectifs et éviter la circulation de terroristes recherchés.
Cette opération bénéficiera, également et directement, à l’Algérie qui fait face à la circulation sous de fausses identités de milliers de personnes –dont des terroristes et des personnes présumées disparues.
L’apparition de la carte d’identité nationale biométrique permettra d’assainir, donc, une situation qui a généré bien des conflits. Elle permettra également de résoudre des problèmes civils et bureaucratiques épineux, comme la délivrance d’extrait de naissance, et d’éviter les traditionnelles erreurs de transcription qui empoisonnent la vie des citoyens.
Pas de voile pour les femmes sur la photo
La confection des documents de voyage et d’identité suppose des photographies des personnes, de femmes et d’hommes, qui pourraient arguer de considérations religieuses pour s’opposer et ne pas se conformer à certains détails. La sempiternelle question de la photo sans voile et de la taille de la barbe pourrait, ainsi, poser des problèmes d’interprétation.
C’est dans cette perspective que Zerhouni l’a expliqué, depuis Constantine, à l’occasion de la rencontre pour la région Est du pays, dédiée au lancement de la deuxième phase de cette opération.
Le ministre a levé toute équivoque en expliquant que la photo, concernant la femme, sera sans voile et citera la mise en place, au niveau de chaque daïra, d’une femme qui prendra en charge la numérisation des photos des femmes voilées. Un procédé qui évite à ces dernières de “poser” tête nue devant des inconnus.
Selon un avis autorisé du président du Haut conseil islamique, Cheikh Bouamrane, la femme peut disposer pour des documents d’identité de photos sans voile. Ce qui évacue toute résistance liée au fait qu’une photo de femme voilée circule par le biais des futurs documents biométriques dans des lieux publics.
Concernant les porteurs de barbe, le ministre de l’Intérieur a déclaré que le fait de figurer barbu sur de tels documents créera des problèmes pour les concernés, à chaque passage devant les filtres au niveau des aéroports notamment, bien que le choix a été laissé aux intéressés. Le problème a été ramené par Zerhouni à sa simple expression technique.
Le relief de la barbe, au passage d’un filtre, risque de ne pas correspondre à celui numérisé sur le passeport biométrique obligeant le concerné à se soumettre à d’autres procédés d’authentification. Une façon de dire que c’est dans l’intérêt des porteurs de barbe de se faire prendre en photo numérisée, sans barbe, lors de la confection de la carte et du passeport biométriques.
Les passeports actuels valables jusqu’à leur péremption
L’opération en cours vise à remplacer 5 millions de passeports et 25 millions de cartes d’identité utilisés actuellement. Un million de passeports biométriques et 5 millions de cartes d’identité seront délivrés annuellement à partir de dimanche prochain.
Le ministre a insisté sur la nécessité de veiller à la vérification et au contrôle rigoureux des pièces des dossiers déposés qui seront transférés au centre via une connexion Internet sécurisée. C’est le système de traitement automatique des empreintes qui sera utilisé, les signatures électroniques et les photographies numériques.
Le dépôt des dossiers se fait sur rendez-vous fixé au préalable. Il y a lieu de noter que l’opération sera menée auprès de 64 daïras pilotes, chaque wilaya disposant d’au moins une, et de 4 consulats, en attendant sa généralisation graduelle.
Par ailleurs, les formulaires pour le dossier du passeport biométrique seront disponibles à partir du 4 avril dans les daïras, les circonscriptions administratives et les consulats. Les passeports, dans leur ancienne version, en cours de validité, le resteront jusqu’à épuisement du délai porté sur le document.
Miloud Horr