Selon un recensement intersectoriel réalisé en 2007, le nombre d’habitations précaires est de 554 000 constructions, érigées sur des terrains vagues, à proximité des terres agricoles ou des canaux des eaux usées, aux environs des cités et autres quartiers résidentiels menaçant la sécurité publique et le cadre de vie de tout un pays».
Ce qui représente 8 % du parc immobilier national, dont 60 % de concentration dans les grands centres urbains et 40% dans les milieux ruraux.
Hier, foyers du terrorisme et abris pour les populations enclavées et menacées de mort, aujourd’hui devenus, par la force des choses, noyaux durs de la criminalité sous toutes ses formes, les bidonvilles poussent comme des champignons pour défigurer un pays qui reprend son train de vie après un long arrêt. D’aucuns ne pourraient nier que les bidonvilles pullulent partout en Algérie.
Des milliers de baraques sont, en effet, construites à l’aide de zinc, de plaques métalliques, de planches, de débris en plastique et autres matériaux sont visibles dans n’importe quelle ville algérienne. Un phénomène qui prend de l’ampleur au fil des jours. Ce phénomène et la meilleure manière d’en venir à bout, étaient au débat hier, au Centre de presse du quotidien El Moudjahid.
Une rencontre à laquelle ont pris part des spécialistes de la question du logement dans notre pays. Makhlouf Naït Saâda, inspecteur général de l’habitat et de l’urbanisme au niveau du ministère de l’Habitat, a indiqué dans son intervention que «selon un recensement intersectoriel réalisée en 2007, le nombre d’habitations précaires est de 554 000 constructions, érigées sur des terrains vagues, à proximité des terres agricoles ou des canaux des eaux usées, aux environs des cités et autres quartiers résidentiels menaçant la sécurité publique et le cadre de vie de tout un pays ».
Ce qui représente 8 % du parc immobilier national, dont 60 % de concentration dans les grands centres urbains et 40% dans les milieux ruraux.
Ce même responsable a affirmé qu’« en dépit du fait que ce phénomène ne soit pas spécifique à notre pays, il est réparti en trois catégories, à savoir : des constructions bidonvilles construites illégalement au nombre de 92 000, celles touchées par les aléas de la nature au nombre de 28 000 et enfin les Ksours du Grand Sud ou les habitations construites à base du Toub qui sont au nombre de 280 000.»
S’agissant de cette dernière catégorie, l’orateur dira qu’ «il n’est pas vraiment nécessaire d’user d’un bulldozer pour les raser car ça fait partie d’un patrimoine culturel de toute une région comme celle d’un pays». «Face à cela, a enchaîné Naït Saâda, l’État a pris conscience de la question et de ce fait un programme ambitieux de gestion de cette catégorie de constructions est mis sur place».
Un programme qui, selon lui, permettra du moins de réduire le nombre de ces bidonvilles omniprésents dans les villes, quartiers et cités. Pour ce faire, selon lui, il a été décidé la réalisation de 340 000 logements afin de permettre aux citoyens d’acquérir chacun un appartement décents, dont une partie est déjà livrée.
Sans pour autant nier que le vrai visage de nos villes soit défiguré, l’intervenant a souligné qu’il est temps de passer à l’acte et de remettre les «pendules à l’heure», car à ses dires «cette situation ne doit perdurer en aucun cas». D’ailleurs, a-t-il assuré, «pas moins de 70 000 habitations précaires ont été rasées depuis l’année 2000.
Pour sa part, Hamid Benboudaoud, président du collège national des experts architectes algériens (CNEAA), dans sa prise de parole, dira qu’ «il ne suffit pas d’accorder de l’importance ou de moyens, mais le plus important serait de traduire ces engagements sur le terrain».
Dans ce sillage, il a indiqué que «certes, l’État dans la loi de finances 2009 prévoit un budget de 9,9 milliards de dinars au département de Noureddine Moussa mais il est désormais question de doubler d’efforts à tous les niveaux car réaliser seulement 70 000 logements n’est guère suffisant».
Pour appuyer ses dires le président du CNEAA se basant sur un simple calcul a noté que même si ce nombre de logements est réalisé, chaque commune ne bénéficiera que de 40 logements, chose qui ne pourrait pas répondre à toute la demande en matière d’habitations.
Selon lui les pouvoirs publics sont appelés à revoir ce chiffre à la hausse pour avoisiner les 120 000 logements par an. Intervenant lors de ce même point de presse, Khaldoune, en sa qualité d’expert en aménagement du territoire a assuré que beaucoup de facteurs ont favorisé l’accentuation de ce phénomène.
Il citera dans ce contexte, les différents événements qui se sont succèédé en Algérie et l’exode rural qui ont fait que les habitants, hors les grands, centres urbains, en l’absence d’un développement local préfèrent aller résider en villes quoi qu’il en coûte. Une autre raison a été également évoquée par l’orateur, l’expert en aménagement du territoire, a cité l’offre du logement en Algérie qui est «trop inférieure à la demande».
Farid Houali