Dans les années 90, le fléau était moins important avec 10 000 consommateurs de cannabis. Vingt ans après, leur nombre est passé à 500 000. Cannabis, génération en péril.
Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes de moins de 18 ans consomment du cannabis. Parfois à l’école, souvent au quartier, ils fument un joint entre copains. Les services de sécurité ont souvent traité des affaires impliquant des jeunes de 17 ans, parfois même de 16 ans.
C’est d’ailleurs le constat de la Brigade anti-stups de la sûreté d’Alger (SWA) qui a traité plusieurs affaires liées à la consommation de cannabis. Il est utile de donner un exemple de ce qui se dérouler dans nos quartiers, où de grosses quantités de cannabis circulent, malgré la présence imposante des forces de sécurité. A Rouiba, le 1er octobre dernier à 14h00, les forces de police du SWPJ d’Alger ont, dans le cadre d’une affaire de détention et de commercialisation de stupéfiants, procédé à l’interpellation d’un individu âgé de 29 ans, qui circulait à bord d’un véhicule de marque Great Wall de couleur blanche, à l’intérieur duquel 75,200 kg de cannabis traité ont été saisis. La gent féminine s’intéresse désormais au… cannabis. En mai dernier, trois jeunes femmes ont été appréhendées avec des ceintures contenant chacune plus de 20 kg de cannabis. C’est la compagnie de la Gendarmerie nationale de Sidi Bel-Abbès qui a traité l’affaire.
Les trois femmes, dont la plus âgée n’a que 28 ans, venaient de Tlemcen et devaient rejoindre Oran, là où les grosses quantités de drogue devaient être livrées aux clients. En septembre 2010, l’ex-directeur général de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), Abdel Malek Sayeh (avant d’être appelé à d’autres fonctions), avait eu raison de dire que l’Algérie sera un futur «bazar» du cannabis provenant du Maroc. Une prévision juste. Présentement, pour prouver la prévision de l’ex-DG de l’ONCLDT, il faut se pencher sur les chiffres alarmants et inquiétants du nombre de consommateurs de kif traité. En effet, la barre des 500 000 consommateurs a été atteinte en dix ans. Pis, chaque année les services de sécurité procèdent à l’arrestation de plus de 10 000 individus impliqués dans le trafic ou la consommation de drogue.
Dans les prisons, 70% des prisonniers sont impliqués dans le trafic de cannabis, ce qui nous donne un nombre de 50 000 détenus. Les toxicomanes sont souvent de jeunes personnes âgées entre 18 et 40 ans. Les personnes âgées de plus de 45 ans et impliquées dans la drogue sont moins nombreuses, mais on constate que leur nombre augmente. Autre chiffre inquiétant, celui des personnes présentées devant les parquets pour trafic de kif traité. Il est utile de rappeler qu’au cours des dix dernières années, les tribunaux ont traité plus de 500 000 affaires.
La drogue se faufile parmi les jeunes de manière alarmante, au moment où les services de sécurité ont saisi, de janvier à septembre passés, près de 100 tonnes de cannabis. On se demande quelle serait la situation sans ces saisies records. En d’autres termes, si les 100 tonnes de kif avaient franchi les frontières et avaient été écoulées dans les les villes du pays, cela aurait été une catastrophe pour la société algérienne.
Non seulement le nombre des toxicomanes aurait escaladé, mais plus dangereux encore, la criminalité serait devenue «monnaie» courante des jeunes toxicomanes. Sur ce sujet, 80% des crimes commis dans le pays ont pour auteurs de jeunes drogués. Des récidivistes «accros» au cannabis recourent à la criminalité sous forme d’agressions physiques, cambriolages, vols par effraction et, parfois, meur-tres par armes blanches, sous l’effet de la drogue.
Le cannabis, ce fléau ravageur est en train de saboter la vie des jeunes qui le consomment. Certes, des centres ont été crées par l’Etat pour aider les toxicomanes en leur garantissant des soins. C’est vrai que cette démarche, ô combien salutaire, a permis de sauver des milliers de jeunes de la drogue, mais cela reste insuffisant. Insuffisant dans la mesure où le nombre des marchands de kif continue à augmenter, devant la cadence très lente de la prise en charge des toxicomanes.
Par Sofiane Abi