A la fin de la guerre de libération nationale, il est dénombré un million et demi de martyrs, 100.000 moudjahids membres de l’Organisation nationale des moudjahidine et 85.000 demandeurs du statut de moudjahid.
Mais au-delà de l’aspect statistique dont l’Algérie est en droit de s’enorgueillir, car ayant payé un lourd tribut pour le recouvrement de son indépendance, ce qu’il faut retenir surtout du bilan chiffré de cette guerre qui aura duré plus de sept ans, c’est la dimension humaine de la Révolution algérienne.
“Mettez la Révolution dans la rue, le peuple la portera”, avait affirmé l’un de ses héros. Il n’a jamais été démenti. Après son exécution, les Algériens ont honoré sa mémoire en poursuivant la lutte jusqu’à la victoire finale.
Car la révolution algérienne n’est pas celle d’une élite ou d’une catégorie sociale. C’est celle de tout un peuple. Quand bien même elle a été décidée par un noyau de militants, les 22 historiques, il n’en reste pas moins vrai qu’elle a été prise à bras-le-corps par toute la population algérienne à travers tout le pays. Oui, nul ne peut disconvenir que dans les écrits consacrés à la Révolution, on retrouvera le plus souvent les noms des plus en vue parmi ceux qui ont pris part à la Révolution.
Oui, il est vrai qu’en signe de reconnaissance pour ces moudjahidine au destin tracé, l’Algérie post-indépendance a attribué leur nom à plusieurs lieux publics et édifices institutionnels. Et c’est le moins que les vivants se devaient de faire pour honorer leur mémoire et rendre hommage à leurs sacrifices. Mais on ne peut aussi occulter une réalité, celle qui consiste à dire qu’en plus de tous ces héros nationaux, connus et répertoriés et dont le rôle joué dans le déclenchement de la Révolution ne peut être nié ou contesté par quiconque, il se trouve aussi des personnes hommes et femmes qui eux aussi ont contribué à la victoire de la Révolution algérienne. Certainement que leur contribution était modeste, même si ce mot ne devrait pas être utilisé, car il ne peut qu’être réducteur de la foi des Algériens, mais elle ne peut être occultée, car — faut-il s’en persuader — elle aura d’une manière ou d’une autre servi la cause de la Révolution.
C’est un fait : ces hommes et femmes n’auront pas pris les armes contre le colonisateur et n’ont de ce fait participé à aucune des nombreuses batailles qui ont eu lieu durant toute la durée de la guerre, mais ils ont été là. Et leur présence a été d’une grande importance logistique. Chacun en fonction de ses moyens, ils ont contribué aux quêtes organisées pour constituer des fonds, nourri, hébergé, transporté, habillé, confectionné des drapeaux à la bougie, caché des moudjahidine, en faisant fi de tous les dangers auxquels ils s’exposaient. L’essentiel était pour eux de participer d’une manière ou d’une autre à un mouvement dont la finalité était souhaitée par tous les Algériens. A savoir l’indépendance. C’est là une vérité que nul ne peut nier. Pour preuve, nombreux sont ceux qui, après le recouvrement de la souveraineté nationale, n’ont pas jugé utile d’aller se faire répertorier comme moudjahid. Ce qu’ils ont fait, ils l’ont fait par foi et par conviction. Ils ont tenu à montrer leur algérianité. Et c’est pourquoi aujourd’hui, à l’occasion du 57e anniversaire du déclenchement de la Révolution, il est nécessaire de leur rendre hommage et de saluer leur mémoire. Merci pour ce que vous avez fait !
N.K.