l’appel des syndicats, 600 000 «protégés» de l’ANEM menacent de sortir dans les rues d’Alger, dans les prochains jours, pour faire réagir les autorités. Cette épreuve de force sera initiée dans le but de recouvrer un simple droit constitutionnel : travailler. Iront-ils jusqu’à obliger le gouvernement de renoncer aux fausses éponges du chômage que constituent des organisations leurres ? La rue incitera-t-elle les autorités à plus de réalisme afin de mettre fin à l’attentisme des technocrates qui peinent à trouver des solutions à la galère de ces centaines de milliers de diplômés, exploités au maximum par les chefs d’entreprises et les hommes d’affaires, et qui n’ont plus de place dans le marché du travail ?
Les jeunes travailleurs recrutés dans le cadre du préemploi sont déterminés à poursuivre leur mouvement de protestation jusqu’à l’aboutissement de leur unique revendication, à savoir un un emploi stable. Ils comptent organiser prochainement une marche à Alger pour dénoncer la situation précaire qu’ils vivent.
Des dizaines de coordinateurs nationaux du comité national des bénéficiaires de contrat de préemploi et du filet social affiliés au syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP), ont observé un autre sit-in hier devant la maison de la Presse Tahar-Djaout, pour dénoncer les pressions exercées par les autorités sur les syndicalistes dans le but de les empêcher de tenir des rassemblements à Alger, et surtout demander leurs intégration.
Les jeunes recrutés dans le cadre de l’ANEM semblent plus que jamais déterminés à changer le cours de leur «malvie». Dans la foulée, les mécontents crient haut et fort des slogans hostiles envers les députés et les partis politiques.

Ils interpellent le premier magistrat du pays pour qu’il intervienne dans les plus brefs délais afin trouver une solution au problème de plus de 600 000 jeunes travailleurs recrutés dans le cadre du préemploi. Rencontré sur les lieux, M Amar Kefkef, chargé de la communication au comité national des bénéficiaires des contrats du préemploi et du filet social affilié au SNAPAP, a indiqué qu’»il y a plusieurs cas de jeunes qui subissent des pressions, et sont par conséquent écartés de leur emploi sans motif apparent».
Et d’ajouter qu’»au départ, et aux débuts de la création du comité affilié au SNAPAP, on rassemblait jusqu’à 400 jeunes, rien que dans la capitale. Aujourd’hui et à cause des pressions, le nombre de protestataires a nettement diminué», constate-t-il. Le chargé de la communication du comité a indiqué que « le comité national des bénéficiaires des contrats du préemploi et filet social, affilié au SNAPAP, regroupe tous les diplômés universitaires et professionnels.
Il demande la permanisation de ses futurs cadres dans des postes d’emplois stables et décents, garantis par la constitution dans son article 55». Et de poursuivre qu’»on n’accepte pas cette forme d’exploitation ; on travaille de 8h jusqu’à 17h pour un salaire dérisoire, entre 6000 et 15000 DA». Selon lui, la politique de l’emploi fait obstacles aux jeunes diplômés, et ouvre la voie aux fuites des compétences vers les pays étrangers.
Cette fuite est confirmée par les 8 000 demandes de visa d’études pour les Etats-Unis et 12000 pour la France, annuellement. Notre interlocuteur nous a annoncé que les bénéficiaires du préemploi, qui compte 600 000 jeunes sur le territoire national, sont en phase d’organiser une marche à Alger.
Concernant ce que dit la loi au sujet des contrats du travail dans le cadre du dispositif du préemploi, l’expert Djamel Abdelkader, manager du bureau Training Devolpment, a estimé carrément que « le contrat du préemploi est atypique, ce qui n’est nullement prévu par lé législation du travail.
Ce n’est qu’un dispositif créé par les pouvoirs publics pour atténuer le taux du chômage, sans cesse grandissant». Selon lui, c’est «juste un mode d’intégration progressive des nombreux universitaires dans le monde professionnel». Par ailleurs, l’expert a qualifié l’emploi à travers les différents dispositifs du préemploi «d’emploi d’attente qui permet aux jeunes universitaires de se familiariser avec le milieu des entreprises».
Mohammed Zerrouki