Créé au début des années 1990, à l’avènement du terrorisme sanglant, le corps des gardes communaux sera bientôt «redéployé». La majorité des effectifs sera répartie entre l’armée et d’autres secteurs d’activité, tandis que le restant des éléments sera appelé à partir en retraite ou en congé de maladie de longue durée.
C’est ce qu’a affirmé, jeudi, à Alger, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, M. Dahou Ould Kablia, en marge de la cérémonie de sortie de la 12e promotion des agents femmes de l’ordre public à l’Ecole de police d’Aïn Benian. Ainsi, a précisé le ministre, ils seront environ trois tiers des effectifs, soit 60 000 éléments des 100 000 gardes communaux engagés, à être incorporés dans les rangs de l’Armée nationale populaire (ANP).
Le choix sera fait en fonction des aptitudes à continuer à servir dans les rangs de l’ANP.
Environ 30 000 autres seront admis à la retraite ou en congé de maladie de longue durée pour invalidité.
Alors que le reste des effectifs, soit 10 000 agents, sera pour sa part muté à d’autres secteurs d’activité pour assurer des tâches de sécurité. Il a été déjà décidé que 3 300 gardes communaux seraient récupérés par les secteurs des eaux et forêts.
Pour justifier ce redéploiement, le ministre a expliqué que «l’ANP avait déjà utilisé l’ensemble du corps de la garde communale dans toutes les opérations sécuritaires qu’elle avait menées sur l’ensemble du territoire national dans le cadre du redéploiement».
Abordant le statut du corps de la police nationale, le ministre a déclaré que ce «statut est fin prêt» et qu’»il a été adopté par la commission interministérielle. Il ne reste plus que la définition de la grille des indemnités, en cours de discussion au niveau de la Fonction publique. Cette grille sera également finalisée avant la fin de l’année». Il précisé que les augmentations de salaires seront appliquées avec «effet rétroactif à compter de janvier 2008».
A une question au sujet de la restitution des armes aux citoyens pour participer à la lutte contre le terrorisme, le ministre a indiqué que «c’est une éventualité qui a été examinée et sur laquelle il y a une possibilité de décision positive», précisant toutefois, que «cette décision reste tributaire de la situation sécuritaire». A présent, juge-t-il, la situation n’est pas aussi alarmante, «même si le terrorisme continue à sévir encore dans certaines zones».
Dahou Ould Kablia a rappelé, à l’occasion, que les citoyens avaient été dépossédés de leurs armes dans le cadre de la proclamation de l’état d’urgence dans les années 1990. Et d’expliquer que «cette décision n’était pas faite pour pénaliser les citoyens mais pour empêcher que ces armes ne soient prises par les mouvements terroristes qui étaient assez nombreux à l’époque».
Interrogé, par ailleurs, sur les actes de violence enregistrés récemment dans le quartier Diar el Afia (commune de Kouba), M. Ould Kablia a jugé que la police a le devoir de «réprimer tout ce qui touche à l’intérêt de l’Etat».
Rappelant le contexte des faits, le ministre a regretté que «des citoyens, en majorité des jeunes, profitent de ce genre de situation pour exprimer leur colère, en défiant les services de sécurité, sous couvert de solidarité avec les personnes dont les bidonvilles ont été détruits».
Farid Abdeladim