Salim Aggar est un jeune réalisateur. Son genre de prédilection est le documentaire. Il a à son actif plusieurs réalisations, toutes centrées sur le cinéma algérien, à l’exemple de ça tourne à Alger. Chaque documentaire se révèle, de par la thématique abordée, être une réflexion sur la cinématographie algérienne, voire des questionnements sur le devenir du 7e art en Algérie.
Car depuis la dissolution, dans les années 1990, des différentes entreprises chargées de la production, de la réalisation ou de la diffusion du produit filmique, la pratique cinématographique en Algérie continue, jusqu’à présent, de susciter moult interrogations. Cette dernière devient une problématique. Salim Aggar regrette l’époque où le cinéma algérien bénéficiait du soutien de l’Etat et vivait en conséquence son âge d’or.
Il regrette aussi l’époque où le secteur du cinéma jouissait d’une pléiade de réalisateurs, professionnels et de talents.
«Aujourd’hui, il n’y a aucun réalisateur algérien capable d’égaler ou de faire mieux que le film La Bataille d’Alger, déplore-t-il. La situation actuelle est marquée par un marasme de plus en plus chronique.«Pour réaliser des films sur la Révolution qui laisseront un impact important pour l’avenir, nous sommes obligés de nous associer à des techniciens étrangers, que ce soit dans l’image, le son ou parfois même la mise en scène», souligne-t-il. Pour ce jeune réalisateur, «les années 1970 – et même 1980 – étaient la meilleure période pour le cinéma algérien.» Salim Aggar, pour qui «l’argent seul ne suffit pas à améliorer la qualité des productions», constate que «cette régression s’explique par l’absence d’une politique globale pour le cinéma algérien».
Dans son dernier documentaire, Panorama du cinéma algérien, Salim Aggar revient, avec beaucoup d’émotion et de nostalgie, sur l’âge d’or du cinéma algérien. Il est question dans ce documentaire de rappeler certains grands films algériens qui ont marqué les esprits et influencé des générations, dont notamment ceux relatifs à la Guerre de Libération nationale. «Ce documentaire, composé d’images tirées des différents films relatifs à cette thématique, se veut une rétrospective du cinéma algérien consacré à la Révolution algérienne, depuis La Bataille d’Alger, en passant par Chronique des années de braise, pour arriver au récent film consacré au chahid Mustapha Ben Boulaïd», explique-t-il. Salim Aggar a tenté, en l’espace de ce documentaire, de retracer les cinquante ans du cinéma algérien dédié, entre autres, à la Révolution. S’exprimant sur l’objectif de ce documentaire, Salim Aggar explique : «Le but consiste à montrer au monde entier que le cinéma algérien a une histoire et un parcours», et d’ajouter : «Malheureusement, certains pays comme l’Iran, la Chine ou les États-Unis ne connaissent pas le cinéma algérien, certains ne savaient pas que La Bataille d’Alger était un film algérien et que l’Algérie avait remporté la Palme d’Or.» Panorama du cinéma algérien rend hommage aux faiseurs du cinéma d’autrefois, dans l’éventuel, voire hypothétique, espoir qu’un jour le cinéma algérien puisse renaître, retrouvant par là sa place sur la scène internationale.
– Salim Aggar est aussi le président de l’association culturelle A nous les écrans, une association qui, depuis 1998, date de sa création, s’est assigné comme mission de promouvoir le cinéma, notamment par le biais du cinéclub et d’autres rencontres autour du 7e art. Concernant l’une de ces rencontres, on peut citer Les journées cinématographiques d’Alger. La troisième édition de cette manifestation est prévue en octobre 2012. A cette occasion, un concours national de scénarios de courts métrages ou de documentaires a été lancé par l’association, organisatrice de l’événement. Les participants doivent envoyer un scénario inédit rédigé en français ou en arabe avant le 30 septembre 2012 à l’adresse e-mail : Hyperlink « mailto:anouslesecrans@gmail.com » anouslesecrans@gmail.com. Un jury composé de trois professionnels du cinéma et de la littérature sera chargé de désigner les deux meilleurs scénarios. «Ce concours souhaite contribuer à l’éclosion de nouveaux talents, comme il a été le cas avec la première édition, où nous rappelons que la lauréate Yasmine Chouikh dont le court métrage Djin a été sélectionné dans plusieurs festivals internationaux ou encore le gagnant de l’édition de 2011, Anis Djaâd qui vient de terminer le tournage de Le hublot, présenté par l’association comme la révélation du jeune cinéma pour l’année 2013», dit-il. L’autre but de ce concours consiste à relancer et à améliorer l’écriture cinématographique, parce que celle-ci connaît une crise, à défaut de formation professionnelle. Nombreux sont les réalisateurs qui déplorent la médiocrité des scénarios et tous préconisent la mise en place d’une branche spécialisée dans l’écriture de scénarios à l’Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l’audiovisuel (Ismas). La carence dans le scénario constitue l’une des raisons qui font que la production cinématographique dans notre pays n’ait pas pu faire de grands pas.
Y. I.