Il y a 57 ans, ce paisible village frontalier de Sakiet Sidi Youssef a reçu une visite “macabre” de bombardiers français venus se venger de paisibles réfugiés algériens et citoyens tunisiens qui les ont accueillis sur leurs terres, partageant avec eux les joies et surtout les souffrances.
Le colonialisme français invoquait, à l’époque, le droit de poursuite des djounoud de l’ALN qui lui ont rendu la vie dure dans la zone frontalière. Cet acte barbare, contrairement aux plans français, n’a fait que sceller davantage les liens entre les peuples tunisien et algérien qui, depuis l’indépendance de l’Algérie, le commémorent dans la ferveur. Cette année, la cérémonie a été rehaussée par la présence, du côté algérien, des ministres de l’Intérieur et des Moujahidine, et, du côté tunisien, des ministres de l’Intérieur et de la Défense nationale.
Le fait marquant a été l’accord de constituer des commissions locales et régionales mixtes qui procéderaient à l’élaboration d’une stratégie de développement des régions frontalières. Cependant, la commémoration de cet événement a eu lieu alors que la Tunisie vit des jours difficiles dans le sud du pays. En prenant les commandes du pays, le chef du gouvernement, Habib Essid, est contraint de trouver une issue rapide aux problèmes qui enveniment la situation dans le village de Dhéhiba, deuxième point de passage vers la Libye. La population est en soulèvement, bravant l’autorité de l’état. Des échauffourées opposent, depuis quelques jours, les citoyens aux forces de la Garde nationale, dont le départ est demandé avec insistance par la population, et la prise en main de la sécurité du village par des unités de l’armée nationale.
Le calme, revenu samedi, n’a pas duré longtemps pour que de violents accrochages reprennent dimanche. Selon une radio locale, les agents de la Garde nationale sont intervenus de nouveau, utilisant à outrance le gaz lacrymogène et des tirs à balles réelles. Un premier bilan fait état d’un mort et de quatre blessés, selon Radio-Tataouine (chef-lieu de gouvernorat). Le délégué (chef de daïra) local, qui reconnait la légitimité des revendications de la population au travail et au développement, a demandé au ministre de l’Intérieur d’ordonner le retrait des agents de la Garde nationale de cette localité comme l’exigent les citoyens, dont la situation sociale ne cesse de se dégrader suite aux problèmes que connaît le pays voisin (Libye) avec lequel ils entretenaient un commerce qui constitue pour eux l’unique moyen de vivre. Dimanche tard dans la soirée, le calme est revenu suite au retrait des agents de la Garde nationale du village, repris en main par l’armée. L’autre point frontalier, Ras Jédir, n’est pas mieux loti. Le trafic commercial est arrêté par les commerçants eux-mêmes. Ceux-ci appellent le gouvernement à annuler la taxe d’entrée imposée par les autorités tunisiennes aux citoyens libyens habitués au commerce avec la Tunisie. Cette taxe, ajoutée à une autre imposée du côté libyen, n’est pas de nature, estiment les commerçants, à leur faciliter la vie. Autre problème préoccupant, la lutte contre le terrorisme. On ne compte plus les cellules dormantes éparpillées à travers le pays et qui tombent, une à une, dans les filets des forces de sécurité.
Samedi, le ministère de l’Intérieur a fait état du démantèlement d’une cellule groupant 32 individus qui planifiaient des attentats contre des édifices publics à Tunis et dans d’autres villes. Le ministère de l’Intérieur était leur cible principale. Dans la région de Gafsa (sud-ouest), frontalière avec l’Algérie, l’armée est sur le qui-vive et emploie les gros moyens à la recherche d’un terroriste qualifié de “dangereux” par le ministère de l’Intérieur.
M. K.