60 terroristes et leurs soutiens sont tombés en 20 jours

60 terroristes et leurs soutiens sont tombés en 20 jours

Comme cela était prévisible, après le soutien que lui a apporté celui qui se présente aujourd’hui comme le porte-étendard du salafisme radical au niveau mondial, Abou Mohamed Al- Maqdissi, et alors qu’elle était totalement paralysée et dans l’incapacité de la moindre action d’envergure depuis juillet, Al-Qaïda au Maghreb a fait parler d’elle ce week-end en ciblant dans une embuscade à Souk El-Tenine (Tizi Ouzou) un véhicule transportant des agents de sécurité d’une société privée chargée de la sécurisation d’un chantier de grands travaux hydrauliques pour alimenter en eau potable des localités du sud de la wilaya. Bilan : 7 morts et 2 blessés.

Cet attentat censé être d’envergure n’a rien d’un haut fait de guerre de l’organisation criminelle dont le groupe a attendu au lever du jour un fourgon dans un virage pour le mitrailler aveuglément à l’arme lourde et susciter, le jour même, des «Allah akbar» en cris de victoire dans des forums Internet qui se réjouissent de chaque goutte de sang algérien perdue. La nature même de l’attentat renseigne sur le fait que les criminels d’Al-Qaïda ont dû se résoudre à tuer juste pour tuer. Les dispositifs mis en place par la lutte antiterroriste se sont révélés hautement efficaces et ont mis à nu la réelle nature du terrorisme.

A défaut d’avoir la capacité de viser les cibles dont il fait des ennemis comme, entre autres, les forces de sécurité ou les entreprises étrangères, il s’attaque à leurs maillons les plus faibles et les plus périphériques en se donnant l’illusion et en faisant croire à ses sponsors qu’il mène une guerre selon ce qu’ils attendent de lui. Cette attaque de Souk El-Thenine était censée viser les intérêts d’une entreprise canadienne réalisatrice des travaux de transfert des eaux d’un barrage hydraulique vers des localités qui en manquent. En quoi l’assassinat cruel d’un certain nombre d’agents du gardiennage peut influer sur ses intérêts ? D’autant plus que cette entreprise, déjà ciblée une première fois par un attentat suicide à Bouira contre un bus transportant ses employés algériens (12 morts et 15 blessés), a fait savoir à l’époque où se situaient ses intérêts : «Si vous me demandez si nous allons quitter l’Algérie, la réponse est non, parce que nous sommes une entreprise algérienne. Nous sommes ici depuis plus de 30 ans et nous sommes fermement implantés».

La veille de cet attentat de Souk El- Thenine, un groupe de la même organisation criminelle a intercepté le véhicule d’un boulanger qui approvisionnait en pain un cantonnement militaire dans la région d’El- Aouana (Jijel) et l’a incendié après s’être emparé de sa livraison. Cet attentat des plus minables est censé avoir été dirigé contre les forces de l’armée. En fait, Al-Qaïda au Maghreb est, au moins depuis la fin juillet dernier, sur une pente savonneuse et en est réduite à commettre les crimes les plus gratuits comme les deux derniers attentats de Souk El-Thenine et d’El-Aouana. En ce seul mois d’octobre, (entre le 3 et le 21), elle a perdu pas moins de 36 de ses terroristes dans différentes régions du pays, dont 31 ont été abattus, 4 capturés et 1 a déposé les armes en se rendant aux forces de sécurité.

Durant la même période, pas moins de 24 membres de ses réseaux de soutien ont été interpellés et mis en détention ou sous contrôle judicaire. Cette saignée qui dure depuis plusieurs mois et que rien n’arrêtera ne semble pas être suffisamment instructive pour l’organisation terroriste. Et surtout pour ses sponsors idéologiques qui, vivant en sécurité à l’étranger, ne savent rien des réalités algériennes. Pour eux, l’Algérie est un pays qui leur est acquis. N’ayant aucune idée de l’enfer dont ils ouvrent les portes avec leurs fatwas pour y envoyer des Algériens totalement aveuglés par leur fanatisme, ils ont appelé, cette semaine, Al-Qaïda au Maghreb à avoir en Algérie des camps d’entraînement spécialement à l’intention des ressortissants tunisiens qu’ils espèrent mobiliser pour les retourner contre leur pays.

Rien que ça. Comme si l’Algérie était un pays déjà conquis. Cet appel est signé de cette nouvelle coqueluche des assassins affiliés à Al-Qaïda, Abou Mouslim Al- Djazaïri. Celui-là même qui s’est élevé contre les premiers attentats-suicides en Algérie en 2007 et qui a fini par être embobiné à son tour, avant de se retrouver, corps et âme, immergé dans le bourbier idéologique sans fond dont Abou Mohamed Al- Maqdissi en a fait son nom et où il l’a enferré, l’amenant à tirer sans merci, à partir de son propre site Internet, sur son pays d’origine en applaudissant à tout rompre chaque goutte de sang qui y coule tout en demandant encore plus.

Si les forces de sécurité font ce qu’elles peuvent pour ramener la paix dans le pays en éradiquant les maquis de l’aveuglement, les véritables ennemis des terroristes ne sont pas, en fait, ceux qui ne cessent de les appeler de revenir à la raison mais ceux qui les encouragent contre tout entendement à se suicider et à préparer d’autres à le faire dans leur pays. Les ennemis des terroristes ne sont pas ceux qui leur tendent la main mais ceux qui les poussent dans le dos avec leurs fetwas pour les amener à frapper leur pays dans le dos.

Quand entre ces deux offres, des terroristes optent délibérément pour la mort, les crimes totalement gratuits, comme celui d’avant-hier à Souk El-Thenine, ne sont pas loin qui ne sera pas le dernier du genre tant que le terrorisme ne sera pas éradiqué. Et il ne le sera jamais totalement tant qu’il se trouvera toujours des Al-Maqdissi et des Abou Mouslim. Et contre ceux-là, il faudra d’autres armes. En Algérie, elles s’appellent le retour de la confiance et la victoire de la démocratie.

Mohamed Issami