Le journal phare de la région Est, Annasr, célébrera son cinquantenaire le 28 septembre. Un anniversaire qui sera bien évidemment fêté par la direction général du journal et ses lesteurs.
En prévision de son plan de développement, la direction général d’Annasr prévoit d’annoncer le lancement de deux grands projets dans les prochains jours : son forum et la numérisation de ses archives, une première à l’échelle nationale. Une tâche difficile qui a nécessité la mobilisation de grands moyens, et intéressera aussi bien le grand public que les chercheurs. En outre, le journal ambitionne de développer son propre réseau de diffusion et l’étendre à toutes les wilayas de l’Est.
Un enchaînement d’idées qui ne fait que confirmer que le journal public tient à consolider sa place dans le champ médiatique et même prétendre à devenir l’un des plus importants quotidiens arabophones du pays. Pour arriver à progresser avec une telle constance, il aura fallu tout de même faire du chemin… une restructuration entamée au lendemain de l’installation de l’actuel directeur général, Larbi Ouanoughi, depuis 2000.
A la veille de ce cinquantenaire, celui qui a également occupé le poste de rédacteur en chef entre 1995 et 1997, nous raconte les débuts de toute cette réorganisation : « C’est un parcours qui a connu des hauts et des bas, des moments propices, d’autres difficiles à un point que le journal a été dissous en 1997 (absent des kiosques du 23 février au 28 mars) en raison d’une crise financière et d’une gestion qui a mené à une faillite générale. C’était presque le même cas pour l’ensemble de la presse publique à la même époque.
J’ai été nommé à la tête de cette grande entreprise, par son histoire et ses archives, par les plumes qui ont fait leur passage et apprentissage dans les salles de rédaction, je pense notamment aux écrivains Malek Haddad, Kateb Yacine, Tahar Ouettar, Rachid Boudjedra, Merzak Bagtach, Ouassini Laâredj, Rachid Mimouni, Mahieddine Amimour, Bouguerra Soltani et d’autres encore. Parmi eux, beaucoup ont occupé des postes importants à tous les niveaux.
J’étais conscient de la tâche qui m’a été confiée, il fallait établir une stratégie et une feuille de route, un grand défi à l’époque qui paraissait impossible parce que la trésorerie était vide, le personnel découragé et désorienté à cause des contrats de travail de trois mois et du salaire qui ne dépassait pas les 3.000 DA, des avantages et des indemnisations presque nuls et une ardoise de dettes très lourde auprès des imprimeurs, du fisc et de la Cnas. Le volume de publicité ne répondait pas aux objectifs. Les stricts moyens nécessaires pour la confection d’un journal étaient inexistants.
C’était un grand chantier et l’équipe a établi une stratégie qui s’articulait sur trois points : redonner confiance aux journalistes et aux employés ; lancer une campagne de marketing et de communication auprès des différents partenaires pour la pub et pour la relance du journal auprès du public ; enfin établir un organigramme pour responsabiliser les uns et les autres et définir le plan de développement du journal. » Le DG d’Annasr ajoute également qu’à cette époque, le journal n’avait pas de registre du commerce, ou plutôt il était non conforme, et non actualisé, vu que l’Eurl Annasr fonctionnait avec le registre du commerce de 1997. Les débuts sont pourtant prometteurs en dépit de tous les problèmes.
Durant les deux premières années, la nouvelle équipe dirigeante a conforté l’esprit général des employés par des augmentations de salaires même symboliques mais qui furent bénéfiques. En ces débuts des années 2000, il fallait surtout assurer une rentrée d’argent régulière. Pour cela, tous les moyens sont bons, la direction sillonne l’Algérie entière à la recherche de nouveaux partenaires. Entreprise par entreprise, on organise des actions humanitaires et des manifestations telles que l’organisation du bac Annasr, des tournois sportifs, la prise en charge par des sponsors de pas moins de 3.000 enfants pauvres et orphelins. Toutes ces actions annuelles ont amené à redonner vie au journal, et en 2003, une grand fête fut organisée pour le 40e anniversaire de la création du journal où tous les anciens directeurs et les chefs de rédaction furent invités en signe de reconnaissance. Une rencontre a été organisée à l’Université Mentouri de Constantine, qui a regroupé 5000 invités dont 16 ambassadeurs et 400 hommes d’affaires. Ce fut le grand retour d’Annasr sur la scène médiatique.
2007, l’année de la relance
2007 est considérée comme l’année du grand déclic : la situation financière est stable, effacement des dettes, renouvellement à 100% des moyens de production tels que le parc, un nouveau statut, formation de journalistes et techniciens, ouverture de 34 bureaux à travers le territoire national, augmentation des salaires, réalisation de conventions collectives et remplacement du règlement intérieur : « Il faut rappeler qu’en 2007, le journal était considéré comme le plus riche du pays. Nous sommes arrivés à tirer 64 pages par jour (2 fois 32) dont 41 pages de pub.
Depuis 2011, l’EPE Annasr a augmenté son capital de 125 fois. Cet actif riche nous a permis de concrétiser notre business-plan et de consolider notre position sur la scène médiatique. Actuellement, le journal est le leader de la presse publique (vente/tirage) et occupe la quatrième place à l’échelle nationale », précise M. Ouanoughi. Cette démarche continuera, assure M. Ouanoughi, à l’occasion du 50e anniversaire. Il annonce que deux grands projets seront lancés, à savoir la numérisation des archives et l’ouverture du forum Annasr. Sur ce dernier point, une grande salle (en travaux) sera ouverte incessamment aux différents partenaires qui désirent y travailler. Autre défi, celui de la diffusion. Depuis six ans maintenant, le journal essaye de développer son propre service de diffusion, actuellement 9 wilayas de l’Est sont concernées et prochainement la couverture devra toucher les 6 autres wilayas de l’Est, promet M. Ouanoughi qui nous déclare : « Nous comptons arriver à couvrir tout l’Est.
Cela nous permettra non seulement de maîtriser la diffusion de notre journal mais aussi de prendre en charge celle des autres journaux, en particulier publics, car la diffusion reste un handicap quotidien pour toutes les entreprises de presse. » Enfin, concernant le fameux projet de lancement d’une version française d’Annasr – une idée qui remonte à 2003 – M. Ouanoughi affirme que pour l’heure, ce projet, comme celui du centre de recherche, sont en veilleuse.
Kais Benachour