Une vie au ralenti, c’est ce qu’on remarque dans les administrations durant le mois de Ramadhan. Dans les APC, les daïras, les bureaux de poste, les banques… les employés se la coulent douce au bureau.
La fatigue de la veille se lit encore sur les visages, en cette matinée de mercredi. Peut-être due à une soirée ramadanesque qui s’est prolongée jusqu’à tard dans la nuit. Ils activent difficilement, et surtout lentement. «Une heure de temps pour qu’on me fasse un certificat de résidence», se lamente un citoyen au service d’état civil de l’APC de Sidi M’hamed. Une heure de temps, parfois beaucoup plus. Entre un document et un autre, les fonctionnaires s’arrêtent pour une petite pause. «Il ne faut surtout pas les bousculer, ils pourraient refuser de nous établir nos documents», ironise un autre citoyen.
C’est vrai que la chaleur est suffocante en ce mois de juin, que le ventre est vide en ce mois de Ramadhan, mais l’administration doit fonctionner. Et elle ne fonctionne pas. «J’ai un dossier que je dois impérativement déposer dimanche, mais je n’ai, à ce jour, pas pu le constituer», témoigne Radia, rencontrée devant l’APC d’Alger-Centre. La raison ? Elle l’explique en quelques mots : «Tout le monde dort en ce mois sacré !»
Outre la lenteur des employés présents, c’est l’absence de leurs collègues qui ralentit les administrations, quand elles ne les bloquent pas. Selon quelques témoignages, environ 50% des effectifs préfèrent prendre leur congé durant ce mois. A la Banque nationale d’Algérie (BNA) Didouche-Mourad, à l’image des autres banques étatiques, la moitié de l’effectif part en vacances.
«Nous nous arrangeons pour que la chaîne ne s’arrête pas», confie un employé de cette banque écartelé entre deux postes. Car, en effet, l’arrangement passe par l’occupation de deux à trois postes en même temps. «Le caissier étant absent, c’est un guichetier qui assure l’intérim. Et c’est totalement impossible d’assurer ces deux tâches en même temps. Du coup, il est débordé et le client est obligé d’attendre un moment pour encaisser ou virer son argent», témoigne-t-il.
De leur côté, les chauffeurs de transport en commun peinent à conduire leur bus. Les voyageurs, bien que peu nombreux sous les abribus, attendent souvent jusqu’à trois quarts d’heure pour que le chauffeur daigne démarrer son véhicule. Ironie du sort, ce sont des fonctionnaires qui se trouvent souvent coincés dans ces bus. «Ils pensent que nous sommes là en touristes, que nous sortons de chez nous pour traîner les pieds. Nous devons rejoindre nos postes», s’indigne un employé à la poste.
Seul le médecin est actif…
Les médecins, eux, n’ont pas, par contre, le choix. Ils doivent travailler. Avec «moins de motivation», mais ils doivent tout de même être présents. «Nous devons assurer nos gardes. Pas moyen de prendre un congé ou de se faire remplacer pour les heures de garde», nous explique un médecin de l’hôpital Mohamed-Lamine-Debaghine (ex-Maillot). Quelques rares médecins prennent un congé en ce mois sacré.
«Même le congé qu’on prend ne dépasse pas les 3 à 4 jours durant ce mois», enchaîne notre interlocutrice avant d’ajouter : «Dans notre service, nous sommes deux résidents. Nous essayons de nous arranger pour que l’un d’entre nous puisse se reposer quelques jours.»
La motivation n’est pas au rendez-vous. «Moins d’énergie et moins de volonté pour travailler. Surtout que c’est un mois où toute la famille se réunit, donc on aimerait comme tout le monde le partager avec les nôtres», avoue ce médecin.
Volonté ou pas, les employés dans les entreprises privées sont les seuls à travailler «normalement». «Aucun écart n’est toléré. Tout le monde doit être présent à son poste», nous dira un employé d’un opérateur mobile privé. «Les heures de service sont assurées tout comme les autres jours», ajoute-t-il.